L'umido grillo canta nel Friuli.
E quel sospiro scuote
senza pietà un passato
vano, come un lamento immenso, contro
i morti monti.
Ecco perduta, ultimo segnale
di un tempo spento, l'orlo d'una nube
impallidisce a un razzo vano, errante...
(Non si attende più nulla ? S'è fermata,
l'ombre sopra il secolo ? E ne ha spento
gli sguardi famigliari ?... Grideremo
ancora in tempo
Io non so più parlare ?) Incanutisce
il capo del ragazzo che fischiando
rincasa, e cupo gli scolora
il viso imberbe, mentre accende il lume,
antichissimo gesto dei suoi morti.
Le grillon en pleurs chante dans le Frioul.
Et sans pitié
ce soupir émeut un passé
vain, plainte infinie contre
les monts inanimés.
Echo perdu, signe ultime
d'un temps disparu, l'ourlet d'un nuage
qu'un vain rayon pâlît, errant...
(On n'attend plus rien ? Immobile,
l'ombre sur le siècle ? Elle en a éteint
les regards familiers ?... Nous crierons
encore à temps
Je ne sais plus parler ?) Vieilli
le visage du garçon qui rentre à la maison
en sifflotant, assombries
ses joues imberbes, tandis qu'il allume la lampe,
vieux geste de ses ancêtres.
Pier Paolo Pasolini, " Europa " in Je suis vivant, Traduit de l'italien par Olivier Apert et Ivan Messac, Postface de Leonardo Sciascia, NOUS, 2022, pp. 52,53.