Les billets pour la France pris deux mois à l’avance, il ne nous restait plus qu’à choisir une destination à partir de CDG. La Tunisie pour satisfaire nos envies méditerranéennes (climatiques, culinaires, culturelles, etc) ? La Grèce, l’Italie pour à peu près les mêmes raisons ? Le Portugal, les Açores ou le Cap Vert maintenant que la vie dans une ancienne colonie portugaise a excité notre curiosité lusitanienne ? À une semaine du départ, nous optâmes pour la Tunisie. Sauf que, depuis le Covid, le pays ne délivre plus de visa à l’arrivée pour les Indiens qui doivent aller à Delhi et attendre dix jours ouvrés. Nous nous rabattîmes donc sur le Lisbonne et achetâmes les billets cinq jours avant le départ. Dans la foulée, mon Indien préféré me souffla l’idée de partir en camping-car (campervan pour les djeuns) et je pris la balle au bond. Mais quel véhicule choisir ? Mes souvenirs d’enfance, au camping de Gruissant en caravane, remontent à trop loin pour être d’une quelconque utilité.
En regardant quelques sites, je découvris les options qui s’ouvraient à nous. Avec ou sans toilette / douche ? Couchage pour deux avec option tente ou pour quatre ? Avec clim/chauffage dans tout le van ou seulement dans la cabine quand il roule ? Avec ou sans marchepied automatique ? Avec quel type et capacité de frigo ? Pour une courte durée, le prix de base est dans les 100€ par jour et pour 25€ de plus, nous pouvions avoir deux couchages de deux, une toilette/douche, la possibilité de « vivre » à l’intérieur (se tenir debout pour cuisiner, tourner les sièges de conduite pour manger à table) et la clim, pas inutile me semblait-il, puisque la canicule battait son plein fin avril au Portugal. Pas trop hippie, plutôt bobo, mais totale indépendance, j’optai donc pour le Grand California de Volkswagen. Avec boîte automatique s’il vous plaît, on ne se refuse rien ! (De nombreuses compagnies proposent des vans de location. Je choisis la mienne parce que son parking était situé à Lisbonne même et parce que la personne à l’autre bout du chat a été absolument géniale avec la novice que j’étais. Et ce service client n’a pas déparé de tout le voyage, un énorme plus quand on comparait avec d’autres van-men.)
Je regardai ensuite quelques blogs pour savoir quoi prendre pour un premier voyage – lampe externe ? Enceinte Bluetooth ? Couteau Suisse ? Draps et serviettes ? Tente ? Chaises ? Tout peut être ajouté à la location et nous n’avions qu’à prendre nos serviettes (au lieu de payer 10€) et notre tapis de yoga, car le van venait tout équipé, jusqu’à la râpe à gruyère et les ceintres. Il ne lui manquait, à la réflexion, que les cales pour qu’il soit bien droit en stationnement (et sur ce modèle c’est important car sinon le frigo surchauffe, produit de la glace qui fond et dégouline sur tous les produits), et un câble pour remplir le réservoir d’eau, même si les embouts ne sont pas les mêmes partout.
Quant à l’itinéraire… Nous avons à peine eu le temps de coucher les grandes lignes avant de partir. Mon Indien préféré voulait voir l’Algarve et le Douro – c’est ballot ils sont à des bouts opposés du pays. Nous partions donc la fleur au fusil !
La 1ère traversée de l'Atlantique Sud en avion par les Portugais Carlos Viegas Gago Coutinho, navigateur, et Artur Sacadura Freire Cabral, pilote en 1922 - Musée maritime de Lisbonne
Après deux jours à arpenter la capitale en plein long week-end de mai et vacances scolaires françaises, j’étais épuisée de la ville. Poireauter dans un magasin indien pendant trente minutes pour acheter des épices que mon Indien préféré avait oublié d’emmener – et qu’il trouve utiles, à raison, pour se faire des amis sur la route –, je rêvais vraiment de prendre la route. Nous découvrîmes la bête à Lisbonne. Le type de l’agence nous expliqua comment vider la cassette des toilettes et le tank d’eau sale. Comment remplir celui d’eau propre. Comment brancher l’électricité, sortir le store, utiliser le panneau de commandes. Et roule ma poule, nous partîmes au son, cling clang, de la vaisselle qui s’entrechoque. Impressionné par la taille du « Grand Cali » et les panneaux routiers, mon Indien préféré me laissa bravement prendre le volant. Bibi a réussi à s’imposer sur les routes indiennes, c’est pas un campervan qui va lui faire peur ! (En fait si, un peu, mais l’heure n’était pas au doute.)
J’avais lu avant le départ que le camping sauvage est interdit au Portugal depuis 2021 et que les amendes variaient entre 120€ et 600€ en zone protégée. En fait, il est toléré dans beaucoup d’endroits jusqu’à 48h. Pour mieux comprendre tout ça, il est indispensable de télécharger l’appli park4night. (Au bout de quatre nuits j’ai découvert qu’on avait beaucoup plus d’options en ouvrant un compte, gratuit – ce n’est qu’alors que les endroits pour dormir gratuitement sont apparus ! Et deux nuits plus tard, j’ai pris l’option mensuelle à 2,29€ et découvert une myriade d’autres options, dont celle très utile qui te dit où vider tes eaux sales). C’est sur cette appli que, pour notre première nuit, j’ai trouvé l’option d’un « home stay » (camping chez l’habitant), à deux heures de Lisbonne et proposant de l’eau, de l’électricité mais pas de vidange (des toilettes ou de l’eau de la douche / vaisselle). Nous arrivâmes chez André à la tombée de la nuit et il prit soin de nous comme un père. Il nous mit une cale, nous expliquant au passage l’importance d’être bien à plat pour le compresseur du frigo et l’écoulement de l’eau dans la douche). Il insista pour nous donner une prise anti-moustiques, se moquant des moustiquaires que nous exhibions pourtant fièrement (chaque ouverture en possédant une) et nous offrit une bière. Si la clim dans la cabine s’est révélée inutile avec les 13 degrés ambiants la nuit, un peu de chauffage mit tout le monde à l’aise !