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8 septembre 1474| Naissance de L’Arioste | Éphéméride culturelle à rebours

Publié le 08 septembre 2022 par Angèle Paoli

Ludovico Ariosto.

                         Source: Ludovico Ariosto

Le 8 septembre 1474 naît à Reggio Emilia le poète Ludovico Ariosto.

Issu d’une famille noble mais peu argentée – son père Niccolò Ariosto est fonctionnaire auprès du Duc de Ferrare - Ludovico est l’aîné de dix enfants. Dès 1484, Ludovico se rend à Ferrare, ville renommée pour son université, afin d’y entreprendre des études de droit. Mais le jeune homme tourne très tôt le dos à la carrière juridique à laquelle il était promis et se consacre à la littérature et à la philosophie. Il se lie d’amitié avec l’humaniste et poète Pietro Bembo, de quatre ans son aîné. L’Arioste compose des poésies latines regroupées sous le titre de Carmina (1553). Son entrée à la cour des Este le pousse à s’intéresser à la poésie lyrique. Et à écrire ses poèmes en langue italienne.

L’Arioste est surtout connu pour l’œuvre majeure qu’est le grand poème chevaleresque du Roland Furieux (Orlando furioso). Écrite (à partir de 1505, remaniée pour l’édition de 1516 puis pour la seconde édition de 1521), intégralement composée en huitains (les « Stanze), l’œuvre est dédiée au cardinal Hippolite d’Este pour lequel l’Arioste accomplit de nombreux services diplomatiques. Mais il est aussi l’auteur de pièces de théâtre, des comédies telles que la Cassaria (1508) et I Suppositi (1509) dont il est le metteur en scène. D’autres comédies suivront, dans l’esprit de Plaute et de Térence.

Sa vie de courtisan fournira au poète tout le matériau nécessaire pour composer des Satires, publiées un an après sa mort survenue à Ferrare en 1553.

Satira III

[Vari appetiti degli uomini]

Non si adatta una sella o un basto solo

ad ogni dosso; ad un non par che l’abbia,
all’altro stringe e preme e gli dà duolo.

Mal può durar il rosignuolo in gabbia,
più vi sta il gardelino, e più il fanello;
la rondine in un dì vi mor di rabbia.

Chi brama onor di sprone o di capello,
serva re, duca, cardinale o papa;
io no, che poco curo questo e quello.

In casa mia mi sa meglio una rapa
ch’io cuoca, e cotta s’un stecco me inforco
e mondo, e spargo poi di acetto e sapa,

che all’altrui mensa tordo, starna o porco
selvaggio; e così sotto una vil coltre,
come di seta o d’oro, ben mi corco.

E più mi piace di posar le poltre
membra, che di vantarle che alli Sciti
sien state, agli Indi, alli Etiopi, et oltre.

Degli uomini son varii li appetiti:
a chi piace la chierca, a chi la spada,
a chi la patria, a chi li strani liti.

Chi vuole andare a torno, a torno vada :
vegga Inghelterra, Ongheria, Francia e Spagna;
a me piace abitar la mia contrada.

Visto ho Toscana, Lombardia, Romagna,
quel monte che divide e quel che serra
60Italia, e un mare e l’altro che la bagna.

Questo mi basta; il resto de la terra,
senza mai pagar l’oste, andrò cercando
con Ptolomeo, sia il mondo in pace o in guerra;

e tutto il mar, senza far voti quando
lampeggi il ciel, sicuro in su le carte
verrò, più che sui legni, volteggiando.


Satire III

[Chacun ses goûts]

Le même bât, la même selle à tous les dos
Ne vont pas bien : il semble à l’un qu’il n’en a pas,
À un autre, ils font mal, le serrent et l’oppressent.

Le rossignol ne peut rester longtemps en cage,
Plus le chardonneret, beaucoup plus la linotte ;
Mais l’hirondelle en un seul jour y meurt de rage.

D’un roi, duc, pape ou cardinal certains attendent
La dignité de l’éperon ou du chapeau ;
Moi non, à qui peu chaut autant l’une que l’autre.

Chez moi, je trouve un meilleur goût à une rave,
Que je fais cuire et, cuite, enfile sur la broche,
Epluche et couvre après de vinaigre et de moût,

Qu’à la table d’autrui grive, perdrix ou porc
Sauvage ; et sous la plus humble des couvertures,
Je me couche aussi bien que sous la soie ou l’or.

Et j’aime davantage à reposer mes membres
Paresseux qu’à tirer gloire qu’ils soient allés
En Inde, Éthiopie, Scythie et au-delà.

Ils sont fort variés les appétits des hommes :
L’un aime la tonsure et cet autre l’épée,
L’un les bords étrangers et l’autre la patrie.

Qui veut courir le monde, aille donc le courir :
Qu’il voie Hongrie, Angleterre, France et Espagne ;
Pour moi j’aime habiter toujours dans ma contrée.

J’ai vu et Lombardie et Toscane et Romagne,
Et le mont qui partage et celui qui enserre
L’Italie, une mer et l’autre qui la baignent.

Tout cela me suffit ; le reste de la terre,
Je l’irai parcourant, sans jamais payer d’hôte,
Dans la guerre ou la paix, avec mon Ptolémée ;

Et par toute la mer, sans prononcer de vœux
Quand l’éclair brille au ciel, plus sûr avec les cartes
Qu’avec un grand vaisseau, je partirai voguer.

ANTHOLOGIE

L’Arioste, Satires, Traduction d’André Rochon, Anthologie bilingue de la poésie italienne, Préface par Danielle Boillet et Marziano Guglielminetti, Édition établie sous la direction de Danielle Boillet, avec la collaboration de Giovanni Clerico, José Guidi, Maurice Javion, François Livi, Laura Nay, Claude Perrus et André Rochon. Éditions Gallimard, 1994, pp. 654, 655, 656, 657.


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