Magazine Humeur

La politique, la dette... en Islande et en Argentine.

Publié le 22 mai 2012 par Perceval

En ISLANDE :

L’action politique populaire, en Islande, a conduit ce petit pays à ne pas suivre l’orthodoxie qui guide les politiques en Europe et à l’international…

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  • pétition nationale pour refuser le remboursement des dettes britannique et hollandaise;
  • référendum populaire rejetant à plus de 93 %  les accords relatifs au règlement de ces dettes;
  • nouveau référendum rejetant à 60% un nouvel accord avec les créanciers de l’Islande.

Les islandais souhaitent à présent comprendre et l’ancien premier ministre de l’époque Geir Haarde a été déféré devant une juridiction spéciale ; non pas pour le sanctionner ( encore que .. ! ) mais pour connaître et faire connaître les vraies causes de la crise : privatisations hasardeuses des quotas de pêche, engouement pour les investissements à l’étranger, gestion catastrophique des grandes banques privées et octroi immodéré de crédits aux particuliers.

En 2009 : Les protestations citoyennes contre le Parlement font que des élections anticipées sont convoquées. Elles provoquent la démission du Premier Ministre et, en bloc, de tout le gouvernement. L’islande se trouve dans l’incapacité de rembourser sa dette.. Par le biais d’une loi, il est proposé à la Grande Bretagne et à la Hollande le remboursement de la dette par le paiement de 3.500 millions d’euros, montant que paieront mensuellement toutes les familles islandaises pendant les 15 prochaines années à un taux d’intérêt de 5%.

  • En mars, un référendum est organisé sur le sujet : 60% des électeurs se sont déplacés et 93% d’entre eux rejettent les modalités du remboursement de la dette aux Britanniques et Néerlandais.

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Actuellement , un nouvel arrangement est trouvé avec Londres et Amsterdam. En effet, l’Islande, candidate à l’adhésion à l’Union européenne, ne veut pas se fâcher à jamais avec deux de ses membres... L’accord porte désormais sur un prêt à environ 3%. Il doit encore être avalisé par le parlement islandais.

Lors des élections d’avril 2009, une majorité de gauche, composée de socio-démocrates et du parti ‘gauche verte’, est élue. C’est une première en Islande, pays traditionnellement gouverné au centre droit. Une femme, Johanna Siguroardottir

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, prend la tête du gouvernement..

Mais le coup de barre est modéré : les socio-démocrates sont pro-marché et pro-Europe. Le programme discuté avec le FMI se poursuit, et le gouvernement engage en juillet des négociations pour adhérer à l’Union européenne.

  • La monnaie est dévaluée pour relancer les exportations.

Au parlement, à plusieurs reprise, les ‘verts de gauche’ se sont désolidarisés d’un pouvoir jugé trop centriste sur la question européenne comme sur d’autres.

Ce n’est pas un conte de fées, et l’Islande ne vit pas une alternative harmonieuse au capitalisme, mais une suite de tâtonnements confus, douloureux et résignés... en restant dans les rails du FMI…

  • Il est décidé de rédiger une nouvelle Constitution pour libérer le pays du pouvoir exagéré de la finance internationale et de l’argent virtuel, entre autres …

Depuis avril dernier, 25 « conseillers » élus sont chargés de diriger l’écriture de la nouvelle constitution du pays. Physicien, directeur de théâtre, pasteur, professeur d’économie, journaliste, avocat, étudiant, ils sont issus de la société civile. Le processus se veut collaboratif. Les projets de clause sont publiés sur le site du gouvernement chaque semaine.

En ARGENTINE : ( article de François Asselineau dans Agora Vox):

Tout au long des années 90, l’Argentine avait appliqué, sous la présidence de Carlos Menem et à la demande du FMI, une politique ultra-libérale de privatisation à outrance de toute son économie.

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Cette ultra-libéralisation de l’économie argentine a certes provoqué l’enrichissement d’une partie de la population pendant quelques années, et surtout une débauche de consommation.

Mais elle a aussi et surtout entraîné une autre partie de la population dans la pauvreté (environ 20% de chômeurs officiels vers 1998) , avant de provoquer une hyper-inflation et une crise économique et financière de très grande ampleur à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

La crise économique et financière culmina en 2001 et conduisit à des décisions historiques :

le 6 janvier 2002, le nouveau gouvernement du président Eduardo Duhalde procédait à un gel total des avoirs bancaires et à une dévaluation officielle du peso de 28 % par rapport au dollar. La monnaie argentine continua à baisser très rapidement ensuite, jusqu’à perdre près de 50% face au dollar.

Nestor Kirchner (péroniste de centre gauche) a été président de la République argentine de 2003 à 2007.

  • a) il envoie balader les banquiers, et « renégocie » la dette du pays en 2005 d’une façon expéditive : il a purement et simplement refusé le remboursement de trois quarts des 100 milliards de dollars de dette extérieure !
  • b) faisant un bras d’honneur au dogme de l’ultra-libéralisme et de la prétendue « mondialisation inévitable », il a :

- gelé les tarifs de l’énergie et des transports,
- taxé très fortement les importations,
- relancé l’activité économique (+ 50 % en cinq ans !) en la soutenant de façon keynésienne par les dépenses publiques,
- provoqué une forte hausse des salaires,
- et engagé un programme tenace de réappropriation par le peuple argentin des grands services publics du pays qui avaient été bradés à des intérêts privés américains ou européens à la demande du FMI :

- novembre 2003 : Renationalisation de la Poste argentine, qui avait été privatisée en 1997.

- janvier 2004 : Renationalisation de la concession de l’espace radioélectrique national, qui avait été attribué au groupe français Thales Spectrum, filiale de Thales (ex-Thomson) en 1997.

- mars 2006 : Renationalisation de la distribution de l’eau potable qui avait été attribuée au groupe français Suez en 1993.

- mars 2007 : Renationalisation du Chantier naval Darsena Norte, privatisé en 1999. Les employés reçoivent 10% des actions, le reste étant contrôlé par l’Etat.

C’est sa propre épouse,

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Cristina Kirchner qui lui a succédé au poste de présidente de la République le 10 décembre 2007. Réélue il y a quelques mois, en octobre 2011, elle a continué l’impressionnante œuvre libératrice de son mari :

- novembre 2008 : Renationalisation du système de retraites, qui avaient été privatisées en 1994.

- décembre 2008 : Renationalisation des compagnies aériennes Aerolineas Argentinas et Austral, privatisées et acquises en 1990 par la compagnie espagnole Iberia, puis en 2001 par le groupe espagnol Marsans.

- et enfin, ce 16 avril 2012 : Renationalisation majoritaire (à 51%) de la compagnie pétrolière YPF, qui avait été privatisée et cédée à l’Espagnol Repsol en 1992.


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