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De l'indignation collective

Publié le 15 mai 2023 par Sophiebib

 Hé oui, je reprends le clavier, provisoirement pour verbaliser quelque chose qui m''agace.

Il tourne sur les réseaux sociaux, un post d'un certain Jacky Jones Bailly, signé "nous tous". Le sieur s'insurge de l'automatisation des caisses dans certains magasins, de devoir faire le travail d'une hôtesse de caisse et d'être contrôlé ! (le choix du terme féminin, pour hôtesse, est délibéré afin de rappeler ce métier majoritairement féminin souvent conditionné par un salaire de misère lié à des temps partiels). Ce post est repris avec des "comment ne pas être d'accord ?" par des gens que j'apprécie mais aussi par des bibliothécaires, d'où ma réaction.

Ma petite voix intérieure, la pénible, me dit mais va-s-y dis-le toi que tu n'es pas d'accord !

Alors oui, je ne suis pas d'accord ! 

Je pense que ce monsieur ne doit pas bien connaître ce métier, moi non plus mais je me documente.  J'imagine aussi que toutes les personnes qui sont d'accord, n'ont jamais commandé chez Amazon, ni Uber eats, ou sur des sites asiatiques et continuent d'aller chez leur commerçant locaux afin de les faire vivre et d'éviter cette automatisation anti-chambre d'une disparition annoncée ? 

Parce que hôtesse de caisse, c'est un métier plaisir, un métier sans aucun TMS (Troubles musculo squelettiques), un métier ou l'on est ravies, quand on ne se fait pas insulter par les clients, de se faire humilier, traiter comme une moins que rien ? (oui il y a des exceptions, mais qui restent... des exceptions)

Dans le post, arrive le couplet habituel : on supprime des emplois, comment vont-elles faire ces pauvres femmes pour nourrir leur famille ? Sans s''inquiéter de continuer à entretenir une précarité dont elles n'arrivent pas à se sortir ? 

Doit-on mettre sous perfusion un métier en voie de disparition sous prétexte qu'il donne un travail, un salaire de misère ? Ne devrait-on pas plutôt s'occuper de former, d'accompagner ? 

On voit bien comment la mobilisation générale a permis d'éviter aux allumeurs de réverbère, à la dame du téléphone, au poinçonneur des lilas,  de disparaître !

Suis-je sensible au sujet parce que ma bibliothèque va prochainement s'équiper d'automates de prêt et que je m'attends à ce type de réactions ? Peut-être, mais surtout parce que ces offuscations bien pensantes m'énervent au plus haut point, en vrai les gens s'en fichent et auront oublié demain.

Je reviens sur les TMS, l'auteur de l'article est gêné de devoir faire le travail d'une caissière, il manipule une fois ses achats, la caissière elle manipule autant de fois que de clients, mettez-vous un peu à sa place et imaginez sa fin de journée ! (Moi j'ai ma tendinite qui s'est réveillée depuis que je suis revenue au prêt manuel et je suis très loin d'avoir le rendement d'une hôtesse de caisse)

Un autre argument la déshumanisation ! ouais bah si l'humanité c'est de se faire servir par un être humain, C'est très très moyen comme objectif sociétal. 

Les gens s'imaginent que l'humanité à la caisse est sereine détendue, prête à entamer un débat sur la platitude de la terre, qu'elle va rire à leurs blagues douteuses, alors que le code-barre du paquet de yoghourts ne passent pas et qu'elle va prendre du retard sur le nombre d'articles scannés par minute ?

Mon empathie me fait dire qu'en réalité, l'auteur du post a peur,  peur de ces nouvelles pratiques, peur de ce monde qui change et que lui aussi a besoin d'accompagnement ! 

PS : moi aussi j'avais peur que mon métier ne disparaisse, mais heureusement ChatGPT a dit qu'il ne pourrait pas nous remplacer ;-)


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