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Un jour après l'autre

Publié le 18 octobre 2022 par Jlk
Un jour après l'autre (Le Temps accordé, Lectures du monde 2021) DÉSARROI. - Je me trouve à l'instant dans mon antre de la ruelle du Lac, songeant à la vie que nous allons mener ces prochains temps, combien incertaine. Dans l'immédiat, à côté de mes devoirs d'accompagnant auprès de Lady L., je vais m'efforcer de préparer la publication des livres que j'ai actuellement en chantier, de telle sorte que je puisse les soumettre à un éditeur ou, en cas de disparition, afin de permettre à mes exécutrices testamentaires de s'y employer. Nous vivons ces jours dans l'anxiété, et il est probable que nous vivrons ces semaines et ces mois prochain des temps difficiles marquée par l'épreuve. Du moins les affronterons- nous ensemble, un jour après l'autre selon son expression ... (28 mai 2021)

À propos de l'atelier de la ruelle du Lac, à Vevey où je me trouve à l'instant je me disais qu'il serait bon ces prochains temps d'en faire un lieu de travail mieux approprié qu'il ne l'est aujourd'hui, notamment à la peinture.

Aussi, j'aimerais classer les quelque 3000 livres qui se trouvent en ce lieu de manière plus ordonnée avec, d'une part, l'ensemble des essais, d'autre part la paroi des romans anglo-américains et diverses collections, comme celle du Dilettante et les milliers d'exemplaires de la Blanche de Gallimard, sans oublier les rayons dévolus aux journaux intimes dont je possède deux ou trois centaines.

Je vais achever, entre aujourd'hui et demain, la série de mes Pensées de l'aube comptant 50 séquences pour aborder ensuite mes Pensées en chemin qui en compteront 50 autres. Ensuite, le troisième élément du triptyque comptera 50 derniers numéros et j'intitulerai l'ensemble Prends garde à la douceur des choses.

Dans le virage il y a là-bas,

Dans l'ombre on l'entend murmurer

tantôt triste et tantôt plus gaies

qui m'évoquent ton nom...

Dans le secret de cette onde claire,

s'entend de loin tant que de près,

Je me trouve là à la corne du bois près d'un aguet de sangliers qui domine un vaste champ d'herbes ou ces bêtes-là doivent s'en donner à cœur joie à leurs heures, et de l'autre côté, plus haut, au loin vers le nord je vois s'élever les pentes boisées et dominées par les deux pointes des Rochers de Naye et par la dent de Jaman, plus loin encore par l'arête des Verreaux...

À l'approche de la zone des cabanons aux noms ne cessant de me réjouir (Le Panama, Brin d'herbe ou Le calumet), un buisson d'aubépines me rappelle les rives de la Vivonne à Combray, alors que c'est à la Raspelière que je me trouvais tout à l'heure, roulant entre Montreux et Noville, en écoutant Guillaume Gallienne me lire l'épisode de la préparation du grand dîner chez les Verdurin, dans cette partie de Sodome et Gomorrhe où Charlus débarque avec Morel qu'il chambre et chaperonne...

J'ai marché jusqu'à la plage dite de l'Empereur dont j'ignore l'origine de l'appellation, d'où la vue s'étend jusqu'aux pentes embrumées de Lausanne où se distingue le sombre quadrilatère du CHUV, et du coup j'en reviens à nos grands soucis de ces jours et à cet éternel et banal scandale de la maladie et de la mort dont, la plupart du temps, nous nous dissimulons la proximité et les révélations, pour reprendre l'expression du livre que je préfère de Léon Chestov, retrouvé une fois de plus ces derniers temps et dont les phrases limpides aux résonances si graves et douces me font tant de bien.

Ce mercredi 2 juin. -Je me rappellerai l'angoisse de ce matin, le tremblement de sa voix quand nous nous sommes parlés, mon émotion et la sienne lorsque nous nous sommes promis de nous donner des nouvelles après l'intervention qu'elle doit subir ce matin pour lui rendre le souffle. Nous savons ce qui l'attend, ce qui nous attend, nous savons que l'espoir de la survie est mince, limité à quelques moi sauf à parler de miracle, mais c'est au seul miracle que nous nous remettons - tel est notre espoir de ce jour et pour les jours qui viennent...

Un jour après l'autre

Ce jeudi 3 juin.- J'ai repris hier soir au hasard la lecture des Passions partagées pour tomber précisément sur l'évocation des dernières semaines de la vie de mon père jusqu'à son dernier jour en mars 1983. Je me rends compte à cette lecture que ces carnets, sous-titrés Lectures du monde, constituent la ligne principale de mon travail littéraire, et je vais donc poursuivre la rédaction du septième volume intitulé le Temps accordé. Parallèlement à ce travail je vais reprendre mon roman et l'achever ses prochaines semaines, je vais mettre au point les deux recueil de poèmes de La chambre de l'enfant et du Chemin sur la mer, et je poursuis tous les jours la composition des pensées du triptyque de intitulé Prends garde à la douceur des choses. Bref, je dois m'efforcer de ne plus perdre de temps - je me comprends , et de me concentrer sur tout ce qui se rapporte à la seule Chose.

Toute notion de projet, dans ces circonstances, devient sujet à caution, tout est comme suspendu mais on a déjà vécu cela mondialement pendant une année à l'ensiegne de la pandémie, avec cette incertitude constante et notre façon de " faire avec "

JLK Jean-Louis Kuffer, né à Lausanne en 1947, a... Lire la suite

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