<<Poésie d'un jour
" les arbres d’ici me
saluent dans leur langue "
Ph.: GAdC
L’exil est une terre sans pardon. Aujourd’hui
encore, je compte mes doigts en me demandant
si leur nombre m’appartient.
Les feuilles se donnent à d’autres feuilles, les
fleurs à d’autres fleurs, les femmes à tout le
reste.
Qui prendra soin de nous, sinon nous- mêmes ?
Je me souviens de mon arbre fort et fier de
respirer avec moi. Je n’ai pas appris sa patience.
Il me faudrait davantage de bleu dans la
bouche. Davantage de chants dans l’oreille,
davantage de lait sur ma peau. Davantage de
peau sur mes os.
Plumes, vent, poussière, les arbres d’ici me
saluent dans leur langue. Leur liberté m’a appris
à respirer. Je reprends souffle dans la leur.
Le mien, ma mère l’avait planté le jour de son
dernier lait. J’ai chanté sans son ombre, grandi
dans ses feuilles. Si la vie est un arbre, sa
lumière sera mon talisman.
Marilyse Leroux, Les mains bleues, Rhubarbe, 2022, pp.36, 37.
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MARILYSE LEROUX
■ Marilyse Leroux
sur Terres de femmes ▼
[Autour de nous le mouvant devient cercles] (extrait d’Ancrés)
→ Le Sein de la terre (lecture d’AP)
→ [Une goutte est la mer] (extrait du Temps d’ici)
→ (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) [Tu ouvres une brèche]
→Nés arbres, éditions L’Ail des ours, Collection Grand ours n°1, 2019,
→Une île, presque, Interventions à haute voix, M.J.C de la Vallée, 92370 Chaville, 2021
■ Voir aussi ▼
→ (sur Terre à ciel) une page consacrée à Marilyse Leroux
→ le site de Thierry Tuffigo