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La téloche à Jules-The Wire

Publié le 10 janvier 2013 par Jules

the-wire

« Si on suit la drogue on tombe sur des dealers, si on suit l’argent…on ne sait pas sur quoi on va tomber »

Les américains savent faire de bonnes séries TV. Ils le peuvent car ils pratiquent le genre depuis plus d’un demi-siècle. Les américains savent surtout faire de bonnes séries Policières. Pas étonnant que nous connaissions mieux leur système judiciaire que le nôtre. De Hill Street Blues au début des années 80 à The Shield, le polar reste un genre très prolixe là bas. Les 20 saisons de Law and Order (New York Police judiciaire chez nous) n’ont par exemple toujours pas épuisé le filon. Cependant The Wire (sur écoute en français) reste à part pour de nombreux raisons. The Wire donc, est la seule série au monde à porter le titre honorifique de « meilleurs série TV de tout les temps » !

Produite par la prestigieuse HBO, ce monument du polar urbain est à la base né de la rencontre entre David Simon et Ed Burns. Le premier est un journaliste auteur de plusieurs livres ultra documentés sur la criminalité dans la ville de Baltimore. Il a rassemblé un savoir encyclopédique sur les rouages judiciaires, politique et sociaux des Etats-Unis. Son travail est célèbre pour son étude sur le trafic de drogues et son impact sur la société Américaine. De plus il est à l’origine d’Homicide, une autre grande série policière se situant également à Baltimore. Ed lui est un ex flic, le milieu des dealers, les scènes de crimes et la lourdeur administrative du système judiciaire américains il connait bien. Les deux ensembles forment une équipe de choc qui peut rivaliser avec les meilleurs « novelistes » du pays.

En cinq saisons, de 2002 à 2008, The Wire va ausculter l’Amérique et ses institutions comme aucunes autres séries avant elle. Pourtant le show aura un sucés confidentiel, années après années elle sera même menacé de suppression. C’est avec le temps que The Wire va obtenir une aura culte, par la presse tout d’abord qui publie des critiques dithyrambiques et puis par les avocats et les policiers qui s’y reconnaîtrons, certains même s’en inspirerons au passage. Enfin c’est par le téléchargement et sa diffusion en DVD que cette série trouvera une plus large audience.

Avec la première saison on peut déjà constater que The Wire est un monument du genre. Le concept est au final assez limpide. On y suit une équipe de flics tentant d’arrêter un Caïd de la drogue dans les cités de Baltimore. Là où la série va innover c’est dans son implacable description naturaliste du milieu criminel. Tout fait vrai et on y apprend mille choses. Pourtant cet aspect documentaire est sans cesse contrebalancé par un vrai souffle romanesque. En effet si les personnages sont crédibles, avec leurs défauts, leurs espoirs et leurs doutes, ils sont surtout des figures tragiques. Magnifiquement interprétés il faudrait les citer tous. Avec en tête quand même Dominic West, inoubliable dans le rôle tourmenté mais tellement attachant de l’inspecteur James McNulty. Mais aussi Idris Elba, héro de la série anglaise Luther qui commence une belle carrière au cinéma et Michael k. williams dans le rôle d’Omar. Ce dernier est l’électron libre du show, véritable guerrier urbain il est le seul à ne pas subir le poids écrasant de la société et sera même cité par Barak Obama en personne comme étant son personnage de fiction préféré.

Si la série est aussi « addictive », c’est qu’elle nous offre l’opportunité le temps d’une saison de suivre une enquête de A à Z. Nous partageons le quotidien des flics mais aussi ceux des dealers. (De la petite frappe jusqu’au grand caïd) The Wire fait constamment des allers retours entre ces deux univers qui ne sont finalement pas si éloignés. C’est également le terrible constat de l’impuissance de la justice face à la corruption qui touche toutes les strates de la société. Mais pas seulement car si cette série est autant apprécié de part le monde c’est qu’elle synthétise à la perfection nos questionnements face à une société moderne cloisonné. Impossible de ne pas si reconnaitre à un moment donné. Plus qu’un simple « Cop show » The Wire finit par devenir une saga existentielle d’une telle densité que plusieurs visionnages sont nécessaire pour en faire le tour.

Célébré par les plus grands auteurs américains, décortiqué par les universitaires, The Wire dépasse le cadre d’une simple fiction télévisuelle pour devenir une œuvre essentielle au même titre que certains classiques de la littérature. Alan Moore, le créateur entre autre de Watchmen, From Hell et V pour vendetta (pas n’importe qui donc) disait qu’une fois avoir vu The Wire tout devient bien fade en comparaison.

 

Vous en reprendrez bien encore un peu ?

-L627 : Bertrand Tavernier

-Le prince de New York : Sydney Lumet


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