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1958 Une nouvelle Constitution avec de Gaulle

Publié le 09 mars 2024 par Perceval

Après avoir donné ses instructions à Michel Debré - chargé de préparer ce nouveau texte constitutionnel - de Gaulle s'envole pour Alger, en Caravelle, où il débarque le 4 juin au matin en tenue de général.

De Gaulle est accueilli par une population en délire, certaine d'avoir contribué à faire revenir le défenseur de l'Algérie française. Reçu par les généraux Salan, Massu, le cortège est acclamé dans les avenues, aux cris d' "Algérie française'', ''Vive de Gaulle".

1958 nouvelle Constitution avec Gaulle

Au balcon du gouvernement général vers 19 heures, il se montre, lève les deux bras en signe de victoire, et clame : " Je vous ai compris ", parole saluée par une immense clameur de joie et d'applaudissements.

Dans ce dernier gouvernement de la IVe république, même si de Gaulle qui n'a pas de tendresse particulière pour les partis ; il a besoin d'eux pour la suite...

Il souhaiterait en grouper le maximum autour de lui : Les socialistes, les radicaux, le MRP, les indépendants ont chacun trois ministres.

Ainsi, Pierre Pflimlin participe au nouveau gouvernement de Gaulle, pour y représenter le MRP et l'associer au nouveau pouvoir qui s'installe. Il incarne une certaine continuité de l'État, mais au contraire de Georges Bidault qui avait approuvé le putsch d'Alger, il exprime, lui, la volonté de modifier la politique algérienne dans le sens libéral.

Un premier groupe de travail, avec des juristes, est chargé de proposer les premières rédactions sur chacune des dispositions de la Constitution.

Elles sont discutées sous la présidence de de Gaulle, avec un comité interministériel dont des leaders de l'ex-quatrième République, Guy Mollet, Pflimlin qui sont intervenus, en particulier pour défendre les droits du Parlement et pour limiter le recours au référendum mais le texte définitif reprend les orientations imposées par le général de Gaulle : rôle prépondérant du président de la République, limitations des prérogatives du "pouvoir législatif", et cet article 16, relatif aux pouvoirs exceptionnels attribués au président de la République en temps de crise que certains vont nommer ''dictature temporaire''.

1958 nouvelle Constitution avec Gaulle

Le nouveau texte constitutionnel est adopté par le Conseil des ministres le 3 septembre, soumis au peuple par le référendum du 28 septembre 1958.

Comme beaucoup l'observent, Lancelot remarque que pour la plupart des électeurs, le référendum portera sur la confiance au général de Gaulle beaucoup plus que sur une constitution dont bien peu sont capables d'apprécier objectivement le contenu et moins encore les conséquences.

Il est clair que deux autres questions inquiètent beaucoup plus l'opinion : d'abord celle de l'Algérie et du terrorisme et ensuite celle de la hausse des prix qui continue d'entretenir un mécontentement latent.

Pierre Pflimlin, confie à Lancelot, que pendant ces quelques jours de son gouvernement, le plus difficile a été de se rendre compte qu'il se passait beaucoup de choses derrière son dos.

" Pendant quinze jours, j'étais dans une situation dramatique et je recevais de très nombreuses informations qui étaient toutes plus alarmantes les unes que les autres : ce qui se passait en Algérie, ce qui se préparait en France... Il y avait au sein du gouvernement une assez grande cohésion. J'avais conscience de la précarité du gouvernement. C'était évident. Mais quand on est en pleine action, on essaie de faire face à ce qui se passe. "

Il est certain que de Gaulle avait le souci de respecter la légalité. Ce qui ne l'a pas empêché de " forcer le rythme par son fameux communiqué : " le processus est engagé... "

Pflimlin reconnaît : " j'étais bien convaincu que le retour au pouvoir du général de Gaulle était sans doute la seule solution. "

Plus tard de Gaulle fera l'éloge de la conduite de Pflimlin pendant cette crise.

1958 nouvelle Constitution avec Gaulle

Enfin, le 28 septembre 1958, Lancelot avec 79,2% des français ( seulement 15,6% d'abstention...) approuvent par référendum, le texte de la nouvelle Constitution ( la 5ème) . A noter le score de 96% en Algérie.

Aux législatives, l'UNR ( gaullistes) obtient 212 sièges ; les modérés, indépendants.. 118, et le MRP avec Pflimlin 56 sièges ; la SFIO 44 sièges et le PCF 10 sièges. La nouvelle chambre est nettement ''à droite''.

" Le général de Gaulle devint, le 15 mai 1958, le seul homme capable de rassembler pacifiquement les trois fragments de la nation française divisée : les Français d'Algérie, l'armée, les républicains de France, c'est-à-dire la grande masse de la nation. " ( Raymond Aron, " Discours à Harvard ", Le Monde, 5 juillet 1958 )


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