A part Luc, les évangélistes n'ont pas accordé à Marie, une place importante.
Depuis 418, le patriarche de Constantinople, Nestorius, refuse d'appeler la Vierge Marie "Mère de Dieu" ; ce qui reviendrait à nier l'union des deux natures, humaine et divine, dans le Christ. Aussi, le Concile d'Ephèse en 431, déclare Marie " Mère de Dieu ". Cette pleine foi en le mystère de l'incarnation, place l'avènement du culte marial. L'événement de l'Assomption n'apparaît que dans des écrits apocryphes. Saint Éphrem en 373, évoque le fait que le corps de Marie soit resté sain après son décès protégé de "l'impureté" de la mort. Des manuscrits de la fin du VIe siècle nous parle de commémorations liturgiques de la Mère de Dieu. Une fête est célébrée en Orient depuis le VIe siècle sous l'appellation de Dormition de Marie.
C'est surtout au XIIe siècle, avec l'appellation de '' Notre Dame '' que le culte marial prend de l'ampleur. Marie est représentée sur le Trône de la Sagesse.
Marie qui s'élève au Ciel le jour de l'Assomption est la "nouvelle Ève" auprès du Christ, le "nouvel Adam".
'' Ce Mal dont Eve et le serpent ensemble / Se sont faits par le fruit de l'Arbre les auteurs, / C'est elle seule, en enfantant le Christ, / La Vierge qui le chasse tout à fait.".
Le XIIIe siècle, est l'âge d'or des apparitions, et témoignent d'un modèle de sainteté : maternité divine et virginité. Cependant, Thomas d'Aquin reconnaissait " qu'il est impossible de faire de l'Assomption un dogme puisque les Écritures ne l'enseignent pas. ".
On peut voir des représentations artistiques de l'Assomption, dès le 15è siècle.
Le 1er novembre 1950, le Pape proclame ( ex-cathedra) la définition dogmatique de l'Assomption :" Nous proclamons, déclarons et définissons que c'est un dogme divinement révélé que Marie, l'Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste. "
Le père Dominique Dubarle, que Lancelot interroge à propos de l'Assomption de Marie, répond qu'a travers l'humaine mère de Jésus, l'Eglise proclame '' le destin surnaturel et la dignité de tout corps humain, appelé par le Seigneur à devenir un instrument de sainteté et à participer à sa gloire.'' Et ceci, en réaction à ce que nous venons de vivre : la guerre ; les camps d'extermination, qui ont gravement humilié et désacralisé le corps humain.
En 1947, Thomas Philippe, est recteur du couvent d'études du Saulchoir à Étiolles.
Le 20 octobre 1938, à Rome, devant la '' Mater Admirabilis '' peinte par Pauline Perdrau, en 1844, le Père Thomas témoigne avoir découvertes les grâces de Marie ; la Vierge l'aurait investi d'une certaine doctrine, au cours d'une prétendue nuit de noces. Cette expérience fut une étape essentielle dans sa vie spirituelle. Cette fresque de représente la Vierge Marie comme une jeune fille, dans sa vie de tous les jours, avant que l'ange Gabriel vienne lui annoncer qu'elle était choisie par Dieu pour être Mère de son Fils. Le pape Pie IX la découvrit en 1846 et s'exclama "Mater admirabilis !", nom qui lui resta. Il vint fréquemment prier devant elle. Il proclama le dogme de l'Immaculée Conception le 8 décembre 1854.
En 1946, s'ouvre aux portes de Paris un " Centre international de spiritualité et de culture chrétienne ", une " école de sagesse " destinée à former de futures élites chrétiennes grâce à un enseignement théologique et philosophique d'inspiration thomiste. La direction est confiée à Thomas Philippe qui a transmis sa charge de recteur du Saulchoir en octobre 1948.
Le philosophe Jacques Maritain, alors ambassadeur de France près le Saint-Siège soutient l'initiative, y donne aussi des cours et songe même en 1948 à s'y installer.
Jean Vanier - dont le père ambassadeur finance l'installation du chauffage - se dirige vers l'Eau vive et s'y installe en septembre 1950, il devient rapidement le " fils spirituel " de Thomas Philippe. Un psychiatre américain John W. Thompson (1906-1965), s'y installe à partir de 1951 et y accueille des adolescents et des jeunes adultes en souffrance mentale, comme " une oasis spirituelle infusée par l'amour de Dieu au milieu d'un désert sans âme marqué par le matérialisme et la destruction. ".
Jean Vanier, qui avait accompagné le père Thomas à Rome, écrit dans un article de 1950, sur l'Assomption de Marie : " Le 21 Octobre, c'est la fête de Mater Admirabilis. C'est une icône qui a été peinte à Trinita dei Monti chez les sœurs du Sacré Cœur [..] C'est un lieu très important pour le Père Thomas qui m'avait parlé des grandes grâces qu'il y avait reçues, je crois, en 1938. "
L'organisation approximative, des '' débordements de piété affective '' déplaisent, notamment à l'abbé Charles Journet, le père de Menasce et Jacques Maritain... Par l'entremise de sa sœur Cécile, le père Thomas Philippe entretient des rapports privilégiés avec plusieurs moniales du carmel de Nogent, dont il assure la direction spirituelle : " Tout ce microcosme dominicain d'Étiolles et de Soisy [...] vit dans l'exaltation mariale sous son ascendant : les pénitents et pénitentes se pressent dans le couloir d'accès à son bureau, quitte à y faire le pied de grue plusieurs heures. ".
Bref, le 3 avril 1952, Thomas Philippe sera définitivement démis de ses fonctions. Le centre est fermé en 1956 par décision du Saint-Office et son fondateur condamné.
Cette fameuse doctrine, partagée à l'intérieur d'un cénacle de quelques initiés, ne craint pas d'imaginer un lien mystico-érotique entre Jésus et Marie. Dans les années 1950, Jacques Maritain et Charles Journet reprochaient au Père Thomas de parler de la Vierge Marie comme " l'épouse du Christ ". " (...) cette manière de vouloir faire de la sainte Vierge l'épouse de son fils (...) m'exaspère et me scandalise. " Maritain