avec parfois des fleurs et des feuillages qui
sont comme déjà dans la raideur séchée
d'un vieil herbier ou bien dans la matière
plus douce des tapisseries laineuses ; par
exemple au premier plan cette bouillée de
fenouil que je saurai difficilement décrire :
un ensemble de tiges hautes avec à leur
extrémité moins verte l'ombelle plat de
leur floraison encore d'une couleur
d'herbe : dessus mais souvent comme
dedans il y a le mouvement va-et-vient fin
des guêpes et les taches lentes d'une sorte
de punaise à rayures rouges et noires :
un véritable monde agricole sans compter
les prolongements ( qualités et saveurs que
le fenouil peut donner ) repas et tisanes
qui rassemblent un peu le paysage vu en
marge de la touffe dont je parle jusque
dans la construction en grands blocs
pierreux de cette maison qui regarde les
collines avec dans l'eau de ses chambres
pavées de briques représentant des tuyaux
qu'on voit mal a priori quel rapport ils
pourraient entretenir avec la finesse
herbacée ou l'odeur du fenouil.
(Tuyau ça fait des plis (dessous le charbon
rouge) où bat le cœur pendant le ronronne-
ment du poêle à l'école on apprend quoi
geste avec les grands ça réchauffe ( chemise
un peu défaite) sous les pupitres ?)
(La comparaison qu'on peut faire entre un
tuyau et un cœur ça peut sembler saugrenu
quand même si on dit ce que contient le mot
cœur : une joue rouge un peu, l'impression
qu'un sourire c'est comme une obscénité
permise, avec surtout les vêtements comme
(caleçon, linges) quand l'étoffe ça tire - le
cœur pas bien comme un tuyau mais quand
même ça fait plaisir quand même que c'est
mal dit.)
James Sacré, " Comme un tuyau (avec un paysage en regard) 1993 ",
À des dessins d'Yvon Vey en sa maison d'Avejan in Une rencontre continuée,
" Mais comment s'y prendre avec des épines ? "
Le Castor Astral Poche/Poésie 2022, pp.44, 45, 46, 47