Le matin, avant même de me lever, je me sens capable de tout.
Je vois grand, je vois beaucoup.
Tout me tente.
Ces jours-ci, comme c’est encore l’hiver, ce sont surtout des activités à l’intérieur qui m’attirent. Ça tourne autour de la recherche sur ordinateur.
Je prépare des escapades à Cape Cod et dans le Rhode Island, le tour de l’Abitibi Témiscamingue. Je cherche quoi faire, où coucher. Je prends des notes manuscrites. J’adore toujours écrire à la main dans des cahiers.
J’ai des cahiers pour la généalogie, les voyages, mon journal. D’ailleurs que ferai-je de tous ces cahiers? Je les jette? Qui pourrait bien les lire, je ne les relis pas moi-même?
Je croyais en avoir fini de ce livre, je voulais le donner au Musée des Sœurs Sainte-Croix, mais je ne parvenais pas à les joindre. Jusqu’à la semaine dernière.
J’étais toute enthousiaste en recevant leur courriel. J’avais même pris rendez-vous.
Et me voilà prise d’un doute. D’un questionnement comme moi seule sait y faire :
Est-ce que je fais bien? Suis-prête à y renoncer? Est-ce le meilleur endroit? Ne serait-il pas mieux dans une société de généalogie? Qu’adviendra-t-il? Servira-t-il à quelqu’un? Contient-il de si précieux renseignements? Et les droits de consultation? Et les droits d’auteurs? N’importe qui pourra publier les photos, réécrire les pages sans mentionner la source?
C’est comme laisser aller le fruit d’un travail ou un peu donner au suivant. Mais aussi peut-être le regretter si j’éprouve un jour le besoin de trouver des info que je sais n’être que dans ce livre.
C’est comme nos sites Internet, que deviennent-ils après notre mort?
Le site Internet de Gilles Deguire, www.mesancetres.ca, est encore sur le Web. Si précieux pour qui cherche des informations sur les Deguire. Comment savoir combien de temps encore?
D’une idée à l’autre, je me demande si, à partir des informations contenues dans le « Livre bleu » je ne devrais pas écrire une monographie sur MES Deguire. Même que dans ma fébrilité du matin, je pense même des monographies, au pluriel. Sur les Deguire, les Falstrault, les Nantel, les Lamarche. Mais je retombe les pieds sur terre. Le peu d’informations que j’ai sur ces derniers patronymes est déjà tout sur mon site Internet. Que pourrais-je en dire de plus?
Toujours contribuer à une certaine pérennité. De ma vie, par une trace. Sans en juger l’utilité ou l’importance.
Après tout, je fus très heureuse de trouver la monographie des Lynch à la Société canadienne-française. Société intéressée elle aussi à acquérir le livre de mon aïeule.
Re-doute, re-questions. Suis-je prête à le laisser aller?
Avant de prendre une décision, j’ouvre à nouveau le livre bleu. Précautionneusement, délicatement. Après tout le livre a plus de cent ans. Sera-t-il numérisé? Comment le contenu sera-t-il sauvegardé?
Plusieurs de ces photos sont déjà sur mon site >>>.
Je relis encore quelques lignes de cette « Biographie de Papa & Maman » écrite en 1915 par Annie Deguire, alors sœur Marie de Saint-Philéas. Adolescente, je pleurais chaque fois en lisant cette histoire d’orphelins.
Retour à la case monographie écrite. Et si je transcrivais cette histoire?
Et comme chaque matin, l’esprit s’essouffle, la fébrilité s’apaise.
Aujourd’hui, je m’habille en mou, je ne sors pas, j’écris.