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Syrie: Radio-Canada «légalement» à Damas ! 2 ans de tractations pour obtenir cette victoire !

Publié le 13 février 2013 par Menye Alain

Tribune Libre de Serge Charbonneau

Marie-Eve Bédard

Marie-Ève Bédard

Mais quelle nouvelle !

Tout à coup, les visas ont été « débloqués » !!!

Étrange pourtant alors que la guerre ne va pas très bien du côté fabuleux des vaillants et «bons» rebelles !

Le «méchant» Assad a « soudainement » octroyé un permis de journalisme à Radio-Canada !!!

Ce simple constat est en soi une nouvelle «MAJEURE» !

Comment est-ce possible que dans tous les bulletins de nouvelles de la SRC on n’ait pas fait la Une avec cette victoire d’être sur place à Damas ???

D’ailleurs, le premier reportage de Mme Bédard à Damas est presque passé inaperçu.

Il faut dire que Mme Bédard, même à Damas, ne nous apprend pas beaucoup, il faut le reconnaître.

Sur le site de Radio-Canada à la section Marie-Êve Bédard, on ne voit même pas ses reportages de Damas affichés !  (On va sûrement corriger la situation suite à cet article.)

Définitivement, comme premier reportage, il aurait été nettement plus important que Mme Bédard nous raconte, directement de Damas, comment se sont déroulées les démarches radio-canadiennes pour obtenir ce fameux visa pour lequel Radio-Canada disait faire des démarches depuis «deux ans».

Deux ans de démarches de la SRC pour obtenir que ses journalistes puissent nous faire «voir» et entendre les Syriens et Syriennes de la rue de Damas et de la Syrie toute entière.

Imaginez, «deux ans» de tractations avant cette victoire «incroyable»: être à Damas avec une caméra !!!

Comment ne pas en faire une nouvelle ???

C’est totalement incompréhensible !!!

Que nous apprend donc Mme Bédard à Damas ?

Pas beaucoup.

Que nous montre donc la caméra de Mme Bédard dans son premier reportage?

Elle nous montre «Madame Bédard» !  Et lors de son second reportage guère plus. On voit cependant que ce qui semble être les rues du camp de Yarmouk sont des rues totalement désertes et dévastées.  On semble nous montrer sur quoi règnent les fabuleux rebelles. Il aurait été utile de nous situer un peu mieux ce qu’on nous montre.

Et la caméra lors de son 3e reportage sert à nous montrer… Mme Bédard.

Nous avons bien sûr l’arrière plan, mais c’est bien peu pour nous renseigner.

Dommage que Mme Bédard n’ait pas connu James Bamber celui qui nous enseignait de faire parler nos images.  James n’avait pas besoin de beaucoup de mots pour nous expliquer ce qu’il nous «montrait» avec sa caméra parlante.

Mme Bédard n’a malheureusement pas connu cette génération de journalistes qui faisaient parler leur caméra (c’est ça le reportage télé: faire parler la caméra).  Mme Bédard nous fait du reportage radio devant la caméra ou alors elle nous montre du pain lorsqu’elle parle du pain.

Lors de son premier «stand-up» à Damas, on peut toujours dire qu’il y a l’arrière-plan !

Effectivement, nous avons cette clôture qui démarque le camp de réfugié palestinien dont les rebelles se sont emparés.

Mme Bédard a tout de même l’honnêteté de dire que beaucoup de ces Palestiniens dont le camp a été envahi, se sont réfugiés de l’autre côté de la clôture, c’est-à-dire dans le centre de Damas, toujours contrôler par ce Assad bien évidemment classé «méchant» dans notre esprit suite aux longs mois de propagande dans ce sens.

Les réfugiés palestiniens se sont en bonne partie réfugiés dans le centre de Damas pour y retrouver une sécurité «relative», dit-elle !!!

Pourquoi «relative» ???

Pourquoi donc ces gens n’ont pas trouvé la sécurité «relative» auprès des bons et vaillants rebelles qui ont l’appui de la «communauté internationale» et qui contrôlent, dit-on, pratiquement toute la Syrie ?

La sécurité est «relative» nous dit-elle et du même souffle elle nous lance que le gouvernement démontre une « obsession » pour la sécurité !  Comme si la chose était « anormale ».  Quel gouvernement ne serait pas « obsédé » par la sécurité après deux ans de terrorisme ?

Il aurait été intéressant d’entendre les gens à l’intérieur du camp ainsi que ceux s’étant réfugiés du côté d’Assad afin de savoir pourquoi les gens ont fui le camp et pourquoi d’autres ont choisi d’y rester ?

Il serait très intéressant que Mme Bédard découvre le Vox-Pop.

