<< Poésie d'un jour
" errante encore et pour l’éternité" Ph:G.AdC
Errante éternité
Flux et reflux
Ressacs
Je ressasse le vide et je cherche l’espace
à remplir d’étincelles,
à cribler de musiques sauvages,
à ployer sous le chant des pierres vives
et de lys
Reflux
Ressac
Le vent s’égare dans les mâts et les voiles
Et toi, je te regarde encore,
ô déjà consumée,
dans ce lieu sans visages
au-delà de toutes les rives
vers ces frontières noires où je dérive
Pourtant
Rêvant encore
J’explore un temps sans désespoirs
L’aurore est un voyage où je veux tenter l’impossible
et le délire
et l’éphémère
Cascades fracassées
Rafales de mémoire
Le souffle qui t’efface brûle comme un miroir
Et dans ces déchirants soleils au goût de pierre
et de décombres
l’ombre gagne
Il n’est peut-être pas de port
Reflux
Ressac
Errante éternité
Me voici maintenant laissée sur ce rivage,
avec ma terre à vif
avec tous mes feuillages
et mes écorces érodées
Tumulte en moi de l’absence et du vent
Fleurs de cendre
Je nie les souvenirs et nos yeux d’insomnie
Je nie
Mais le silence fou des carrefours perdus
Reflux
À la croix des possibles
on trébuchait dans l’incendie de vivre
et c’était jour d’extase et déferlement d’aube
et mélodie des cimes
Puis il fallut comprendre
que le temps a ses haines
et ses ensablements
Le désert gagne
Toujours
Et toi,
délivrée, démunie,
errante encore et pour l’éternité,
tu n’as pas retrouvé les chemins de la vie.
Colette Gibelin, On ne s’habitue pas, Cahiers du Loup bleu, Les Lieux-Dits 2022, Dessin, Anne Slacik.