Magazine Journal intime

Maudite jambe

Publié le 26 janvier 2010 par Djief
Ma jambe me fait souffir le martyr. En position couchée ou debout. La gauche. Celle qui m'empêche de me trouver un travail adéquat. Celle qui me cloue de force à la maison. Si je dois sortir pour des rendez-vous, je le fais, mais rapidement, autant que possible. Rendez-vous par ici ou par là, je m'habille et je sors. Faut seulement que je m'habitue à mettre de la glace plus souvent dans le bas du dos. C'est la région lombaire et plus bas, vers le sacrum qui est la plus touchée. La plus douloureuse. La plus chiante.
Emgee m'avait pris un rendez-vous chez sa copine massothérapeute. Elle fait des petits miracles, parait-il. Et suite à cette première rencontre qui avait durée une bonne heure, alors oui cela s'était relativement bien passé. Elle avait trouvé les points les plus chauds et les plus sensibles de mon dos. Elle savait le soir même que j'avais une spondylolisthesis qui perdurait depuis des années. Une douleur lancinante s'est pourtant réveillée dans cette région sensible du dos. Pourquoi à 45 ans ? Pourquoi maintenant ?
Le fait d'avoir claudiqué sur une jambe à cause d'un gros orteil droit infecté (ongle incarné laissé pour compte depuis trop longtemps) n'avait pas aidé ma cause. Dans ma tête (de cochon), je n'avais pas le temps de voir un médecin puisque le taxi occupait tout mon temps. Je devais faire plus d'heures, donc plus d'argent pour survivre. Il me fallait absolument garder la tête hors de l'eau. Le reste pouvait alors attendre. Suite à cela, tout s'est enchaîné et aujourd'hui je paye pour mon entêtement.
En ce moment, je suis assis sur une chaise haute et pourtant bien rembourée. Si je reste trop longtemps dans la même position, j'aurai mal au coccyx en me relevant. C'est peut-être normal mais ça m'arrive de plus en plus souvent, allez savoir pourquoi...
J'ai un orgueil, comme tous les hommes. Avant ma mise-à-pied comme chauffeur de taxi, je travaillais six jours par semaine. Bon, oui je bossais pour des « peanuts », je sais. Mais au moins, j'étais occupé. Je travaillais assis, bien évidemment, ce qui m'empêchait d'avoir mal à cette foutue jambe. Et le fait de rouler, d'être occupé à conduire me permettait aussi de passer le temps.
Il fallait que je quitte ce métier peu lucratif, j'en conviens. Mais rester à la maison à ne rien faire parce que marcher longtemps ou rester en position debout trop longtemps m'occasionne des douleurs atroces est difficile à accepter.
J'ai besoin d'un revenu. Je dois payer mes comptes et je sais qu'Emgee se sent insécurisée à cet égard. Je ne sais plus quoi faire de mon côté pour la rassurer. Elle qui m'avait pourtant déniché un boulot.  Plus alléchant que le taxi il est vrai et qui m'aurait surtout permis de payer les factures. Mais travailler debout pendant huit heures de temps sans pouvoir m'assoir, je ne suis pas certain que ma jambe aurait suivi le rythme. Ma tête le voudrait bien, elle. C'est pathétique, je sais.
Je ne veux surtout pas me plaindre ni broyer du noir. Emgee passe son temps (en dehors de ses heures de travail) à me traiter aux petits oignons. Elle me force à me soigner, elle tient à ce que je prenne soin de ma personne et elle le fait de façon tout à fait admirable. Pour le moment, j'essaie de m'occuper du mieux que je peux. Mais quand je pense que Emgee, elle,  travaille et que moi, sans emploi je dois demeurer à la maison, prisonnier d'une jambe qui refuse de suivre.
Je dois attendre les résultats de mes examens. Examen de radio pour ma colonne lombaire pour savoir si j'ai toujours une spondylo au même endroit et si elle ne s'est pas aggravée. Je dois passer des prises de sang cette semaine. Mon rendez-vous pour un cardiologue est en attente. Ça peut être long (4 mois et plus) mais c'est la norme, dit-on. On verra bien.
Pour le moment, je me tient à carreau et m'occupe du mieux que je peux. Je me tient occupé avec l'ordi tout en écoutant Galaxie, un poste de musique en continu qui passe à la télé. J'adore écouter les années 70 et 80 car ça me permet de faire un retour en arrière. Un retour à l'époque de mes vingts ans. Un retour à la vie, à la forme.
Lorsque ma jambe sera guérie et que j'aurai encore perdu un peu de poids, je pourrai peut-être penser à me tenir en forme graduellement. Faire plus de marche, du vélo lorsque le temps sera enfin venu. Je savoure déjà la prochaine rencontre que j'aurai avec la massothérapeute. Si ces doigts de fée pouvaient faire encore des miracles...

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