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Compte-rendu du congrès

Publié le 20 octobre 2008 par Pat La Fourmi
Compte-rendu du congrèsSur le site de la Société Suisse de la Sclérose en Plaques, on peut lire le compte-rendu du dernier congrès de l'ECTRIMS-ACTRIMS-LACTRIMS de septembre dernier:

ECTRIMS 2008: Compte rendu sur le congrès sur la SEP

Cette année, le congrès de l’ECTRIMS, comité européen pour le traitement et la recherche sur la sclérose en plaques (SEP), s’est déroulé à Montréal du 17 au 20 septembre, sous la forme d’un "congrès mondial sur la SEP" qui a réuni des collègues des organisations sœurs d’Amérique du Nord (ACTRIMS) et d’Amérique latine (LACTRIMS).

Voici un résumé des contributions les plus importantes, organisé en deux axes: "Tout sur les médicaments" et "Quoi de neuf sur la pathogénèse" de la SEP. D’autres sujets intéressants sont développés sous la rubrique "Divers".

Tout sur les médicaments

Ludwig Kappos (Bâle, Suisse) fait un tour d’horizon des traitements de la SEP qui se trouvent d’ores et déjà à un stade avancé du développement clinique, en particulier d’une série d’anticorps monoclonaux le plus souvent administrés par voie intraveineuse, ainsi que de nou-velles substances disponibles sous forme de comprimés, comme la cladribine, le tériflunomide, le FTY720, l’acide fumarique et le laquinimod. Dans la dernière partie de son exposé, il décrit des substances promettant d’avoir un effet neuroprotecteur, qui devraient donc contrer la dégradation des cellules nerveuses, notamment l’ibudilast, l’E2007 et la minocycline. Par ailleurs, beaucoup des anti-inflammatoires actuellement en phase d’étude clinique, comme le FTY720 et l’acide fumarique, pourraient démontrer un effet neuroprotecteur.

Steve Hauser (San Francisco, Californie, États-Unis) a présenté une étude de l’action du rituximab sur les formes récurrentes-rémittentes de la SEP. Dans cette étude de phase II contrôlée par placébo, 104 patients atteints de sclérose en plaques récurrente-rémittente ont reçu deux injections intraveineuses 1000 mg de rituximab, à deux semaines d’intervalle. Elle a permis de montrer une nette réduction de l’activité inflammatoire, visualisée à la tomographie ou imagerie par résonance magnétique (IRM), ainsi qu’une efficacité clinique au sens où, après six mois, on observe une diminution de la fréquence des poussées.

Giancarlo Comi (Milan, Italie) a exposé les conclusions d’une étude sur l’action du Copaxone, dans laquelle l’effet d’une dose habituelle a été comparé à celui d’une double dose. Il n’en est ressorti aucune différence significative. Autrement dit, une augmentation de la dose de Copaxone n’apporte aucun bénéfice.

Kathleen Hawker (Columbus, Ohio, États-Unis) a rapporté les données relatives à l’efficacité du rituximab dans la SEP primaire progressive. Les résultats sont globalement décevants; néanmoins, des données semblent indiquer que ce médicament pourrait être bénéfique à des patients assez jeunes (moins de 51 ans) dont la maladie présente une activité assez élevée (plus d’une lésion prenant le contraste à l’IRM). C’est pourquoi d’autres études concernant la forme humanisée du rituximab, l’ocrelizumab, sont prévues.

Alan Thompson (Londres, Royaume-Uni) a présenté l’étude sur le FTY200 (fingolimod) administré par voie orale qui démarre pour les patients atteints de sclérose en plaques primaire progressive. Le recrutement pour cette étude commence à Bâle.

Un sujet brûlant a été débattu par Athanassios Fassas (Salonique, Grèce) et Paolo Muraro (Londres, Royaume-Uni): l’état actuel des connaissances sur les transplantations de moelle osseuse. Ils ont dressé un état des lieux des études cliniques réalisées jusqu’ici, qui ont été menées avant tout sur des patients atteints de SEP secondaire progressive, mais aussi de plus en plus élargies aux patients atteints de SEP récurrente-rémittente très active. Il s’agissait de ce que l’on appelle une autogreffe de cellules souches: les progéniteurs hématopoïétiques sont prélevés dans le sang périphérique de la personne concernée, puis la réintroduction de cellules immunitaires permet la reconstitution du système immunitaire. Dans l’ensemble, ces thérapies font toujours l’objet de controverses, et ne doivent être appliquées que dans les cas les plus lourds, avec la plus grande prudence.

La question de l’échec thérapeutique, deuxième sujet brûlant, a été traitée par Jordi Rìo (Barcelone, Espagne), Richard Rudick (Cleveland, Ohio, États-Unis) et Damiano Paolicelli (Bari, Italie). Ils ont constaté que l’activité visible à l’IRM (lésions prenant le contraste et lésions nouvellement apparues au fil du temps) serait le paramètre vraisemblablement le plus fiable pour juger de l’échec d’une thérapie. D’où la nécessité de procéder à des contrôles réguliers par IRM, y compris pour les évolutions cliniques stables.

Quoi de neuf sur la pathogénèse (déclenchement de la maladie)?

