<<Poésie d'un jour
Ciel rougi derrière la ligne des grands chênes.
Les grives surgissent soudain du ravin
avec plein de chants furtifs.
Elles s’égaillent au milieu du vent
survolant les bois et les vignes.
Dans le champ d’à côté des pierres se choquent
l’une contre l’autre, comme ça,
sans que personne ne le heurte du pied…
Calé dans son affût l’oiseleur se dit :
« Lumière de l’aube naît avec les grives »
Il a encore de la nuit dans les yeux.
La jolie grive mauvis,
ta petite reine,
c’est Prunette que tu l’appelais …
Elle venait se poser sur le dos de ta main
et se laissait prendre si gentiment !
Tu caressais sa tête soyeuse contre ta joue !
Mais dans l’un de tes derniers rêves,
bizarrement, à peine approchée de ton visage,
Prunette se figeait d’un coup, devenant une affreuse forme
d’argile s’effritant,
tombant en poussière à tes pieds […]
Ta Prunette, tu l’aimais tant,
avec sa poitrine blanche mouchetée de brun !
Elle t’entraînait vers de grands espaces bleus
au-dessus des collines et des champs.
Tu volais à côté d’elle, tu planais sans peine,
ton corps était léger, léger !
C’était si naturel…
C’était rêve agrandi dans le rêve.
tu étais l’homme-oiseau.
Joël-Claude Meffre, « Grives » in Ma vie animalière suivi de Homme-Père/Homme de pluie et de Souvenir du feu,
Préface de Marilyne Bertoncini, Propos2 éditions, 2023, pp.40,41,43.
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JOËL-CLAUDE MEFFRE
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature) une fiche bio-bibliographique sur Joël-Claude Meffre