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An author has a voice, a writer gets published... En fait... Non.

Publié le 18 août 2008 par Isabelle Debruys
Pour ceux qui ne l'auraient pas lu, c'est sur cette phrase aux allures de vérité générale que se termine le billet intitulé "Le Cornichon de Londres" qui se trouve un peu plus bas, dans la rubrique "De vous à moi". Mais toute à mon émoi d'être si proche de la Tamise, et un peu fatiguée, il faut le dire, de cette question dont je n'avais cure à ce moment-là ("c'est quoi, la différence entre un auteur et un écrivain, finalement?"), j'ai répondu à la hâte quelque chose qui pouvait passer pour une formule, et n'appelait pas de réponse. Réussite totale de ce point de vue: la conversation a alors viré de bord. Une expérience toute bête me conduit à rectifier ce tir un peu hâtif.
La Seyne sur Mer, dans le Var, Salon itinérant du livre, début de ce mois. Il est encore tôt dans la soirée, la plage est à deux pas ainsi que les restaurants, les vendeurs ambulants ont à peine terminé d'installer leurs marchandises, ce n'est pas encore la grande foule - raison pour laquelle, d'ailleurs, il m'est arrivé ce qui suit, car j'ai horreur de jouer des coudes.
Je passe devant Richard Bohringer, tout souriant et très occupé, et avise un autre acteur avec lequel j'ai une conversation aussi intéressante qu'agréable, qui me présente à une actrice tout aussi charmante. Comme aucun d'eux ne m'a révélé d'informations top secret, et que leur rencontre avec ma petite personne est oubliée, je peux sans trahir qui ou quoi que ce soit révéler leur nom (il faut citer des noms, sinon on ne vous croit jamais, c'est rasoir à la fin). Lui (Bruno Putzulu) a publié des Conversations qu'il a eues avec feu Philippe Noiret (Je me suis régalé, chez Flammarion) - ouvrage que je n'ai pas encore terminé mais dans lequel j'ai lu quelques perles que je citerai sans doute dans la rubrique adéquate -, elle (Astrid Veillon), son dernier roman, intitulé Pourras-tu me pardonner, chez Plon - pour l'instant dans la pile de mes "livres à lire" qui grossit à vue d'oeil (et dire que c'est pendant l'été que je lis le plus... soupir...). Sans lui, je n'aurais jamais osé l'aborder - va savoir pourquoi, je n'ai pas eu peur de lui parler à lui... mais il n'y avait pas d'enjeu: ma lettre était pour elle. Oui, j'avais fait une lettre, accompagnée de deux nouvelles. Me disant... me disant beaucoup de choses un brin ridicules que j'avouerai un peu plus tard. En tous les cas, voilà qu'en face d'elle j'ai affiché un air un peu ahuri, j'ai dû bafouiller je ne sais trop quoi, pressée par une situation peu favorable (un couple frétillant et très à l'aise, lui, demandant un autographe, puis deux adolescentes non moins frétillantes demandant à être prises en photo), bref: par miracle, elle a compris ce que j'ai puissamment marmonné et m'a dit, d'un ton ferme et amical, qu'elle ne se prenait pas pour un écrivain. Quelques minutes plus tôt, c'était Bruno Putzulu qui me disait avec une modestie non feinte (d'accord, c'est un acteur) qu'il avait sans doute écrit son premier et dernier livre (mais sait-on jamais?). Ce sont eux qui ont remis les pendules à l'heure (j'aurais dû régler l'heure seule, je vous l'accorde, mais c'est ainsi, parfois on ne voit pas plus loin que le bout d'une aiguille).
A ceux qui me poseront peut-être des questions moins déprimantes que celle portant sur mes hobbies (voir l'article "l'interview" dans cette rubrique), et qui voudront connaître (par exemple) ce qu'est à mes yeux un écrivain, je pourrai répondre (en anglais, c'est ma langue "émotionnelle", il faudra donc, en plus, qu'ils soient anglophones): "A writer is a published author". Pré-requis: être un auteur, donc. Grand sourire: j'ai déjà dit ce qu'est un auteur. Et si je bafouille ou baragouine, car je ne suis décidément pas quelqu'un doué à l'oral, je pourrai toujours les renvoyer à ces lignes.
"Et des écrivains selon votre définition, alors, il n'y en avait pas, des écrivains, à ce salon?" Mais oui, mais oui. Il y avait Pia Petersen (j'ai beaucoup aimé le seul livre que j'ai lu, acheté au hasard chez un bouquiniste: Parfois, il discutait avec Dieu), en tous les cas, il y avait une table avec ses livres, mais elle, je ne l'ai pas vue. Je n'ai vu ni parlé à aucun des autres, je dois dire, tout occupée que j'étais avec mes deux "horlogers". Cette rencontre inattendue a mis en exergue une vérité pétrifiante pour tout aspirant écrivain (j'insiste: un auteur avant tout, qui voudrait être publié): on est édité si 1) on est connu (faites-vous un nom ailleurs, dans n'importe quoi, le livre se vendra sur ledit nom), 2) on est inconnu, mais pas tout à fait (soyez journaliste, travaillez dans la presse, au moins), 3)...? J'ose? Bon: on a du talent (allez, un style), on a bien présenté son oeuvre, on l'a envoyée par la poste, et on a de la chance: on fait partie des 1 manuscrit sur 1000 qui attirera l'attention d'un lecteur au sein d'une maison d'édition (j'ai bien dit "attirer l'attention", je n'ai pas dit "être publié", car si je ne m'abuse, le chemin est encore long après ce premier miracle). Voilà pourquoi il ne faut surtout pas écrire pour être édité, à moins d'avoir un excellent psy.

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