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Sarkozy adoube Darmanin pour 2027 : mais quelle surprise !

Publié le 23 août 2023 par Observatoiredumensonge

Une partie de la droite traditionnelle, en dépit de l’évidence, regrette toujours Nicolas Sarkozy. Celui qui fut Président de 2007 à 2012 était, à l’époque, accusé de rabaisser la fonction avec son célèbre côté bling-bling, ses déclarations vulgaires (« Casse-toi pauvre con »« Avec Carla, c’est du sérieux »), ainsi que de trahir une campagne très à droite (orchestrée par Patrick Buisson) avec des ouvertures à gauche qui ne convainquirent personne. Cruellement, Zemmour a résumé cette schizophrénie et cette démagogie par une formule : « Il avait promis le Kärcher™, on a eu Kouchner. » Et pourtant, malgré ses coups de gueule, ses façons de nouveau riche, sa fascination pour les États-Unis (qui ne se limita pas au port de tee-shirts de la police new-yorkaise, puisqu’il fit retourner la France dans le commandement intégré de l’OTAN, que de Gaulle avait quitté en 1966) et son manque évident de « jupitérisme », le voici devenu, par la grâce de l’oubli, une sorte de statue du commandeur, une figure de grand homme d’État, à la fois solennel et cultivé.

Nicolas Sarkozy est écouté, consulté, respecté ; il est même utilisé par Macron pour les grandes occasions, puisque c’est lui qui alla, au nom de la France, assister au couronnement de l’empereur Naruhito, au Japon. Macron n’avait pas le temps… et puis, on n’allait pas envoyer François Hollande au pays de la courtoisie la plus codifiée du monde. C’est à ça qu’on reconnaît les périodes de décadence, d’ailleurs, chaque chef étant plus misérable et plus indigne que le précédent. Cette clé de lecture qui a marché pour la fin de l’Empire romain marche pour notre vieille Ve République en soins palliatifs. Bref, malgré ses mises en examen et ses condamnations, malgré la Libye et tout le reste, l’oracle sous bracelet électronique condescend à livrer ses prophéties ou ses conseils culturels de temps à autre, sous forme de livres, et c’est à chaque fois un carton.

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Le Sarko low cost

Justement, Nicolas Sarkozy sort, le 22 août, le deuxième tome de ses Mémoires, Le Temps des combats, qui succède au Temps des tempêtes. De larges extraits en sont repris par la presse. Parmi ceux-ci, les commentateurs ne retiennent (à juste titre) que cet adoubement pas tellement surprenant : au sujet de Gérald Darmanin, qui fut l’un des espoirs des Républicains avant de tourner casaque en 2017, l’ancien Président ne cache pas son soutien. « Saura-t-il franchir une autre étape, voire l’étape ultime, celle qui mène à la présidence de la République ? Je le lui souhaite, car il a des qualités évidentes », affirme Sarko, qui ajoute que le succès d’un « ami » lui « ferait plaisir ». Dans un entretien au Figaro, toujours le 16 août, cinglant au passage le RN, avec une certaine intelligence (c’est-à-dire en évitant les poncifs sur la haine et en se concentrant sur le volet économique et le supposé manque de profondeur et d’expérience de l’entourage de Marine Le Pen), le nouveau soutien de l’ambitieux Darmanin affirme, toute honte bue, que son discours de Grenoble (2010) avait vu clair sur le lien entre immigration et délinquance, et ce, avant tout le monde. Il ne s’est pourtant rien passé de significatif en termes de réémigration ou de durcissement de la réponse pénale sous son mandat, bien au contraire.

Finalement, malgré l’impudence de Nicolas Sarkozy, qui persiste à donner des leçons alors qu’il a achevé la droite en seulement cinq ans, cet adoubement n’est pas tellement surprenant. Gérald Darmanin suit les traces de son mentor : jeune, ambitieux, ministre de l’Intérieur pour s’approprier les réseaux de la République, jouant la carte de la droite forte sans en penser un mot, jouant les « enfants d’immigré » pour pouvoir ratisser au plus large, opposant les élites au peuple avec une « boussole populaire » (énième avatar de la « fracture sociale » de Chirac en 1995, toujours imitée depuis par une droite à la remorque des idées de gauche, incapable d’un proudhonisme bien tempéré – celui de l’Action française de jadis)… Darmanin fait du Sarko low cost. Il imite, il copie. Le maître témoigne ainsi sa bienveillance à l’élève.


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