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Murs blancs = peuple muet

Publié le 04 mai 2008 par Maldoror

J'ai pris cette photo sur un des murs de la ville ou je réside en semaine, pour raisons professionnelles.

La mauvaise nouvelle, c'est qu'elle est sur mon téléphone portable, et que je n'ai pas la fonction bluetooth sur mon ordinateur, donc je mettrai la photo dés que possible. J'ai bien fait de la prendre, la photo, parce que le mur a été nettoyé depuis.

Alors, un petit malin, dans un but revendicatif évident, dont la profondeur n'échappera à personne, avait écrit la phrase suivante :

MURS BLANCS = PEUPLE MUET

Le fait d'écrire ceci sur un mur, véhiculait par conséquent le message suivant :

"J'écris sur ce mur, car le peuple doit s'exprimer, et le peuple s'exprime en écrivant sur les murs. Il fait part de ses revendications en utilisant le support qui est à sa portée, et qui est à la portée de tous et de chacun : les murs de la ville".

En gros.

Bon, on pensera ce que l'on veut du message, mais ce qui m'a interloqué, c'est qu'un autre petit malin était passé après le premier, et avait corrigé le tag comme ceci :

MURS BLANCS  MUETS = PEUPLE MUET BLANC

Oh ! Me suis-je dit in petto, voilà qui est malin. L'utilisation de la technique de l'interversion pour inverser le message initial est parfois franchement mauvaise, parfois quelconque. Cette fois, elle était plutôt maligne, car l'auteur de la modification renvoyait comme une gifle à l'auteur initial, sous fond de message raciste, son allégation.

Il voulait dire :

"Ce sont les étrangers, les noirs et les arabes qui salissent les murs de la ville en les taguant. S'il n'y avait que des blancs en France, il n'y aurait pas de tags."

En gros.

Bon, c'est un message raciste classique, rien de bien nouveau, même s'il est navrant de constater que certains individus raisonnent encore comme un coup de marteau dans un tas de sable, ce n'est finalement pas une découverte.

Mais en réalité, ce qui m'a fait réfléchir, et ce qui m'a encouragé à m'arrêter pour prendre une photo de ce tag (patience, je vous le poste le we prochain, peut-être même avant), c'est la seconde interprétation que l'on pouvait faire de cette inscription modifiée, que je vous remets :

MURS BLANCS MUETS = PEUPLE MUET BLANC

Finalement, il est tout à fait possible d'interpréter ce tag autrement :

"Les murs qui demeurent muets sont le symbole d'un peuple qui se tait, d'un peuple sans couleur, sans saveur, sans réactions. Un peuple passif. Blanc comme un linge, pour ne pas dire transparent. Un peuple d'esclaves."

En définitive, interprété comme ça, quel que soit l'ordre dans lequel on place les mots intervertis, le message est le même, et je suis ravi de constater que les deux auteurs de cette oeuvre commune sont finalement d'accords, au fond.

Quant au principe de salir les murs d'une ville en les taguant, je suis plutôt contre, en général. Mais ces temps-ci, il me semble que le peuple a envie de s'exprimer, et puisqu'aucune élection ne se profile pour lui permettre de le faire dans les urnes, il n'est pas déraisonnable de penser que le peuple emploie d'autres véhicules et supports pour faire entendre sa voix à un gouvernement sourd, muet et aveugle, qui est aux commandes d'un engin de démolition et commence par casser tous les acquis sociaux avant de pouvoir construire de la croissance et des banques sur les ruines fumantes encore du code du travail et de la protection sociale.

PEUPLE EGAL, MURS MUETS ?


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