Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 13,10-17.
En ce temps-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? »Il leur répondit : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là.
À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a.
Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.
Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe : ‘Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas. Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.
Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai.’
Mais vous, heureux vos yeux puisqu’ils voient, et vos oreilles puisqu’elles entendent !
Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. » Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Saint Jean Cassien (v. 360-435)
fondateur de monastère à Marseille
Des principautés, III ; SC 54 (Conférences VIII-XVII; trad. E. Pichery, éd. du Cerf, 1958 ; p. 11-13)Le plantureux paradis des Écritures spirituelles
Parmi les vérités que l’autorité des divines Écritures a destinées à notre instruction, il en est qui expriment avec une si évidente clarté, voire pour les esprits les moins doués de pénétration, que non seulement elles ne se voilent pas de l’obscurité d’un sens plus secret, mais que le secours même de l’exégèse ne leur est pas nécessaire ; les mots, la lettre seule en livrent tout le sens. D’autres, au contraire, se dérobent sous de mystérieuses obscurités, et ouvrent aux efforts et à la sollicitude de qui veut les éclaircir et les comprendre un champ immense. (…) On comparerait assez justement l’Écriture à une terre riche et féconde. Dans cette terre, beaucoup de produits naissent et se développent qui profitent à la vie de l’homme sans cuisson préalable. Certains autres, s’ils ne perdaient au feu leur âpreté native, pour devenir doux et tendres, se montreraient impropres à notre usage ou même nuisibles. Quelques-uns sont naturellement aptes à se prendre en l’une et l’autre forme : s’ils ne passent point au feu, leur crudité n’est pas désagréable ni en cause non plus aucun mal ; la cuisson toutefois ajoute à leur bons effets. (…) On distingue, semble-t-il, avec assez d’évidence une semblable économie dans le plantureux paradis des Écritures spirituelles. Certains passages resplendissent, dès le sens littéral, d’une si lumineuse clarté, que, à prendre simplement les mots comme ils sonnent, ils offrent aux auditeurs l’aliment le plus substantiel et le plus abondant. (…) D’autres, au contraire, s’ils ne s’affinaient par l’interprétation allégorique et ne s’adoucissaient à l’épreuve du feu spirituel, loin de fournir à l’homme intérieur un aliment salutaire et pur de tout germe mauvais, tourneraient à son détriment plutôt qu’à son profit. (…) Quelques passages se prennent littéralement et au sens allégorique d’une manière également avantageuse et nécessaire ; dans l’un et l’autre cas, l’âme y puise des sucs nourrissants.