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1945 - Les savants allemands

Publié le 09 mars 2023 par Perceval

1945 - Les savants allemands

Un jour, à Baden-Baden, Lancelot reçoit une carte signée K.M., dont le verso est une reproduction de la carte XVII, l'Étoile. Cette fois-ci, c'est avec joie, qu'il retrouve cet assistant de Gentner qui avait dû rentrer dans la clandestinité, alors que son patron était rappelé en Allemagne, parce que trop proche des français. Wolfgang Gentner, depuis 1941, travaillait à l'Université de Heidelberg ; pour achever la construction du cyclotron de Heidelberg, inauguré finalement le 2 juin 1944.

Kurt M. fait part à Lancelot du désir de Gentner, fixé à Heidelberg en zone d'occupation américaine, de rejoindre la zone française.

Lancelot profite du désordre de l'appareil administratif, pour imposer dans le recrutement du personnel scientifique, la candidature de Gentner sur un poste d'enseignant à l'institut de physique de Freiburg, entièrement détruit d'ailleurs, et qu'il faut donc reconstruire.

Cet objectif facilement réalisé ; K.M. revient à la signification de sa carte du tarot. '' L'Etoile '' est l'annonce d'un temps nouveau ; elle évoque Perceval qui, face au Graal, commence à se révéler. La quête a été laborieuse, déroutante ; et si même le château, au matin, s'avère vide ; Perceval a peut-être acquis la sagesse nécessaire pour accéder à nouveau au château du Graal. Dans l'actualité de notre contexte, l'Etoile évoque un nouveau défi, la conquête spatiale.

A côté de la science de l'atome, qui agite beaucoup les esprits, à raison ; un autre chantier mériterait d'être développé, l'aéronautique ... K.M. en est persuadé et nous fournit alors de nombreux renseignements sur la station d' Ober-Raderach située près du Lac de Constance et de Friedrischshafen ; et sur les installations de Nordhausen, non loin de Gottingen. Grâce à nos services de renseignements, nous avons pu doubler les américains sur leur propre terrain, ainsi à l'hôtel Wittelsbacher Hof de Bad Kissingen où sont retenus plus de 120 spécialistes allemands avec leurs familles, gardés par des militaires américains; nous avons pu en convaincre quelques uns de nous rejoindre !

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Photographie extraite du rapport de la mission Moureu " Sur la station expérimentale de contrôle et de réception des "V2" de Ober-Raderach ", (c) Cnes, fonds Barré

Lancelot prévient aussitôt, Henri Moureu (1899-1978) : ce savant alors collaborateur de Joliot qui a mis en sûreté l'eau lourde jusqu'à Bordeaux, avant que le produit soit acheminé en Angleterre ( 1940 - La guerre et l'énergie nucléaire ( l'eau lourde) - Les légendes du Graal (over-blog.net)). En lien avec la résistance, Moureu a analysé les V2 tombés au nord de Paris, pour informer les alliés des armes ''secrètes'' employées par les allemands. Le missile V2 - tombé sur Paris en septembre 44 - avait mis 4 minutes pour effectuer un vol 320 kms. Plus de 1500 V2 sont tombés sur Londres, volant à 5500km/h, ils étaient équipés d' un moteur à turbo pompes de 25 tonnes de poussée, ce qui pour une fusée de 12 tonnes permettrait de gagner 80 km d' altitude.

Moureu obtiendra les autorisations nécessaires, notamment de la part des américains, pour visiter les installations, ramener du matériel en France et procéder à des essais sur site avec des prisonniers allemands. Les français vont ainsi récupérer de nombreux savants et ingénieurs, avec l'objectif de parier sur des recherches spatiales.

Les installations de la station d'étalonnage des tuyères de fusées V2 d'Ober-Raderach, vont être démontées, entre 1947 et 48 puis transférées au LRBA (Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques) de Vernon où elles seront utilisées dans le cadre des premières recherches françaises en matière de moteurs de fusées. Le LRBA de Vernon, créé en mai 1946, travaillera au projet de la fusée Véronique.

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V2

Lancelot, lance le fichage systématiques des savants allemands avant leur recrutement. Il s'agit de connaître leurs travaux, et leur action pendant la guerre. Nombreux sont les scientifiques allemands qui offrent leur service. Plusieurs milliers vont être recrutés. Heinz Bringer, Hermann Oestrich, Eugène Sanger, Irène Bredt, Friedrich Nallinger parmi les plus connus permettront de développer les programmes : fusée Ariane (réacteurs), chasseurs Mystère ou Mirage III, missiles SS-10...

A Vernon, ce sera une soixantaine de spécialistes allemands des V2 - dont le directeur ingénieur Otto Müller, expert en guidage et Heinz Bringer (1908-1999), spécialiste de la propulsion qui inventera le moteur Viking des Ariane), Helmut Habermann et Otto Kraehe qui travaillaient sur la base secrète de Peenemünde, en mer Baltique, aux recherches de Wernher von Braun - qui vont directement participer à la mise au point des premiers missiles français.

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A son retour en France, Lancelot se lance dans la recherche d'un lieu où installer un premier groupe d'une trentaine d'ingénieurs allemands pour travailler sur les technologies spatiales. Les anciens Ateliers Edgar Brandt offrent un terrain militaire situé sur le plateau à l'écart et au-dessus de la ville de Vernon ( Eure). C'est là que s'installe le Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques '' LRBA '', qui vient ainsi d'être créé. On travaille alors sur de ''supers V2'' d'une portée de 3600 km, avec une charge utile de 1000 kg.

