Un article du 4 août dernier sur La Dépêche.fr....
« Même le médecin du centre antidouleur a trouvé la situation aberrante ». Delphine Gaudry, une Narbonnaise de 40 ans, est atteinte de sclérose en plaques depuis plus de dix ans. Lorsque la maladie s'est déclarée, le centre de neurologie de Narbonne a envoyé la jeune femme au CHU de Purpan.
Handicapée en chaise roulante, elle est emmenée en véhicule sanitaire à ses rendez-vous en neurologie, environ deux fois par an à Purpan. Cela nécessite l'accord préalable de transport de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) pour être pris en charge.
Jusqu'à maintenant, il n'y avait eu aucun problème. Suite à un premier rendez-vous au centre antidouleur à Toulouse, Delphine Gaudry s'est
heurtée à un « refus partiel » : invoquant un décret la Sécu lui répond que « le transport sera remboursable sur la base de la structure de soins la plus proche du domicile », c'est-à-dire à
Montpellier. L'accord préalable n'est nécessaire qu'à partir d'une distance de 150 km, et Narbonne-Toulouse, cela fait… 153 km !
Delphine Gaudry ne cache pas son inquiétude : « Le CHU de Toulouse m'a envoyée au centre de rééducation de Bagnères-de-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées. Cela fait du chemin, mais c'est le centre le plus spécialisé en sclérose. J'essaie de vivre le mieux possible, mais là, on en vient à des situations aberrantes. Le pire, c'est la douleur, qui m'empêche de dormir. Mes muscles sont tétanisés et je ne peux plus bouger ».
Elle poursuit : « Je me sens punie. Je ne demande jamais rien, je n'abuse pas du système. S'attaquer à nous, je trouve ça minable ».
Son mari est en arrêt maladie depuis plus d'un an, à la suite d'une chute. À eux deux, ils gagnent moins de 2 000 euros par mois, avec
trois enfants à charge. Pour vivre, elle reçoit l'Allocation Adulte Handicapé, et la pension d'invalidité de 3e catégorie, car elle ne peut pas exercer une activité professionnelle et elle est
obligée d'avoir recours à l'aide d'une tierce personne pour effectuer les actes quotidiens tels que se laver ou cuisiner.
Sa maladie est un cas de sclérose à évolution rapide, entraînant l'aggravation progressive du handicap neurologique.
Lorsque Frédéric van Roekeghem, grand patron de l'Assurance maladie, a suggéré un plan d'économies comportant une baisse du remboursement
de 100 % à 35 % des médicaments à vignette bleue pour les malades atteints d'affections de longue durée, cela a provoqué un tollé.
« Comment peuvent-ils faire cela, alors que c'est la base de nos traitements ? », s'indigne Delphine Gaudry. Le cas de Delphine Gaudry n'est pas un cas isolé. Elle pense donc saisir la Commission de Recours Amiable de la CPAM, s'adresser aux Paralysés de France et au ministère de la santé.
« En trois secondes on prend une décision pour la vie de quelqu'un sans en mesurer les conséquences. S'ils veulent vivre ma vie, qu'ils le fassent… » Sans doute en se mettant dans la peau de Delphine, avec un fauteuil roulant, un patch de dérivé morphinique sur le corps et de grands yeux bleus qui se révoltent.