Elle nous montre une magnifique file d’attente derrière elle, elle aurait pu avec l’aide d’un interprète, nous faire entendre ce que ces gens ont à dire.

La moindre des choses serait de donner le micro à ces gens qui souffrent du terrorisme et des embargos occidentaux depuis deux ans déjà.

Comment une journaliste professionnelle peut ne pas penser laisser parler les gens ???

Aurait-elle peur de devoir couper au montage la majorité de leur propos pour demeurer conforme à la ligne éditoriale de son employeur (le gouvernement Harper) ?

Que nous apprend Mme Bédard ?

Très très peu.

Ses deux premiers reportages nous disent:

- que la guerre n’est pas drôle.

- que les gens sont fatigués et dans la misère.

- que les gens doivent attendre en file interminable pour obtenir une bouchée de pain.

Ce sont les mêmes trois points qu’on nous avait « appris » lors de son premier passage dans le camp des valeureux et «BONS» rebelles (fin novembre 2012).

La seule différence cette fois-ci avec ses reportages précédents en Syrie, c’est qu’elle ne nous émeut pas avec les portraits touchants des vaillants rebelles. Le volet : « Mohamed était étudiant en littérature avant de prendre les armes ou Mohamed était mécanicien paisible avant de réparer des AK-47 », ce volet est absent.

L’abandon de ce volet redondant présent dans tous les reportages de nos médias occidentaux de masse depuis deux ans démontre que la situation évolue.  Il est devenu gênant de faire l’apologie de ces braves rebelles.  Leur manie de filmer leurs exploits honteux et souvent bestiaux contrecarre le baume que nos braves journalistes leur offraient.

Les stratèges de la communication n’ont visiblement pas pu faire comprendre à ces rebelles «imbéciles et fanatiques» la stratégie visant à les rendre «bons» aux yeux l’auditoire occidental.

Lors de son second reportage , Mme Bédard nous offre des Syriens nous expliquant que tout va mal.

Sans avoir Mme Bédard sur place, on s’en doute bien!

Ce qui serait intéressant de savoir c’est pour qui donc penche le cœur des Syriens et des Syriennes.  Mme Bédard cible mal ses questions.  On le sait bien que ce n’est pas drôle la guerre et les embargos occidentaux, mais qui donc sont les responsables de cette misère pour le Syrien de la rue ?  C’est cela qui est intéressant de savoir.  Et c’est sur ce point qu’une journaliste véritable chercherait à questionner les gens.

Mme Bédard, nous dit que, «bien sûr» du côté de Damas centre-ville, les habitants ont une tendance pour le »méchant» Assad, sa photo est partout !

Lors de ses trois reportages, un point important que la caméra de Mme Bédard nous montre.

Paradoxalement, ce point très «important» passe «totalement» inaperçu.

Que voit-on autour du cou de Mme Bédard ?

Un foulard !

Un élément essentiel pour se balader du côté «rebelle».

Mme Bédard aurait dû nous parler de ce foulard qu’elle a mis sur ses épaules le temps de son «stand-up».

Mme Bédard aurait dû nous dire quand elle devait le porter pour couvrir ses « indécents » (sic) cheveux et quand elle pouvait le retirer.

Cet élément essentiel est un des importants volets de cette guerre.  Les vaillants rebelles, comme le notait d’ailleurs Mme Bédard lors de son passage en Syrie en novembre dernier [1] (sans doute avec la réticence de son chef de pupitre), sont tous «islamiques».  Elle nous disait qu’elle pouvait sentir le degré d’islamisme des différents rebelles.  Une sensation sûrement « inconfortable » et peu rassurante pour une femme.  Le hijab devient alors le salut !  À certains endroits rebelles (comme au Mali), se promener sans hijab, c’est le risque de viol et de mort presque assuré.

Mme Bédard devrait avoir l’honnêteté de bien nous faire voir ce volet important.  Cet enjeu important pour les Syriens et surtout pour les Syriennes. Asma al-Assad, la première dame du Pays ne porte généralement pas de foulard.  Mme Bédard, si elle était une journaliste ayant un peu d’initiative, devrait tenter de rencontrer Mme Assad pour l’interroger, entre autres, sur le volet islamique de cette guerre.

Espérons que Mme Bédard fasse un peu plus parler sa caméra et surtout donne le micro sans censure aux gens sans non plus aller les choisir.

Le coin d’une rue où circulent densément la population est le meilleur endroit pour un Vox pop à la volée.

Espérons que Mme Bédard fasse équipe avec un caméraman qui sait faire parler les images pour nous montrer ce qu’il a sous les yeux et sous le nez.

Bravo à Radio-Canada pour sa présence «légale» à Damas.

Serge Charbonneau

Québec


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