Magazine Journal intime

Acheter moins mais acheter mieux, et pourtant…

Publié le 04 août 2010 par Unefillealyon
Ma mamie, qu’avait pourtant connu la misère en Pologne, avait cette philosophie, commune aux gens de sa génération « Je n’ai pas les moyens d’acheter de la mauvaise qualité » ou quelque chose dans le genre… Tous ses vêtements tenaient dans une minuscule armoire : elle n’avait « que » 3 ou 4 robes quotidiennes, 1 ou 2 tenues de « sortie », 2 ou 3 paires de chaussures, 3 ou 4 chemises de nuit, 1 ou 2 gilets, un manteau d’hiver en laine, un manteau de fourrure (un investissement important mais la classe absolue à l’époque…),  un imperméable, une veste légère, 2 ou 3 chapeaux (et oui !) dans leur boite ronde, quelques foulards et des bas de soie.Vraiment peu de choses mais de très jolies choses !
Des tenues très chics, des bords gansés, des broderies faites main sur le linge de toilette et de table, le tout soigneusement plié et repassé en piles absolument parfaites, posées sur de petites étagères, avec des sachets de lavande et des boules anti-mites. Tout cela peut paraître désuet mais me rappelle le ravissement dans lequel ma mère et moi étions lorsqu’elle ouvrait son armoire : on aurait dit une armoire de poupée ! Acheter moins mais acheter mieux, et pourtant…
En comparaison, mon placard intégré souffre d’indigestion
 : il vomit des jeans délavés, les pulls boulochés, des tee-shirt devenus à la fois trop courts et trop larges, des chemises qui attendent d’être repassées, et des gilets auxquels il manque des boutons…
La comparaison ne s’arrête pas là, je me souviens que j’adorais farfouiller dans sa petite armoire de salle de bain : à côté du verre à dentier (beurk), il y avait un joli poudrier en métal, un vernis à ongle rouge foncé, un tube de rouge à lèvre et un flacon de « l’Air du Temps ». Point.
À côté de ça, j’ai une boite remplie de fards à paupières de toutes les couleur et de crayons divers, de fonds de teint trop foncés mais que je garde « pour l’été, quand j’aurais bronzé » alors qu’au final, je ne bronze pas et je ne mets jamais que du fard « beige rosée » avec juste un trait d’eye-liner les grands soirs…
Ce discours, on l’a tous eu il me semble. Du moins, c’est l’impression que je garde de certaines discutions avec des amis… Et pourtant, seulement deux se détachent du lot :
  • Une amie diplômée science-po, elle a bossé un temps comme vendeuse dans une boutique de chaîne (« campagne et ravissements », si vous voyez ce que je veux dire…). À temps partiel et célibataire, elle a connu des fins de mois « justes ». Chez « campagne », certains vendeurs, à la limite du militantisme écologique, lui ont fait découvrir les joies du « arrêter de consommer, acheter durable ». Alors c’est sur que cette nana est loin d’être « à la mode ». Maintenant qu’elle a un autre boulot, on a l’impression qu’à 33 piges, elle cultive un style « intemporel » que ma mamie n’aurait pas renié. Et ben ça ne l’empêche pas d’avoir du chien, de dégager quelque chose de spécial, d’avoir du succès… et d’être propriétaire de son petit appartement !
  • Un de mes meilleurs amis, le même qui achète ses chemises chez Kenzo… Il habite à Paris, et quand il se décide à acheter un truc, c’est du sérieux… et c’est du cher ! Il n’a jamais eu de voiture mais quand il s’est décidé à passer le permis moto, il a investi direct dans une Harley, une moto qui ne se décote que très lentement – d’après ce que j’ai cru comprendre – et donc, un véhicule sur lequel il ne perdra pas trop d’argent à la revente (bon, après, il faut aimer ne pas passer inaperçu…).

Bizarrement, quand moi j’essaye de faire pareil et d’investir sur du long terme, je ne suis pas certaine d’y gagner :
  • Mon ordi portable, un Macbook acheté il y a deux ou trois ans, m’a coûté une véritable petite fortune : quelque chose comme 1 300 euros. Résultat : même s’il ne plante jamais et n’a jamais eu besoin d’être redémarré, réinstallé ou autre joyeuseté de l’informatique, il en est quand même à sa troisième carte mère, son deuxième système de ventilation et sa superbe coque en plastique blanc est… fissurée (alors qu’il ne se déplace que très rarement…).
  • Ma voiture (une Toyota Yaris), pourtant réputée pour sa fiabilité (c’est même pour ça que j’ai choisi ce modèle, qui manque gravement d’originalité) aurait bien besoin d’une nouvelle boîte de vitesse (à 80 000 bornes…).
  • Mes deux jeans Levi’s, achetés à New-York il y a un an et demi, sont déjà tout délavés et élargis aux genoux et au cul (je passe trop de temps assise…).
Alors, on me dit dans l’oreillette que chez Apple on fabrique depuis peu en Chine alors qu’auparavant, tout était fait aux States et que chez Levi’s aussi, on a délocalisé sévère ces quinze dernières années… Et ma Toyota, symbole de la rigueur à la niponne, a été assemblée du côté de Valenciennes…
Méfiez-vous des contrefaçons qu'ils disaient !

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