Le cadavre qui marche dans le grenier.

Publié le 18 août 2008 par Cochondingue
Non ce n'est pas mon imagination débordante, non je ne suis pas folle, tout ce que je vais vous raconter est la stricte vérité. Nous avons loué une petite maison dans le Sud. Le propriétaire, un homme courtois au regard vague, nous a offert un verre quand nous sommes arrivés. Au détour d'une conversation, il nous a raconté comment ses parents sont morts ici, il y a quelques années. Puis sa femme est morte à son tour, sans que les médecins en aient déterminé la cause. Puis ses enfants dans un accident de voiture. Sans parler des chats tués par les chasseurs qui sillonnent les bois aux alentours. Autour de lui, tout le monde est mort, sauf un vieux chien borgne et paralysé, unique rescapé du carnage.

- Voici les clés de la maison, a conclu le propriétaire au regard lointain et triste. Il y a juste un problème avec les lumières. Elles s'allument et s'éteignent toutes seules la nuit. Sûrement un faux contact.

C'est ainsi que nous avons pénétré dans la petite maison perdue dans la bruyère. Une couche de poussière recouvrait toutes les surfaces et les pièces empestaient une odeur de moisi.

- Vous avez encore entendu les bruits de pas cette nuit ?
- Oui, ça venait du salon, comme si quelqu'un rentrait et faisait le tour de la pièce.
- Moi je dirais que ça venait du grenier. J'avais l'impression qu'on marchait au dessus de ma tête.
- Non, ça vient du salon en bas, j'en suis sûre.
- Ecoutez, il faut prendre les éléments un par un et les analyser calmement.
- On est là depuis 3 jours et toutes les nuits on a entendu des bruits de pas !
- Et la lumière qui s'allume et qui s'éteint.
- Et les fourmis qui apparaissent en colonie et qui disparaissent sous le canapé comme par magie.
- Il y a peut-être une fourmilière sous le canapé.
- Non, j'ai regardé, il n'y a rien.
- Moi je dis que la cabane au fond du jardin héberge peut-être un serial killer.
- Arrête avec tes histoires de serial killer.
- Mais c'est peut-être le propriétaire, le serial killer, qui viendrait nous espionner toutes les nuits. Regardez, il y a des trous partout dans les murs.
- Il n'a vraiment pas l'air d'un détraqué.
- Qui te dit que ce n'est pas lui qui a tué ses parents, sa femme, ses enfants et ses chats, hein ?
- Arrête ton délire.
- Il a gardé les corps dans le grenier et il vient les voir toutes les nuits.
- Ou peut-être que c'est les fantômes qui marchent dans le grenier.
- Oui ! Il y a au moins un cadavre qui se déplace là-haut !
- Arrêtez, vous êtes ridicules !
- Hé ben si t'es si sûr de toi, va voir dans le grenier.
- Pourquoi moi ?
- Parce que t'es courageux et que nous nous sommes de faibles femmes.
- Des timbrées, oui ! Bon, j'y vais... Si ça peut vous rassurer...
- Attends, je prends l'appareil photo !
- Pour photographier le serial killer ? Il va en être ravi !
- T'as raison, je vais plutôt prendre un couteau de cuisine.
- Et un pieu !
- Dommage qu'on n'ait pas d'eau bénite...
- Bon, je peux y aller, là ? Vous ne voulez pas non plus appeler un curé pour une petite séance d'exorcisme ?
- Allez, soulève la trappe !
- Putain, ça pue, c'est une infection !
- Ce sont les cadavres ! Ca pue la charogne, je vous l'avais dit !!
- Aaaaah, putain c'est quoi ? Merde !
- C'est quoi ? C'est quoi ?
- Je me suis ramassé plein de crottes de rats sur la tête. Je vais me doucher.
- Quoi ? Mais t'es même pas monté ! Et les cadavres ?
- Et les fantômes ?
- Et le serial killer ?
- Montez si vous y tenez tant ! Moi je vais me désinfecter.
- T'es qu'un pleutre ! On ne saura jamais ce qu'il y a là-haut...
- Bon, il faut être rationnel. Il y a plusieurs possibilités pour expliquer les bruits de pas : les rats dans le grenier, les problèmes de plomberie, le serial killer ou le cadavre qui marche.
- C'est le cadavre qui marche !
- D'un point de vue scientifique, on n'a aucune preuve du contraire.
- Donc ça doit être ça !
- Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- Je propose qu'on dorme tous dans la même chambre et qu'on fasse des tours de garde.
- D'accord...
- C'est sympa les vacances... C'est reposant... Euh... C'est toi qui viens d'éteindre la lumière ?
- Ben non ! D'après toi, qui ça peut être ?!

On a tous jeté un regard terrifié vers le grenier et la trappe encore ouverte...