Rapidement, mon Indien préféré a trouvé la vieille maison de ses rêves : pas trop croulante mais coloniale (les Portugais sont partis en 1961), en relativement bon état, avec un bon bout de terrain et des dizaines de manguiers. Pour la modique somme de 30 millions de roupies (330k€). Je la visitai lors d’une mission de reconnaissance. J’arrivai alors avec un vrillant mal de crâne et les cris des enfants jouant le terrain de football attenant n’arrangèrent rien – là où je voyais une source de bruit malvenue, mon Indien de compagnon voyait un terrain où rien ne serait jamais construit. (De la même manière, les propriétés en bord de route sont vendues plus chères alors que je ne supporterais pas d’être à côté d’une voie passante.) La maison était déjà presque vendue mais mon mari réussit à charmer le propriétaire qui avait vécu quarante ans en France et qui adora qu’on lui parle en français – j’assistai à une conversation lunaire en français avec les deux protagonistes à laquelle je ne compris presque rien ! Malheureusement, notre prêt ne fut pas approuvé à temps.
L’agent immobilier nous fit alors voir des terrains en veux-tu en-voilà dans le même coin. Nous réalisâmes alors que nous étions sur une presqu’île. Si Chorao Island a conservé le charme de Goa « comme c’était avant » et la promesse d’un prix au mètre carré encore raisonnable, l’esprit y est également insulaire, adverse au changement et à l’étranger. Surtout, il faut prendre une barque pour rejoindre l’île, ou bien une longue route. Après quelques mois à Goa, je déclarai l’État suffisamment rural pour ne pas avoir envie de m’enterrer là-bas. D’autant qu’avec la montée des eaux, je vois bien l’endroit finir englouti dans pas si longtemps. Enfin, il me paraissait un peu fou de vivre à Goa à plus de quarante minutes de la moindre plage un peu sympa.
À suivre…