Patrick Quillier| D'une seule vague (Chants des chants, I)

Publié le 28 juin 2023 par Angèle Paoli

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Hissa Hilal dans le désert:  voir → Wikipédia 

             HISSA HILAL ET LE CHAOS
                       (ballade)


C’est, en dactyles, voilée qu’elle chante
Car son visage est menacé de mort,
Oui, elle chante en dactyles soignés,
Et le chaos de toutes les fatwas
Qui gueulent assoiffées de mort violente
Est pour son chant un plomb pesant que l’or
De sa parole vient exorciser :
Dans la seule vague elle fait sa joie.
Telle est la destinée d’Hissa Hilal :
Contre toute oppression, ouvrir un bal.


Un bal de mots tout rythmé de dactyles
Qui tracent dans l’air un nouveau visage,
Un masque protecteur paradoxal.
Une fine écoute entend dans la danse
De cette voix l’ode émue à un style
De vie pour des êtres libres et sages.
Tel est le geste inné d’Hissa Hilal :
Assumer tous les sens du mot prudence,
Envers et contre toute assignation,
Dans l’acte pur d’une émancipation.

D’une émancipation en profondeur
Pour elle, bien sûr, mais aussi pour d’autres :
La liberté d’une seule n’est rien.
Ainsi « toutes pour une, une pour toutes »,
Voilà, par -delà le bien et le mal,
La devise implicite de son cœur
Qu’elle a su insuffler au nôtre, au vôtre,
Selon le flux d’un cosmos aérien
Configurant tout le chaos en voûtes,
Boutures aubinées d’Hissa Hilal

Princes barbus qui en prenez ombrage,
Prêchi-prêcheurs au vice proverbial,
Tartuffes de tout bord, de toute rage,
Cette vague portant Hissa Hilal,
Vous ne la stoppez pas de vos barrages.

Patrick Quillier, «Chant Premier» in D’une seule vague (Chants des chants, I), La rumeur libre Éditions, 2023,pp.65,66.