Magazine Journal intime

De l'art de taper du poing sur la table

Publié le 05 août 2007 par Mirabelle
Mon cher Victor,
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Dans notre conversation d'aujourd'hui, je te dévoilerai, mon Victor, l'objet de ma panique d'hier soir. Hier toujours, j'ai eu  une nouvelle leçon de conduite.  Et j'en suis sortie complètement démolie. D'une  :  j'ai conduit comme un pied, j'ai fait n'importe quoi, ce que mon moniteur, évidemment, n'a pas manqué de souligner, avec le tact qu'on lui connaît. Tu n'étais pas dans ton assiette ? Non. J'étais stressée . J'ai fait des erreurs de débutant, des erreurs bêtes. Et puis on peut compter sur mon moniteur pour  gronder : "Roooo ! Mais c'est pas possiiiible, ça, enfiiin  !". Si. C'est possible. J'en suis la preuve vivante.

A la fin de la leçon, que je sais pourtant catastrophique, je lui rappelle sa promesse de me refaire passer le permis en août. Il commence par me dire (et je m'y attendais !) que vu ce que j'ai fait aujourd'hui, cela lui semble hors de question d'évoquer une éventuelle date. Ce à quoi je lui rétorque, en des termes plus polis, que je ne suis pas non plus inconsciente, que de toute façon j'ai d'autres leçons programmées et que je n'ai pas en tête de repasser le permis dès le lendemain. Bref.

- Je n'ai aucune date de permis pour le mois d'août. Tous les Inspecteurs sont en vacances. Ce sera, au mieux, début septembre.
- Mais vous m'aviez dit que je pourrai le repasser courant août !
- Je sais mais c'est comme ça...

Je crois rêver, là...
Fin juin, quand ma mère m'avait accompagnée pour, comme elle dit, "gueuler un bon coup", on lui avait assuré que "oui oui, madame, elle pourra le repasser avant septembre, aucun problème, il y a des passages tout le long de l'été". Bon. Très bien. J'ai comme l'intuition que dans cette auto-école, on aime se foutre de la gueule des clients. Je prends mon livret et rentre chez moi, avec la ferme intention d'annuler toutes les heures prévues en août et de retirer mon dossier fissa.

Je ne sais plus quoi faire, Victor. J'ai l'impression que toutes ces heures que j'aligne ne servent absolument à rien. C'est d'ailleurs ce que m'avait dit un moniteur un jour : "Au stade où tu en es, ça ne sert plus à rien de prendre des heures...". Aurait-il raison ? Les heures s'allongent, s'allongent, et il me semble être de plus irrégulière, conduire de plus en plus mal. La lassitude, peut être... Est ce que tu y crois encore au moins ? Je ne sais pas. Je voulais y croire, ce matin. J'essayais de me persuader qu'en septembre, j'aurais le permis, et ce serait réglé. Je pensais aux bons conseils de la monitrice qui vient commenter sur ce blog. Seulement voilà. Je ne repasserai pas le permis en août. Le sort s'acharne.

Après m'avoir trouvé en larmes et écouté mes mésaventures permistiques, ma mère, furieuse, avait pris rendez-vous avec un responsable de l'auto-école pour "parler de leur malhonnêteté". Elle m'a déconseillé cependant de me désinscrire dès maintenant. Attendre septembre serait préférable, selon elle. Septembre. En septembre, ce sera la rentrée, et ho, coincidence, cela fera un an que je n'aurais pas passé le permis. Mais oui, souviens-toi de ma deuxième tentative, Victor. Moins lamentable que la première. Alors je ne sais plus quoi faire. J'ai envie de tout envoyer valser et de me résigner à ne jamais avoir le permis.
Tout ça, c'est, bien sûr, de ma faute. Je n'aurai jamais dû m'inscrire dans cette auto-école, qui considère les élèves comme des vaches à lait. Profit, profit, profit, voilà tout ce qui compte. La notion de "pédagogie" leur est parfaitement étrangère. Pour eux, les élèves peu sûrs d'eux, maladroits, ceux qui ont besoin d'être plus mis en confiance que les autres, ceux qui ont quelques appréhensions à prendre le volant, ce sont les poules aux oeufs d'or. JE suis une poule aux oeufs d'or. Je m'en veux, Victor. J'aurais dû songer à quitter cette auto-école beaucoup plus tôt. Maintenant, j'ai le couteau sous la gorge plus que jamais.
Bon. Toujours est-il que cet après-midi, alors que j'étais à la plage avec mon Mystérieux Inconnu, songeant au scooter que je serai bientôt forcée de m'offrir (j'en rêvais à quatorze ans et suis maintenant obligée d'y revenir, avec nettement moins d'enthousiasme... C'est d'une ironie !), je reçois un coup de fil de ma maman : "Tu es assise, là, Mirabelle ? L'auto-école vient de m'appeler. Ils proposent que tu passes le permis le 9 Août, soit jeudi prochain". Là, c'est comme si le ciel me tombait sur la tête : "Quoi ?! Je passe le permis finalement ?! Jeudi prochain ?". On m'a également réservé un créneau de deux heures de conduite la veille, avec mon moniteur-celui-qui-pense-qu'il-est-hors-de-question-de-penser-à-penser-à-un-nouveau-passage. C'est tout l'un ou tout l'autre... C'était un tel retournement de situation ! Tu imagines comment j'ai pu me sentir... Sans peine, oui ! Il a fallu que je rappelle l'auto-école pour confirmer, tout en me répétant intérieurement : "je ne suis pas prête.". Réflexion de mon Mystérieux Inconnu, une fois que j'ai raccroché : "Mais mon coeur, c'est dans ta tête, que t'es pas prête !". Certes.

Bref. J'ai donc appelé et confirmé. Je repasse le permis jeudi prochain.
Je suis pétée de trouille. Mais au fond, contente d'avoir une chance avant septembre. Même si la peur prend le dessus... C'est pour ça que tu as besoin des conseils de la monitrice ? Pour cela même ! Bon. Tout ça pour dire que le coup de fil de ma mère a dû faire son petit effet. Elle m'a rapporté ses propos par la suite, qui, pour synthétiser, donnaient un truc du style : c'est pas sympa de mener ma fille en bateau ! Quelques heures plus tard, on l'appelle avec une voix mielleuse pour lui dire que, ô miracle, il y a un créneau de permis à 10 h jeudi prochain. Eh oui... Tu sais ce que c'est, Mirabelle, la morale de cette histoire ? Je m'en doute un peu, mais dis la moi quand même ! C'est qu'on n'obtient ce qu'on veut qu'en gueulant un bon coup ! Parce que les sourires, la soumission, ça va deux secondes... Mais il y a un moment où la coupe est pleine et où on est bien obligé de taper du poing sur la table ! C'est d'une tristesse à pleurer mais je crois malheureusement que tu es dans le vrai...

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