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Fabrice Caravaca | Les antennes

Publié le 28 janvier 2023 par Angèle Paoli
Fabrice Caravaca | Les antennes Des oiseaux de Gaëlle Maas / Source

Le jour n'a plus de limites. Il s'étend à l'infini et brille sous les rayons
des soleils qui entourent la planète depuis les cercles éloignés des
galaxies prochaines. Des fenêtres, des portes sont restées ouvertes.
Les oiseaux noirs ont fini par s'installer dans les bâtiments. Ils en
ont fait la visite pour choisir ceux qui conviendraient le mieux à
leur nouvelle vie. Les oiseaux noirs savent encore émettre des sons
et inventer de nouvelles formes de nourriture. Se maintenir en
vie n'est pas ce qu'il y a de plus simple. Les oiseaux malgré tout
ne restent pas indifférents aux plaintes de leurs congénères. Ils
ont appris à s'entraider et à partager les nouvelles idées qui leur
permettent de continuer à vivre. Ils savent se reposer et diviser les
tâches qu'ils ont à accomplir. Du bec, ils savent aussi prodiguer
des caresses. Ils se sont inventé une nuit qu'ils peuvent célébrer
dans leur sommeil quand ils le souhaitent. Les oiseaux sont noirs
comme tout ce qui a brûlé.

Un arbre. Sur ses branches immobiles, deux oiseaux noirs. Ils
regardent l'instant et leurs reflets dans les vitres de l'immeuble
en ruines d'en face. Plus rien ne bouge. La planète cesse de
respirer. Puis tout reprend. Depuis le cœur de l'arbre la sève
circule et remonte. Les oiseaux sautillent. Ils apprécient leurs
légers mouvements dans les vitres de l'immeuble. Les oiseaux sont
attentifs à toutes ces choses qui n'adviendront pas.

La longue marche des arbres qui peuplent encore la planète.
Arbres transformés. Nouveautés d'arbres capables de se régénérer
eux-mêmes. Grande respiration de la forêt qui se nourrit de toute
cette lumière et de ce froid et qui bientôt bouleverse l'atmosphère.
Beauté sans faille des ruines investies par les arbres. Le silence en
colère s'adoucit au murmure récent qui vient de la forêt. Encore
des formes de beauté. Et les battements d'âme de la planète qui se
fait plus légère et apaise cette fièvre des temps révolus.

Fabrice Caravaca | Les antennes

Fabrice Caravaca, Les antennes, Illustration de la couverture Gaëlle Maas, → 2022, pp.21, 48, 65.


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