<<Poésie d'un jour
" grince un seul héron par-delà la raideur des arbres."
Ancézune
des étourneaux peu discrets
disputent encore entre les sureaux mûrs
ils controversent à propos
des corps et des lots
chaque mot détaché
déposé comme un être
à tout hasard
réceptacle de la foudre
les bandes brunes du fond se voient le fond
se voit comme bandes brunes à la
limite des frondaisons
une lumière éparpillée marbre le sentier
bossu et raviné (ravelé ?) lucarnes
ouvertes de tous côtés où glisse un
bout de fleuve
s’achève d’elle-même
la fin des buillons-blancs aspirés par la pointe
s’affirme le pullulement des chardons mûrs tapissant le sol de
leurs flocons agglomérés
en touffes herbues tombées du peigne
chaque lot est alloué à un corps
volée de moineaux francs dans les églantiers
en volée franche – pris dans les aulnes
martin-pêcheur sur sa ligne dérangé
flux lent de poussière et de flocons inexorable
grince un seul héron par-delà la raideur des arbres.
Pierre Drogi, «I, Les Fulgurés» in Les Fulgurés, dessin de Germain Roesz,
Cahiers du Loup bleu, Les Lieux-Dits 2022, pp 19, 20.