Magazine Journal intime

Oeuf clair, heures sombres

Publié le 17 septembre 2011 par Mirabelle

Mon cher Victor, oeuf

Oh la la, Mirabelle, ma pauvre petite chérie, je te trouve en sanglots, que se passe-t-il ? Tout allait trop bien, Victor. Tout était trop beau. Calme-toi, calme-toi... J'étais enceinte, Victor, j'étais enceinte et bientôt, je ne le serai plus. Est-ce que c'est ce que je crois ? Oui, c'est ce que tu crois, malheureusement. J'aimerais me réveiller de ce cauchemar mais c'est la réalité, la dure réalité. Que s'est-il passé ? Je ne compte pas te raconter tous les détails, mais dans les grandes lignes sache que j'ai atterri aux urgences gynécologiques hier soir. J'ai attendu plus de de deux heures, la peur au ventre, et après examen et échographie, l'interne m'a dit "qu'elle n'avait pas une bonne nouvelle". Je m'y attendais, je le craignais, je l'ai craint toute la journée, et j'avais raison. "Il y a bien eu grossesse, mais vous avez fait ce qu'on appelle "un oeuf clair", un terme que je déteste. Je préfère appeler ça une "grossesse arrêtée". D'ici une dizaine de jours, vous devriez expulser tout cela, si ce n'est pas le cas revenez nous voir et nous ferons le nécessaire. De toute façon, vous devrez bien patienter trois mois avant de recommencer les essais". Trois mois. C'est long, trois mois. Merci Madame. Bon courage, me dit-elle. Je vais en avoir besoin, au revoir Madame.

Ah ça oui, je vais en avoir besoin.

A la maison, j'ai rangé les petits chaussons dans une grande boîte, dans un placard.

J'ai caché également les livres "Devenir un super papa" et "Parents pour la toute première fois" achetés avec Chéri le week-end dernier, alors que nous étions encore persuadés que je portais notre futur enfant. Mais non. Dans la réalité, je n'avais dans le ventre qu'un pauvre sac vide, vide de tout embryon.

Il me reste à faire le deuil de cet bébé qui ne naîtra jamais. Je me suis endormie comme une masse hier, épuisée d'avoir tant pleuré, j'ai espéré un sommeil de plomb, c'était sans compter sur la tristesse qui m'a réveillée trois ou quatre fois dans la nuit, des heures entières à réfléchir : pourquoi moi ? Pourquoi nous ? J'ai pensé à ces deux amies enceintes et à leurs grossesses rêvées, à cette soirée demain soir où cela discutera encore petits pots, pantalons de grossesse, accouchement. Non je n'irai pas, non, je ne vais pas y aller, je ne peux pas y aller.

Me réveiller ce matin, fatiguée encore, embrasser mon chat, aller m'asseoir sur mon canapé au milieu de tout ce silence et me remettre à pleurer. Il est 8 h 47 et j'ai déjà les yeux rouges et bouffis. Depuis plus de deux aujourd'hui, je me demande tous les jours, si heureuse dans mon petit nid d'amour avec Chéri, quel est le prochain coup dur que la vie me réserve. Parce qu'il ne faut pas rigoler, il y a toujours un moment où la roue tourne, plus de deux années que je suis sur mon nuage, il faut bien en redescendre. Eh bien je crois que je l'ai, la réponse à mon perpétuel questionnement, je crois que je l'ai, et le temps sera bien long avant que je ne puisse remonter la petite échelle qui mène droit vers le ciel bleu.


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