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L'Église est-elle encore influente ?

Publié le 11 avril 2010 par Perceval

Si peu, à mon avis; bien sûr je parle de l'Eglise -insitution romaine ... Je crois que je ne le regrette pas.

Par contre, je souhaiterai que les catholiques, chacun avec son originalité, le soient.

Je ne regrette pas que cette institution ne soit pas plus influente, en matière de morale, de politique. Je ne regrette, en rien, le temps où l'Eglise représentait un ' pouvoir '. Je trouve salutaire que des chrétiens se fasse entendre sur l'avortement, ou sur la bioéthique ou sur n'importe quelle question de société; mais je souhaiterais que cette voix ne soit pas nécessairement uniforme, en tout cas courageuse et à contre-courant s'il est nécessaire ...


Un article récent paru dans " Témoignage Chrétien "

TC
me semble bien analyser la situation actuelle de l'Eglise de France...

L'Église est-elle encore influente ?  par Olivier Bobineau

Les chrétiens, et singulièrement les catholiques, pèsent-ils encore sur les consciences ou les politiques publiques ? Intellectuels, religieux et responsables associatifs, croyants ou non, répondent à la question posée par TC. Quatrième intervention : Olivier Bobineau, sociologue, chercheur au CNRS, maître de conférence à l'Institut catholique de Paris et à l'Institut d'études politiques de Paris.

En premier lieu, tentons de définir ce qu’est l’Église catholique en France (et ailleurs). Sociologiquement et quantitativement, il est possible d’analyser les chiffres sur la pratique dominicale, d’apprécier l’administration des sacrements, les ordinations, les paroisses en recomposition, l’économie monastique… Que nous disent ces données ? La réponse tient en un mot : les chiffres sont tous à la baisse sauf… les déficits.
En second lieu, anthropologiquement et historiquement, il est possible de considérer l’Église catholique en France, comme ailleurs, d’une toute autre manière. L’Église comme une conviction spirituelle et une organisation matérielle ; un sentiment en l’invisible et un appareil politique en quête de visibilité ; l’
agapè, la grâce et l’Église catholique romaine centralisatrice ; l’abandon invisible à l’invisible et le contrôle social administré hiérarchisé ; la dépossession par l’altérité et la prétention à la possession du monde par la structure romaine. Bref, la figure de Jean conjointe à celle de Pierre.
Conjonction d’ailleurs unique dans l’histoire qui donne naissance au schisme orthodoxe et à la réforme protestante. Conjonction unique qui développe une échelle de la sainteté et inspire dans le même temps, le droit des États modernes. Conjonction unique du pardon de l’ennemi, de l’abandon (eucharistie), du don (« lavement des pieds » : Jean, 13, 1-15) et de la domination des esprits (inquisition), du contrôle moral (« lavage de cerveaux ») qui résulte historiquement de l’association d’un terreau sémite (l’Église est d’abord une secte juive jusqu’en 70 après Jésus-Christ), réinterprétée par la culture grecque (langue des textes sacrés et influence de la philosophie sur la théologie chrétienne naissante) et déployée par la civilisation latine (le christianisme devient la vraie « 
religio » avec Tertullien, influence du droit romain sur la papauté, juridicisation des valeurs, institutionnalisation politique du religieux depuis Rome).
Une fois définie, quelle est donc son influence actuelle en France ?

La réponse tombe d’elle-même : de plus en plus faible et déclinante tant qu’elle ne fera pas une révolution interne. Pourquoi ? Parce que l’Église se fonde sur une conjonction sentiment–institution que la société moderne a méticuleusement… disjointe.

En effet, comment caractériser la société française ? En un mot : moderne. Ou libérale. Qu’est-ce que le libéralisme ? Jean-Marie Donegani et Marc Sadoun, dans leur maître ouvrage
Qu’est-ce que la politique ? (2007), considèrent le libéralisme comme séparation des instances, séparation de l’Église et de l’État, séparation de la sphère privée et de la sphère publique. Cette « culture de séparation » (Alain Touraine) repose sur le fondement du libéralisme : la séparation des sentiments et des institutions. Or, cette anthropologie libérale séparatrice est l’exact opposé de la conjonction anthropologique catholique telle que nous l’avons définie.
Par conséquent, l’Église perd de plus en plus d’influence au fil de la modernisation libérale. D’où l’alternative qui lui reste : soit elle s’adapte d’un point de vue organisationnel - mais peut-elle le faire au point de nier ce qui l’a constitué durant près de 2 000 ans ? Soit la modernisation libérale est contrebalancée par un retour de l’identitaire qui fusionne (res)sentiment, institution (communautaire) et revendication laissant ainsi à l’Église catholique des interstices identitaires…

L’Église catholique semble en France s’engager dans cette dernière voie, mais combien de temps cela va-t-il durer ? En effet, la globalisation n’accélère-t-elle pas l’individualisation des croyances et la désinstitutionnalisation des pratiques ? Par ailleurs, à force de confondre identité et identitaire, à force d’imposition des valeurs, que deviennent la posture évangélique (humilité de Jésus-Dieu qui demande à la Samaritaine-paria de lui donner à boire, Jean, 4, 7), les 550 questions (et non les dogmes) du Jésus de l’évangile appelant à la libération par la conversion et les paraboles (et non les bulles) invitant les personnes à l’incarnation de l’amour ?


27 mars 2010


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