Solo

Publié le 19 août 2008 par Lephauste

C'est un antique jour de deuil, un authentique aujourd'hui couché sous les feuilles. C'est un jour de faible pour les forts et pour les faibles c'est assez fort. C'est une antique larme qui met des années à sécher et laisse évaporée sa marque au réveil, au fond du déversoir, un peu de sel. L'éros accompagne les gémissements, les replis, le hoquet des sanglots. L'éros des alarmes et des armes d'où se lève l'odeur incisive de la vie contre la disparition,  qui sans ses ailes brouillonnes nous dilue du tout au tout.

Sans que nous laissions plus rien que le cliché écorné d'un instant dont nul ne se souviendra plus, ce que nous murmurions va d'une urne hier bavarde à une dépouille aujourd'hui accablante et muette. Nous avons la parole caressante, à chaque syllabe l'apaisement et le miel trahit du sommeil incarné. Nous avons dans l'abandon des rejets de l'enfance.

Creuserons-nous une fosse ? Allumerons-nous un feu ? Creuserons-nous nos mémoires pour en raviver le feu ? Creuserons nous le feu pour en retrancher l'humus des sous bois, l'impassible foret où repose à présent cet antique jour de deuil, cet authentique jour couché une fois pour toutes sous les feuilles.

Septembre aura raison de Dieu, aura raison du vieux que l'esprit détrempe d'une pluie de désert, aura raison de ceux qu'un vent engrosse  aux avant-postes du Léthé, aura raison de l'Aura de ceux qui à présent retouchent au cieux la teinte des fruits tombés.