Magazine Humeur

Vademecum

Publié le 15 avril 2012 par Docteurho

Je ne sais pas pour vous, mais il est des moments dans la vie, ou comme ça, tout s’arrête, le temps ne coule plus, la terre cesse de tourner et l’instant présent est figé pendant quelques secondes qui prennent des airs d’éternité. Un lapse de temps qui est marqué par un silence absolu, ou un grand brouhaha, dans lesquels l’existence se dérobe. Une fuite hors de l’espace naturel qui est le carpe diem. Le moment présent ! Le cœur, l’âme et tous les sens chavirent. Le corps devient une enveloppe charnelle vide, car l’émoi s’envole, se perd, se disperse, explose, se dilue, s’évapore, se tord, s’endort … 

L'instant est tellement immense, chargé de tout ce qu’il charrie comme sensations, qu’il prend son temps pour défiler. Il se déhanche, telle une pucelle, langoureusement et fascine tout l’être par son effet, tel que, les yeux, ne voient plus et ne revoient plus des scènes de jadis, le temps d'un bonheur aussi court que l'éternité, parce qu'on y a cru. L'olfaction fait fi des odeurs ambiantes pour ne retenir que des senteurs, venues d’un passé simple, proche ou composé, et l'ouie n’entend plus rien que les murmures d’un autre temps. La vie s’écoule à l’imparfait. Lente, dans le fantasme du souvenir latent, elle traverse les joncs que forme la conscience et vous invite à rouvrir votre vadémécum, pour une relecture transcendant toutes les ivresses possibles… 

J’ai toujours écrit, et il me semble que c’est la seule chose que je fais sans le vouloir, sans le préméditer. J’écris, au gré de mes douleurs, de mes vérités qui sont et resteront incomprises. J’écris parce que c’est ma nature qui s’exprime, parce que j’ai confiance en cette page, car elle ne me sous-estimera pas, car elle, me donne sans compter, et mesure mes dons à moi, bien que je n’aie jamais demandé une contrepartie à mes offrandes…. 

J’écris comme certains font la sieste, ou jouent à un jeu pour tuer le temps. C’est un exercice qui me vaut une béatitude suprême, et qui des fois, ne me fait que l’effet d’un tampon qui modère mes états d’esprits. J’écris plus ou mieux quand j’ai mal, mais j’écris aussi quand un bonheur me titille le cœur…sauf que je ne parle jamais de ce bonheur ! Le bonheur est exclu de mon vocabulaire, comme une mention interdite, par la force des choses, par ma nature ténébreuse, ou par la fatuité de mon être qui se retrouve plus dans la peine qu’autre chose, depuis que j’ai appris à regretter. Regretter d'avoir passivement commis des choses pour ne pas avoir pu en déclencher d'autres.

Je n’aurais pas dû le faire… 

Je me suis fait mal à la cheville, en marchant, perdu dans mes pensées, sur le chemin de mon retour à la maison, je suis tombé dans un trou que je n’ai pas vu. C’est cela l’ironie du sort, cette douleur me ramène à la réalité que je suis, une erreur de la nature, une exception à toutes les règles…Tant bien que mal, je crois que je vais supporter la douleur de cette inflammation articulaire, mais la seule douleur qui me brûle le plus en ce moment et que je ne supporte pas, personne ne l’a vue ni ne la verra, personne ne peut l’imaginer, car elle est autre que ce qu’un être humain, EGOISTE par la nature de son être, peut concevoir… Je n’en veux à personne, mais à moi-même si ! 

Ceci est mon destin, qui se rejoue, comme une pièce de théâtre, avec les mêmes détails, si ce n’est aux mêmes périodes. Je reviens moi-même, et à mes douleurs, tant bien que mal parce qu’il ne me sied pas d’être heureux, parce que je suis la déchirure de l’humanité…Soit ! Je saignerai, mais je n’ai pas besoin de vos larmes ni de votre pitié. Ni vous mes amis, ni tous les autres qui ont prétendu m’aimer ou qui le prétendront ! 

Une sorte d’ancrage profond… 

Pourquoi est ce que l’homme doit vivre une peine ? Qu’est ce qui la rend essentielle dans son apprentissage de la vie ? Je m’égare ! J’ai envie de fumer ! Encore !! Mais je ne fumerai pas, car la cigarette, au grand dam de mon moi, est associée au bonheur…chimérique et irrégulier, car le bonheur est une donnée intangible que je ne maîtrise pas. L'écriture, si, car elle transcrit l'autre bout de moi…Le vrai… 

Audaces Fortuna Juvat…


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