Magazine Journal intime

Week-end report

Publié le 01 octobre 2007 par Thierry

Certains week-ends sont tellement chargés que rien que l'idée de vous asseoir pour les raconter vous décourage d'avance.

Sauf si, comme un con, vous êtes coincé dans les rues de Paris, sans carte bancaire, sans argent et sans la possibilité de faire quoi que ce soit d'autre...

Donc me voilà, un stylo à la main, Square rue des Blancs-Manteaux, avec une envie de pisser insupportable, trop habillé pour le temps, à attendre que ma pote allume son téléphone. Et pouvoir lui taper du fric et ses toilettes.

Ce dimanche matin, dire que ce fut la course serait un doux euphémisme.

Mon train est à dix heures. Je me lève à 09.00. Mes affaires ne sont pas prêtes.

Cher et Tendre est prêt en 47 secondes chrono. Ca me surprendra toujours.

Je prépare mon sac. A l'arrache. J'enfile mon nouveau jean K. de Karl Lagerfeld, une chemise Lacroix, une paire de boots, vérifie que j'ai bien téléphone, iPod, clopes, clés et l'invitation pour le show. On décolle.

Arrivée en Gare en courant et en fanfare. J'embrasse C&T. J'aurai aimé que ce départ soit un peu plus romanesque. Un peu plus romancé. Tant pis. J'avance. A. et L. ne sont pas venues. J'avance.
J'entends qu'on crie mon nom. Les filles sont là. Trop tard. J'avance. Je monte. Le train démarre. Je suis en route pour assister au défilé de M. Lie Sang Bong.

11.40, je suis en retard, mais ne courrai pas. De toutes façons ma tenue m'en empêche. Et puis les défilés ne commencent jamais à l'heure. J'entre Salle Soufflot. Une fille immense juchée sur une paire de chaussures invraisemblables me demande si je suis installé. Je lui montre l'invitation, elle me propose une place face au catwalk ou à sa gauche. Je suis sur le côté, au deuxième rang. J'observe.

Il y a beaucoup d'asiatiques. Encore plus de jolis garçons. Et encore plus de sac Chanel. Six rangées de part et d'autres de l'allée, et une armada de photographes en face. A côté de moi, un homem et une blonde. Toutes celles qui ne sont pas asiatiques sont blondes. Ils discutent du défilé de Manish Arora qui aura lieu dans l'après midi, à 17.30.

Je me souviens d'avoir discuté avec Manish Arora lors du voyage de presse de Lille 3000. A l'image de ses créations, l'homme est souriant, chaleureux, extravagant. On avait discuté chaussures.

Les lumières s'éteignent. Les boules de soie sur le sol s'illuminent. L'électro de Shophear Froment raisonne dans le salon. Le show commence.

Premier style, du gris et de l'argent. Onirique, doux et en même temps, futuriste et métallique. Les filles cagoulées de noir portent des stilettos sans talons. Des blouses vaporeuses, un trench métallique.

Après le futur, le printemps. La musique est plus riante, les créations plus estivales. Du jaune, de l'or. Des pastilles et des paillettes dorées brodées sur une robe jaune.

L'homme n'est pas couturier, il est sculpteur. Il transforme les silhouettes, joue avec les volumes, amplifie les épaules.

Troisième tableau, de la peinture traditionnelle sur soies. Des motifs d'arbres et de fleurs sur ces éternelles matières brillantes, scintillantes. Toujours ce jeu avec les formes. Les vêtements sont beaux parce qu'ils bougent. Les tissues se révèlent dans le mouvement, leurs attraits se dévoilent dans la mouvance.

Les imprimés se font plus graphiques à présent. Toujours ce jaune et de l'argent. Des manches bouffantes sur un manteau en voile. Des robes accordéons, des boules en feuilles de soie mouvantes, le vaporeux d'une blouse. Et c'est la fin.

Les modèles repassent, la salle applaudit. Le maître apparaît, salue la foule, repart. La salle se rallume. Ce fut splendide, je sors.

Et me voilà, sans CB, sans argent dans ce parc. Trop habillé pour un dimanche, finalement. J'ai chaud, en plus !
J'appelle L. pour lui raconter ce que j'ai vu, on reparle de notre après-midi de la veille.

Un ballet contemporain à l'Opéra. Un mélange de danse hip-hop et de danse tradi africaine. Un mélange de danse de musique corporelle et de chant. Un mélange de culture dans ce lieu si faste. Puis, nous sommes allés rejoindre V. pour une scéance shopping aux Galeries Lafayettes.

J'y avais déjà passé pas mal de temps la veille. Quatre heures trente, pour être exact. Quatre heures trente et cinq cent dix €uros. Deux chemises Lacroix, un jean K., et une excitation de gosse retrouvée.

Cette fois, à peine arrivés devant l'entrée, nous sommes déjà un peu refroidi par ce qui nous attend. Trop de monde et des vigiles qui bloquent les accès. Seulement voilà, moi, il faut absolument que je récupère mon jean que j'ai fait retoucher.

Les gens entrent au compte gouttes. Comme en club. V. passe, L. et moi sommes arrêtés.

" Monsieur ? Monsieur ! J'ai un jean à aller chercher !"

" Ils sont avec moi !"

Je revois ces mecs baratiner les videurs qu'ils ont "une bouteille à l'intérieur". Je trouve ça cocasse. Entrés, on réalise que tout ce monde, c'est surréaliste. Le shopping est exclu, on distingue à peine quoi que ce soit.

Je retrouve mon vendeur chez Lagerfeld. Celui de chez Lacroix vient me saluer. J'essaie le jean, vérifie que tout est ok. Le vendeur a été extraordinaire. Quand il m'a annoncé que j'allais pouvoir récupérer le vêtement au retour des retouches mercredi, je l'ai supplié de faire en sorte que ce soit plus court. Je le voulais pour ma première journée de boulot. "Je pars dimanche matin. Il me le faut absolument avant de partir". Je l'ai finalement eu le lendemain soir, parfait et sublime.

Je raconte à L. que là, tout en noir et en couture, je suis dans un parc où les enfants crient, et que je n'ai même pas de quoi subsister pour les heures à venir. Elle se fout de moi, me fait rire. Je la supplie d'arrêter : je dois pisser et n'ai même pas assez pour prendre un café.

L. arrive à 20.00 avec ma carte, je suis donc sans ressources jusque là, le soleil tape sur mes vêtements noirs, j'ai chaud, mon téléphone n'a quasiment plus de batterie, et la porte du parc vient de déchirer ma pompe en se refermant.

Un week-end qui commence si bien, une arrivée à Paris tout en glamour, ... Parfois quand tout vous semble trop beau pour être vrai, cherchez pas... Ca l'est.


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