Plusieurs intervenants ont abordé le thème "dégénérescence et inflammation dans la SEP: laquelle précède l’autre?". Wolfgang Brück (Göttingen, Allemagne), Wayne Moore (Vancouver, Colombie-Britannique, Canada), Esther Breij (Amsterdam, Pays-Bas), Antonio Giorgio (Sienne, Italie) et Douglas Arnold (Montréal, Québec, Canada) ont présenté des contributions sur ce sujet.

Outre l’apparition de foyers inflammatoires, la neurodégénérescence (destruction de neurones) joue un rôle central. On suppose que le handicap dont souffrent les malades résulte dans une large mesure de cette neurodégénérescence. Dès les années 1990, on a pu démontrer que des axones (prolongements neuronaux) se sectionnent aussi dans les foyers de SEP récents. On ne sait toutefois pas si cette dégradation des axones résulte de l’inflammation ou si c’est l’inflammation qui est seulement la conséquence d’une destruction neuronale antérieure. L’examen microscopique du cerveau de personnes atteintes de SEP met souvent en évidence des signes d’une détérioration primaire des neurones. Cette dégradation intervient aussi dans des cellules nerveuses du cortex, qui ne présentent pourtant souvent que très peu, voire pas du tout, d’inflammation. D’autres chercheurs estiment que c’est la dégradation de leurs axones dans le cadre d’une inflammation qui entraîne la destruction des neurones. En effet, les cellules immunitaires libèrent des substances inflammatoires qui peuvent endommager les neurones.

Samia Khoury (Boston, Massachusetts, États-Unis) décrit le rôle d’une catégorie précise de cellules immunitaires, les macrophages, dans le déclenchement de la SEP. Dans un modèle animal, il a été possible de montrer qu’outre les lymphocytes T et B, ces cellules jouent un rôle important dans l’apparition des foyers inflammatoires.
Un modèle animal a de plus permis de démontrer que les macrophages empêchent la réparation des zones du cerveau endommagées. Dans ce contexte, des approches thérapeutiques ciblant la fonction éventuellement défectueuse des macrophages semblent devoir être envisagées à l’avenir.

Cinq intervenants ont traité le thème "plasticité cérébrale et réparation": Catherine Lubetzki (Paris, France), Peter Stys (Ottawa, Ontario, Canada), David Colman (Montréal, Québec, Canada), Orhan Aktas (Berlin, Allemagne) et Antonio Uccelli (Gênes, Italie). La gaine de myéline enveloppe les axones et c’est là que les effets destructeurs de l’inflammation s’exercent principalement. La reconstitution de la myéline détruite s’appelle la remyélinisation. Celle-ci est la plupart du temps insuffisante, mais on ne sait pas pourquoi. Il se pourrait que certaines protéines l’entravent ou que les cellules dont la mission consiste à reconstruire la myéline ne soient pas assez actives. Plusieurs hypothèses théoriques ont été présentées et débattues. Il est important de poursuivre les recherches dans ce domaine, car le développement de nouvelles thérapies passe impérativement par une meilleure compréhension des mécanismes pathologiques intervenant dans le cerveau.

Divers

Emmanuelle Waubant (San Francisco, Californie, États-Unis) a parlé de la possibilité de prévoir l’évolution de la SEP. Ses données indiquent que les patients faisant une poussée médullaire (affectant la moelle épinière) présentent quatre fois plus de risques de souffrir d’une nouvelle poussée médullaire. Les patients souffrant d’une névrite optique courent six fois plus de risque de souffrir de nouveau d’une telle névrite. À la deuxième occurrence, une poussée dans le tronc cérébral/le cervelet a un risque multiplié par 1,6 de se reproduire à cet endroit, et le risque est multiplié par sept à la troisième occurrence.

Nouveautés de l’imagerie: L’imagerie par résonance magnétique (IRM) continue de faire de grands progrès. Si, à l’heure actuelle, la plupart des mesures de routine s’effectuent sur des appareils de 1,5 tesla, plusieurs groupes de chercheurs ont mené leurs travaux avec des scanners à résonance magnétique allant jusqu’à 7 tesla. Cette puissance renforcée permet une meilleure représentation des modifications induites par la SEP dans le système nerveux central et raccourcit la durée de l’examen, qui est bien supporté par les patients. Cependant, cette amélioration des méthodes d’exploration permet de mettre en évidence davantage de modifications dont l’importance pour la maladie n’est pas encore claire.

La tomographie en cohérence optique (TCO) constitue une autre méthode d’imagerie intéressante. Cette technique à infrarouge non invasive permet de mesurer l’épaisseur des fibres nerveuses de la rétine. Un groupe de chercheurs de l’université de Pennsylvanie (Philadelphie, États-Unis) a ainsi pu détecter une modification de l’épaisseur de la rétine chez plusieurs patients qui n’avaient jamais souffert de névrite optique et observer une réduction de l’épaisseur des fibres nerveuses. Cette méthode a depuis été utilisée dans de nombreuses études (y compris à Bâle) pour observer les patients atteints de SEP sur la durée. Avec ce calcul de l’épaisseur des fibres nerveuses de la rétine, on espère trouver un marqueur représentatif des mécanismes neurodégénératifs de la SEP.

Rapport: Y. Naegelin, K. Weier, A. Papadopoulou, P. Hafner, M. Mehling, U. Pohlman, R. Sturzenegger, L. Kappos, hôpital universitaire de Bâle



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