S’il y a un truc qui marche du feu de Dieu, au Macronistan, c’est bien le recasage des anciens ministres. À peine éjecté du gouvernement, Pap Ndiaye est nommé ambassadeur auprès du Conseil de l’Europe. On va dire, maintenant, dans la grande tradition ! En effet, souvenez-vous de cette figure emblématique du premier quinquennat : la très sage et bien élevée Amélie de Montchalin, née Bommier. Elle dut patienter un peu, après sa défaite cuisante aux élections législatives de 2022, pour être fixée sur son sort. Mais l’attente valait sacrément le coup, puisqu’elle décrocha, elle aussi, une ambassade…
Justement, on en parlait la semaine dernière, je ne sais plus avec qui, mais on était un tantinet inquiets : pas de nouvelles du recasage d’Amélie de Montchalin, alors qu’on venait d’apprendre que pour Castaner, c’était réglé.
À ce sujet — Amélie de Montchalin, bientôt ambassadrice ? Lot de consolation ou reconnaissance de ses compétences ?
Abonnez-vous gratuitement pour recevoir directement chaque nouvel article par mail
Saisissez votre adresse e-mail…
Compliqué, le cas Castaner, mais on y est quand même arrivé : la présidence du conseil de surveillance du port de Marseille et la présidence du conseil d’administration d’Autoroutes et Tunnel du Mont Blanc (ATMB) pour l’ancien ministre de l’Intérieur. Mer et montagne ! Soyons honnêtes, pour le port de Marseille, Castaner fera ça gratuitement. « C’est, pour moi, plutôt un soutien au projet présidentiel et au port dans le cadre de “Marseille en grand” », a-t-il déclaré. Si c’est pour une œuvre, alors… Pour le tunnel, c’est un petit peu différent : le prédécesseur de Castaner, l’ancien ministre de Hollande, Thierry Repentin, avait reconnu en 2017, lors de sa nomination, qu’il percevrait 75.000 euros bruts par an. Ce n’est pas le Pérou, mais c’est pas mal non plus, par les temps qui courent. Et puis, au fond, nul n’était plus qualifié que Castaner pour occuper ce poste. La preuve ? N’a-t-il pas déclaré, en apprenant sa nomination, qu’il connaît « le rôle clé d’Autoroutes et Tunnel du Mont Blanc pour la mobilité des trois pays qu’elle dessert : la France, l’Italie et la Suisse ». Embauché !
Et Montchalin ? On se souvient qu’elle avait été pressentie pour un poste d’ambassadricedans un pays européen. On avait évoqué Rome, puis Londres ou Madrid. De quoi agacer les diplomates de profession qui venaient d’apprendre la suppression de leur corps, réforme à laquelle Montchalin avait participé ! Le démenti tomba, aussi sec, de la bouche même de l’ancien ministre, et puis après… plus rien. Silence. Passèrent les reclassements de Wargon, Blanquer, Buzyn, Bourguignon et Castex. L’entreprise de reclassement de la Macronie (les mauvaises langues parlent de recyclage, à l’heure où l’environnement est au cœur de nos préoccupations) fonctionne à plein tube. Mais toujours rien pour Mme Montchalin. Elle patientait gentiment et discrètement en siégeant dans l’opposition au conseil régional d’Île-de-France. Pas folichon, lorsqu’on a participé, comme qui dirait, à l’Histoire de France aux côtés d’Emmanuel Macron. Mais bon, parfois, il faut savoir attendre.
Et ce mercredi 23 novembre, c’est le décrochage de la timbale. On apprend, en effet, que celle qui fut battue aux législatives dans l’Essonne par le socialiste Jérôme Guedj hérite d’un poste prestigieux. Celui de représentante permanente de la France (autrement dit ambassadrice) auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une organisation internationale qui compte une petite quarantaine de pays développés. Un poste qui devrait aller comme un gant à l’ancienne secrétaire d’État chargée des Affaires européennes, tout juste âgée de 37 ans.
Elle succédera à l’ancien ministre d’Édouard Philippe, Muriel Pénicaud, qui occupait ce poste depuis septembre 2020. Un clou chassant l’autre, la question, maintenant, est de savoir s’il va falloir recaser Pénicaud. À moins que cette dernière ne fasse valoir ses droits à la retraite, puisque âgée de 67 ans. Rassurez-vous, le DRH doit être sur le coup. Avantage ou inconvénient, pour Amélie de Montchalin – tout dépend comment on voit les choses -, le siège de l’OCDE se situe dans le XVIe arrondissement de Paris. Au château de la Muette…
Copyright obligatoire en cas de citation ou de transmission de cet article, vous pouvez le copier :
Boulevard Voltaire
Nous aimons la liberté de publier : à vous de partager ! Ce texte est une Tribune Libre qui n’engage que son auteur et en aucun casObservatoire du MENSONGE