Ressuscité par ton souffle,
mon cœur connaît une
fièvre à rendre jaloux les
feuillages des arbres, comme
si le temps n'était qu'une
brûlure de l'âme.
La pluie et la lumière se
battent comme des enfants
dans le ciel, et leurs épées
parfois heurtent ma fenêtre.
Ils veulent bien de ton
ciel, mais pas de tes éclairs.
moi je ne suis pas comme
eux : j'adore tes menaces.
Et que nos cœurs chaque
jour s'ouvrent à la fraîcheur
et à l'éclat des coquelicots.
À ces fragiles taches
rouges, à ces larmes de vie
que personne ne provoque
et qui viennent pourtant,
imprévisibles, au beau milieu
des champs, au beau milieu
des jours, de nos jours...
La mort nous purifie.
Quand nous mourons, tout
le mal que nous avons fait
s'évapore comme une buée.
Apparaissent alors toutes
les nervures de notre pauvre
vie, aussi clairement qu'une
feuille d'arbre traversée par
la lumière du soleil...
La mort, qui est du
temps, ne peut pas toucher
quelque chose qui n'est pas
du temps. Éternité des coquelicots...
Christian Bobin, Le Christ aux coquelicots, Éditions Lettres Vives 2002, Campu Magnu- 20213 Castellare -di -Casinca