Chronios et Paphnuce
C’est qu’en vérité les âmes des vicieux ressemblent à diverses fontaines, les
uns, gourmands et ivrognes, à des fontaines bourbeuses ; les autres, avares et
ambitieux, à des fontaines contenant des grenouilles ; les autres, envieux,
orgueilleux, mais ayant de l’aptitude pour la science, à des fontaines
nourrissant des serpents dans lesquels toujours la raison est flottante, mais
où personne ne puise volontiers, à cause de l’amertume de leur caractère. C’est
pourquoi David demandait en suppliant trois choses : « bonté, règle de conduite
et science ». Sans bonté, en effet, la science est inutile. Et si celui qui est
tel se corrige, ayant mis de côté la cause de son abandonnement, c’est-à-dire
l’orgueil, s’il reprend de l’humanité, s’il reconnaît sa mesure en ne se
prévalant pas contre quelqu’un, en rendant grâces à Dieu, la science
accompagnée de sa preuve revient de nouveau en lui. Car des discours spirituels
qui n’ont pas pour escorte une vie honnête et tempérante sont des épis flétris
par le vent : ils ont bien l’apparence, mais on leur a dérobé les principes
nutritifs. Ainsi donc toute chute, soit par la langue, soit par la sensibilité,
soit par action, soit par l’ensemble du corps, tend à un abandonnement,
conformément à la proportion de la présomption, bien que Dieu ménage ceux qui
sont abandonnés. En effet, si, au milieu de leur dérèglement, le Seigneur vient
à rendre témoignage même à la bonté naturelle de leur esprit en leur octroyant
l’éloquence, la superbe en fait des démons qui se prévalent avec leur impureté.
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évêque Pallade : vies
d'ascètes et de Pères du désert