Ces cerveaux allemands, au service de l'ennemi, travaillent désormais pour la France. Cependant, les premières années, des femmes de ménage sarroises bilingues, avaient mission de consigner tout signe de trahison ou de désertion.

Lancelot a l'opportunité de revoir Jean Painlevé; il suivait - avant la guerre - ses conférences, et surtout ses films qu'il présentait au palais de la Découverte ( La quatrième dimension), ou lors d'une soirée où il vit ''Voyage dans le ciel '' (1936).

Jean Painlevé (1902-1989) est le fils de Paul Painlevé ( mathématicien et homme politique), sa mère est morte à sa naissance. Je rappelle que Paul Painlevé était le ''grand'' ami de la mère de Lancelot. Jean fut pionnier en ce qui concerne le cinéma scientifique. Il n'aime pas les spécialistes ( professeur, chercheur...) et préfère la recherche, et l'enseignement par une intelligente vulgarisation ; il s'agit dit-il '' d'honorer le savoir ''.

À la Libération, il est nommé directeur général de la Cinématographie française ; poste qui ne lui convient pas. Il préfère retourner à ses expériences cinématographiques. En 1945, il présente ''Solutions françaises'' un film qui devait être prêt pour 1939, mais qu'il a refusé de montrer pendant l'occupation. Sur une musique de Duke Ellington, il vante les invention des chercheurs français comme Louis Lumière, Paul Langevin, Joliot-Curie...

Dans son '' Voyage dans le ciel '', Jean Painlevé simulait un voyage depuis la Terre jusqu'à la périphérie de la voire lactée. Le film commence par une présentation de la méthode de mesure des distances par triangulation. Puis le voyage débute, de la Terre à la Lune, puis Mars, Saturne, enfin à la limite de notre univers. Le film montre des paysages imaginés (à l'aide de maquettes, d'animations) et formule des hypothèses sur d'autres univers lointains. Il nous fait découvrir quelques lois fondamentales de l'Univers et se termine par des questions philosophiques sur la place de la planète Terre.

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Nous profitons alors de quelques notes, sur une séance d'exposé-débat sur un sujet scientifique, qui vont se poursuivre sur le thème de l'aéronautique spatiale.

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Lancelot remarque à la lecture du Figaro de ce jour ( 14 Nov 1945) que la fusée ( de type V-2 allemand) n'est évoquée que dans le contexte de la guerre, contre des avions, ou assurant le transport de bombes. A partir des réflexions des ingénieurs allemands rencontrés, Lancelot se fait vite à l'idée qu'à côté des recherches sur l'énergie atomique, se profile la course de l'aéronautique spatiale. Et, il s'agit là d'une quête, car à son propos, les termes utilisés par les savants, ou de ceux qui simplement s'y intéressent, sont de l'ordre de la '' conquête spatiale'' ou de '' l'aventure humaine des temps modernes '', et de ''vieux rêve de l'humanité ''. Lors d'une discussion un peu plus intime, cette aventure peut s'apparenter à une quête spirituelle, qui permettrait de répondre aux questions fondamentales de l'origine et de la nature de l'humanité.

Beaucoup d'entre nous, ont lu les ouvrages de Jules Verne - notamment De la Terre à la Lune (1865) et Autour de la Lune (1870) - qui avaient la particularité d'être scientifiquement plausibles ; le vol spatial était possible, et aujourd'hui il nous semble à notre portée.

Une fusée, doit s'élever, donc s'opposer à la gravité ; mais cette attraction diminue en prenant de l'altitude. Si le travail nécessaire à l'élévation d'une masse d'un kilogramme à la hauteur d'un mètre, est le Kg/m ; à 3.000 kilomètres d'altitude, il ne faudra plus que 0,462 kg/m pour gagner 1 mètre.

Pour s'élever en altitude, l'avion à hélice - ayant besoin d'atmosphère - ne convient pas pour les hautes altitudes. L'obus ou le moteur à réaction conviennent, le premier demande une vitesse initiale impossible à réaliser et le second a l'inconvénient de transporter son carburant. On pourrait envisager un V2 qui consommerait la très grande partie de son carburant en quelques minutes, un V2 animé d'une grande accélération. S'il atteignait 3200kms au bout de 10 minutes, il devrait obtenir la vitesse de 11,3 km/m nécessaire pour sortir de l'attraction terrestre. On parle aussi de fusée de type ''gigogne'', c'est à dire plusieurs fusées disposées les unes sur les autres, très coûteux et peu pratique...

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La question, posée par Geneviève, qui va occuper les esprits ce soir là, est sur la qualité de la force qui propulse la fusée.

La réponse est : C'est la Réaction qui permet la propulsion ; et surtout, il faut bien comprendre que la pression du moteur ne "s'appuie" pas sur quelque chose dans ce phénomène, ( ni sur la terre, ni sur l'air...) : phénomène que l'on nomme action/réaction, selon la 3e loi de Newton sur le mouvement (toute action produit une réaction opposée).

On peut dire que la fusée s'appuie sur l'inertie ou la masse des particules qu'elle éjecte. Ainsi, les forces exercées par la fusée sur le gaz éjecté sont égales aux forces exercées par le gaz sur la fusée.

La propulsion à réaction marche un peu mieux dans l'espace, hors atmosphère.


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