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Fatoumata Diawara, l’allègre mélancolie

Publié le 23 octobre 2011 par Routedenuit

La malienne de 29 ans troque son costume de comédienne pour celui de chanteuse en devenir avec « Fatou », un album sans fioritures.

Simple et sans ratures, le premier album de Fatoumata Diawara, sortie le 1er octobre dernier (World Circuit/Harmonia Mundi Distribution), et sobrement intitulé « Fatou », a tout d’une petite merveille. La comédienne puise dans tout ce que l’univers musical de son pays d’origine a de meilleur et le mêle sans prétention à ses influences folk, jazz et blues. De son répertoire musical partagé entre les divas du jazz et de la soul comme Nina Simone, Billie Holliday, Erykah Badu ou Jill Scott et les grandes figures de la musique malienne comme Toumani Diabaté, Cheik Tidiane Seck, Oumou Sangaré ou encore Rokia Traoré, découle un mélange harmonieux qu’elle pose sur douze titres d’une douceur saisissante. « J’ai voulu faire un album autonome, comme ma vie. Je n’appartiens à personne. Je suis sur une route et je rencontre des gens », confiait-elle en septembre dernier au site de la radio RFI.

Pour comprendre le cheminement de Fatoumata Diawara, il faut remonter à l’année 1999, quand le film « La genèse » signé du cinéaste Cheick Oumar Sissoko, dans lequel elle interprète le rôle principal, la révèle au grand public. Ce film a d’ailleurs remporté la même année le prix « Un certain regard » au Festival de Cannes, en 1999. S’ensuit une carrière de comédienne marquée par des films parmi lesquels « Il va pleuvoir sur Conakry » de Cheick Fantamady Camara ou des pièces de théâtre comme « Antigone ». En 2006, elle obtient le premier rôle pour « L’Opéra du Sahel » à Bamako. Et en 2007, elle est choisie pour interpréter le rôle de Karaba la sorcière dans la comédie musicale adaptée du film « Kirikou et la sorcière ».

Un univers intimiste

C’est aux côtés du fameux musicien malien Chech Tidiane Seck que Fatoumata Diawara entreprend son bonhomme de chemin musical. Elle fait ses gammes en participant à son album « Sabaly » en 2008 . Elle collabore notamment aux albums du musicien de jazz Herbie Hancock (« The Imagine Project ») et des chanteuses Oumou Sangaré et Dee Dee Bridgewater. Un sacré passif pour cette jeune femme à l’humilité renversante.

« À un moment donné, j’ai senti que c’était le moment et j’ai eu la chance d’être encouragée », expliquait-elle à Slate Afrique peu avant la sortie de l’album. « Puis Oumou Sangaré m’a présentée à son producteur (Nick Gold, du label World Circuit ndlr.) et ensuite, il y a eu deux mois et demi fabuleux. J’avais des maquettes. Nick ne voulait pas faire tellement plus que ce que je lui avais proposé. Il voulait que ça reste intime, sans trop d’arrangements : exactement ce que je ressentais aussi ».

Et c’est plutôt réussi, tant la chanteuse nous plonge dans un univers intimiste qui nous rappelle l’atmosphère traditionnelle du chant du Wassalou, cette région du Sud du Mali. Ses mélodies en bambara (dialecte malien) sont empreintes d’une certaine mélancolie qui nous fait pourtant sourire. Elle y raconte son histoire, chante de sa voix douce légèrement élimée, et nous invite à entreprendre un voyage sans frontières.

Fatoumata Diawara sera en concert au New Morning le 29 novembre prochain à Paris. A ne pas rater, évidemment…

Fatoumata Diawara, l’allègre mélancolie


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