<<Poésie d'un jour
Peu brume
Des saisons éparpillées sur la route,
où ploient les branches
des pommiers du verger,
donnent aux feuilles les couleurs d’un Monet,
laissent glisser le mistral
entre les givres du talus,
rendent aux fleurs une frêle existence ;
des saisons se diluent
avec la même douceur fragile
d’une matinée brumeuse
au bord de l’Atlantique
qui dévoile peu à peu
les crêtes des vagues
et, loin du bout de nos doigts,
l’ombre impénétrable
d’une île recluse pour ce qu’il reste
d’éternité.
Labeurs
Et j’ouvre un cahier comme on
creuse un sillon dans un jardin
potager, puis j’y sème des
lettres ; j’y plante des mots et
vais m’assoir un peu plus loin dans
l’espoir que tout pousse malgré
l’inquiétude de n’être pas
tout à fait certain d’avoir
choisi le meilleur terrain pour
que la récolte soit bonne.
Jean-Louis Massot, Opuscules poétiques 1995-1998, Couverture Gérard Sendrey, Gros Textes 2022, pp. 9 et 92