Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 20,20-28.
En ce temps-là, la mère de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, s'approcha de Jésus avec ses fils Jacques et Jean, et elle se prosterna pour lui faire une demande.Jésus lui dit : « Que veux-tu ? » Elle répondit : « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. »
Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. »
Il leur dit : « Ma coupe, vous la boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père. »
Les dix autres, qui avaient entendu, s’indignèrent contre les deux frères.
Jésus les appela et dit : « Vous le savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ;
et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave.
Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Vénérable Pie XII
pape de 1939 à 1958
Audience du 24 Juillet 1940 (Allocutions aux nouveaux époux, t. 1, Enseignements tirés des fêtes chrétiennes; A. Caffarel, trad. J. Thomas-d’Host; éd. Lethielleux, 1947; rév.)Saint Jacques, “fils du tonnerre”
L'Évangile résume ainsi l'appel du Christ à Jacques et à Jean, et la réponse des deux frères : « Laissant à l'heure même leurs filets et leur père, ils le suivirent » (Mt 4, 22). C'est peu, en apparence, mais beaucoup en réalité. Jacques, en effet, tout comme son frère, laissant son père Zébédée dans la barque qui flottait près du rivage (…) noyait pour toujours dans les flots ses affections passées et remettait sans réserve son avenir entre les mains du divin Maître. (…) Avec son impétuosité généreuse, Jacques avait bien débuté ; mais comment a-t-il continué ? L'Évangile nous renseigne en quelques traits. De la part de Jésus, dont l’amour ne change pas, il fut l’objet d’une spéciale prédilection. Lui, son frère Jean et Pierre, leur voisin et compagnon de pêche, formaient une triade à laquelle Jésus réserva des faveurs singulières : ils furent les seuls témoins (…) de sa gloire dans la Transfiguration (Mt 17,1-8), de sa tristesse et de sa soumission dans l'agonie de Gethsémani (Mc 14,33). Mais c'est ici précisément que Jacques manqua de fidélité à son divin Maître. Il l’avait pourtant aimé avec sincérité ; il l'avait suivi avec ardeur ; et non sans raison Jésus avait donné aux deux frères, fils de Zébédée le surnom de « fils du tonnerre » (Mc 3,17). Leur mère, ambitieuse, (…), avait un jour osé quémander à Jésus pour ses fils les premiers postes de son royaume. À la question du Sauveur : « Pouvez-vous boire le calice que je boirai ? » les deux intéressés avaient de bonne foi répondu : « Nous le pouvons » (Mt 20,20-22). Ô Jacques, ton frère Jean, l'Apôtre de l'amour, sera au moins présent sur le Calvaire ; mais toi, où seras-tu alors ? La défection commença à Gethsémani, quand les trois apôtres préférés s'attirèrent cette douloureuse plainte du Sauveur : « Ainsi, vous n'avez pu veiller une heure avec moi ? » (Mt 26,40). (…) Mais Saint Jacques but effectivement le calice que Jésus lui avait prédit (…) : il mourut martyr (cf. Ac 12,12). La faiblesse de l’abandon aux heures tristes de la Passion avait été pardonnée et oubliée par le Rédempteur.