Le Messager,12/08/2008. La prison centrale de Yaoundé a été fouillée de fond en comble par les éléments de l'administration pénitentiaire et de la gendarmerie. Les raisons de cette perquisition restent floues.
Branle-bas bas à la prison centrale de Yaoundé. Les détenus de ce pénitencier ont reçu la visite inopinée de cinq éléments de la légion de gendarmerie du Centre. Aidés des gardiens de prison, ils ont passé les cellules de la prison de Kondengui au peigne fin sous la supervision de quelques autorités dont Jean Baptiste Bokam, secrétaire d'Etat à la défense, Emmanuel Ngafesson, secrétaire d'Etat à l'Administration pénitentiaire, Colonel Tchinda, le commandant des groupements de gendarmerie du Mfoundi... et le régisseur de la prison principale de Yaoundé, Endeng Zogo appelé en renfort.
" C'est une fouille périodique mixte ", indique un geôlier. Le butin de la fouille en question n'a rien à envier à la caverne d'Ali Baba. Stupéfiants, lames, couteaux, couverts de table transformés en armes blanches, des dizaines de téléphones portables, et des sommes d'argent dont le montant total s'élève à environ 4,582 millions de Fcfa. La législation en vigueur interdit aux détenus de posséder des sommes de plus de 20 milles francs Cfa. Mais deux détenus reconnus dans la prison comme des " commerçants " possédaient des sommes de 400 et 500 mille francs chacun, tandis que l'ex-ministre de la Santé publique a été surpris avec près de 68 000 Fcfa. Ses ex-confrères du gouvernement étaient dans les normes selon nos sources. D'autres sources révèlent qu'une balle réelle d'arme à feu a été trouvée dans l'un des quartiers du secteur dit " Kosovo ".
Jusqu'à 17h hier, le hall de la prison centrale était encore parsemé d'ordures et autres détritus extraits des cellules. Des gardiens de prison continuaient de fouiller dans le tas. " C'est aux environs de 10 h que la fouille a commencé ", affirme une source qui indique en outre que c'est au cours du rassemblement d'hier matin que la majorité de ses collègues et lui ont été informés. " Moi j'ai été surpris ", ajoute-t-elle. Mais la raison de la fouille reste taboue. Pour certains geôliers, le lien entre l'opération et la présence de plus en plus importante d'anciens hauts commis de l'Etat est " évidente ".
" Vous savez, on peut tout organiser à partir d'une prison. Si les gens peuvent téléphoner, c'est qu'ils ne sont plus en prison ", observe un officier supérieur de la gendarmerie. " C'est un contrôle de routine comme le prévoit le règlement ", assure un gardien de prison. Selon lui, la fréquence de ces perquisitions n'est pas observée pour des raisons d'insuffisance du personnel ; une centaine de gardiens de prison pour près de 4 600 détenus. Il croit savoir que ce type de contrôle va s'étendre à toutes les prisons du Cameroun dans un futur proche.