Magazine Journal intime

Promenade à Béthune

Publié le 06 mars 2006 par Thierry

Avez-vous déjà eu la certitude que vous étiez en train de passer les pires moments de votre vie ? Même en essayant de vous souvenir du pire, là, d'un coup, d'un seul, vous avez conscience que vous avez atteint le paroxysme. L'apogée.

Petit retour en arrière.

La semaine dernière, C&T me dit "Tiens, Gr. souhaite organiser une fête surprise pour l'anniversaire de C., ça te dit ?"

Fête ? Oui, bien sûr.

"C'est à Béthune". Là, déjà, ça se corse. Dès le début, je savais que j'aurai dû refuser.

Mais bon.

Vendredi, il m'annonce "Tiens, pour demain, on dort là-bas. Comme ça le lendemain, on ira balader. Par contre, il n'y a pas de chambre d'amis."

Je sais pas si vous avez noté, mais il ya deux informations cruciales dans cette toute petite phrase : Marcher & Dormir à même le sol.

Je me dis qu'il plaisante. Ou que je noircis le tableau, plus ou moins volontairement.

Samedi après-midi, je décide d'aller me chercher de la lecture, et de profiter d'être tout seul dans le village pour vivre mes derniers instants avant le départ.

Je me prends un polo rayé, le dernier Elle et Citizen K. De la sape, de la mode, et du futile, voilà ce qui va me faire tenir.

Béthune : L'allégorie de la vision qu'ont les gens du Pas-de-Calais. Des bagnoles tuning, des bâtiments gris, des concours de pêche, des connards en casquette. Et je reste aimable.

La soirée se passe très bien. Mais le 1er cauchemard se réalise : Dodo par terre.

Après une nuit trop courte, et assez peu reposante, après une douche réparatrice, et un café amplement désiré, tombe la question tant redoutée : "Ca vous dit d'aller faire un tour ?"

Evidemment, ça dit à tout le monde.

Ce n'est pas que je n'aime pas la marche. C'est que je déteste ça. Je ne comprends pas le plaisir que l'on prend à se crever, à avoir mal aux mollets, à avoir froid, à gambader sans but pour finalement revenir là d'où on était parti.

Au début, on se promène dans la "ville". Puis on bifurque sur une rive, on longe un espèce de canal dégueulasse. On marche dans l'herbe, dans la terre, dans la boue. On passe sur un ponton de bois complètement déglingué. Je me dis que je vais mourir, à Béthune, en passant à travers 2 planches de bois vermoulues pour finir dans une rivière verdâtre.

On continue. On arrive devant un lac. Ils décident d'en faire le tour (Pourquoi ? Pourquoi ? ?). On assiste à un concours de pêche (!!) Puis ils décident de se poser sur un banc.

Le banc (vermoulu) se trouve au milieu d'un terrain plus boueux qu'un terrain de jeux pour cochons, et est infesté de taupinières.

Maintenant que vous visualisez le décor, laissez moi vous présenter le protagoniste.

Je suis transi de froid en polo et veste de velours. Jean Armani et sac Dior. Et des mocassins marrons dont les talons sont trop hauts et les semelles trop lisses pour marcher plus d'une demi heure par jour.

Or là, il faut que j'aille traverser un terrain si mou & si sale que mes pompes en ressortiront bonnes pour la déchetterie, tout ça pour m'asseoir sur un banc répugnant.

On reste là, c'est nul. Quand enfin, ils décident de se remettre en route.

Après une bonne heure de marche, les mollets me font souffrir, je suis complètement anéanti et transi, les larmes coulent sans cesse à cause du froid, mes chaussures ressemblent à des godasses de scout. Et c'est à ce moment là que j'ai eu cette épiphanie : T., tu vis le pire moment de ta vie. Parce qu'au delà de la souffrance physique, j'ai réalisé que je ne pourrais décidément rien partager avec C&T.

Parce que lui, il a adoré ça !

Mais bon... Si ça tombe c'est aussi pour ça que je l'aime.

Demain, ça fera trois ans que l'on est ensemble. C'est moi qui vais organiser la soirée. Il me doit bien cela !


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