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AREVA : le fiasco du Corps des Mines

Publié le 16 juin 2015 par Observatoiredumensonge

Ce qui ne veut pas dire que nous approuvons.

Corps-MINES

   AREVA : le fiasco du Corps des Mines   

Par Hervé Azoulay

Le géant du nucléaire AREVA a annoncé une perte gigantesque pour l’année 2014, qui devrait se situer autour de 4,9 milliards d’euros. A cette perte s’ajouteront les 2,4 milliards d’euros perdus en 2011, c’est-à-dire plus de 7 milliards d’euros que le contribuable doit combler, d’une façon ou d’une autre! Il y aura également une suppression de 3000 à 4000 emplois en France ! 

Ce contexte financier place AREVA en situation de faillite. Ce groupe est détenu à plus de 80% par l’État, considéré comme d’intérêt stratégique et emploie environ 45 000 salariés, dont 29 000 en France. Il est dirigé depuis son origine par différents membres du Corps des Mines. Ce sont eux qui ont fait croire aux citoyens français que les nuages de Tchernobyl ne traversaient pas les frontières ! Le fait d’être juge et partie ne leur pose manifestement pas de problèmes !

areva panic

Cette caste fait peser un réel danger sur notre société dans un pays où les sinistres à plusieurs milliards d’euros restent non sanctionnés. Le poids des Grands Corps dans la société française n’a pas d’équivalent dans d’autres pays industrialisés. Nous continuons en France à privilégier cette caste pour garnir les cimes des organigrammes.

Le destin du Corps des Mines est lié au Ministère de l’Industrie. Il a été le concepteur de la centrale Superphénix qui a coûté plusieurs milliards d’euros au contribuable, pour devenir finalement un cadre expérimental dédié à la recherche avant son démantèlement !

Lorsqu’il s’agit   de   construire des routes, des centrales, de réaliser de grands projets, de grands barrages, alors l’argent public coule à flots, rien n’est trop beau pour la grandeur de la France ! Maintenant le Corps des Mines se grippe comme une vieille mécanique et assiste impuissant à la disparition de ses territoires naturels. Tous les   jours nous accumulons les preuves irréfutables de son incompétence à gérer l’argent public, faire émerger des innovations et à partager un sens commun à l’action. Nous comprenons pourquoi ces Grands Corps encouragent la sélectivité interne. La loi des petits nombres fait leur force et maintient l’idée d’une hiérarchie sélective. C’est toujours cette logique de sélection qui pousse au corporatisme et élève des barrières intangibles entre les Corps. L’épreuve d’initiation subie, on appartient à jamais à un monde clos sans jamais remettre en cause son statut.

Loin d’être le temple du génie achevé, le Corps des Mines, rattaché au Ministère de l’économie et des finances, est une véritable hiérarchie militaire à plusieurs piliers : le Conseil Général des Mines, l’Ecole des Mines de Paris, le Syndicat des ingénieurs des Mines et l’Amicale. Le Conseil Général des Mines a plusieurs missions : il contrôle la direction de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement et réalise des rapports d’enquêtes pour les pouvoirs publics. Il dispose d’un service de gestion des carrières des ingénieurs et agit officieusement, bien que cela ne fasse pas partie de sa mission, en tant que bureau de placement de ses membres dans le privé.

L’appartenance au même clan et tout ce qui confère à l’ancienneté des traditions, la solidarité des anciens élèves, le réseau pour conquérir les places, contribuent à repousser les problèmes de société et le changement par l’existence et la cooptation au sein d’un même clan. L’élite descend de l’élite et seuls les enfants de mandarins connaissent les codes secrets pour franchir les barrières du pouvoir. C’est notre système élitiste qui, avec le temps, a dévié de ses objectifs. On naît donc membre de cette élite plus qu’on ne le devient. L’aristocratie du mérite cache mal la noblesse héréditaire et pour cette élite il y a de bonnes places à prendre et chacun fait valoir son titre. Au premier rang les grands Corps, autrement dit les ducs, les marquis, les comtes et les simples barons. Les heureux élus seront choisis dans leurs rangs.

Tous ces Grands Corps ont des avantages particuliers, leur indépendance statutaire les autorise à ne travailler que s’ils le désirent et à utiliser leur temps à leur gré en bénéficiant du privilège de la garantie d’une carrière linéaire. L’individu n’est rien sans son Corps : sa promotion, son prestige, ses marques de statuts, son pouvoir, ses réseaux en dépendent. Quant au « pantouflage », il consiste à geler le poste pendant l’indisponibilité de l’un d’entre eux qui préfère momentanément faire de la politique ou administrer une grande entreprise. Même en cas d’échec dans ses nouvelles fonctions, celui-ci est sûr de retrouver son confortable poste avec son titre et ses attributions. On peut aisément imaginer le choc psychologique ressenti par le personnel d’une entreprise comme AREVA lorsqu’un dirigeant parachuté à son poste annonce qu’il va procéder à des licenciements alors que lui-même bénéficie de la sécurité de l’emploi. On peut demander au personnel d’AREVA ce qu’il en pense !

Tous ces artifices ne suscitent pas une élite au courage à toute épreuve. Dans ce beau monde consanguin, de nombreux dirigeants issus de cette élite siègent dans plusieurs conseils d’administration, se répartissent les postes pour que personne ne soit lésé, fréquentent les mêmes endroits huppés, échangent des informations, postulent aux mêmes distinctions, font courir des bruits dans des lieux où l’argent mesure les degrés de la réussite. Chacun se rend des petits services, se renvoie l’ascenseur et cela devient très vite une pratique courante.

Aujourd’hui, nous avons besoin de dirigeants capables de battre leurs concurrents sur leur propre terrain et non pas d’une caste franco-française qui a fait toute sa carrière en dehors du champ d’application de la concurrence. De ce fait, nos écoles élitistes, où se recrutent tous nos grands décideurs politiques et économiques, sont en passe de devenir des chefs d’oeuvre en péril.

Cette situation est révélatrice de la crise et de l’urgence de la réforme de cette caste franco-française  qui nous enfonce chaque jour un peu plus et qui confond l’intérêt général et son intérêt en général. Nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre, il faut desserrer son emprise en supprimant les Grands Corps de l’État (Techniques et Administratifs) et intégrer l’ENA et Polytechnique ainsi que les écoles qui les distillent dans une nouvelle structure : la grande réforme de l’Université.

Hervé Azoulay

Azoulay

Hervé AZOULAY a été dirigeant dans de grands groupes internationaux, co-fondateur de plusieurs entreprises innovantes, Business Angel, fondateur d’un des premiers réseaux de Business Angels en France, Président d’un fonds d’investissement, intervenant dans de grandes écoles et à l’université en France et à l’étranger, auteur de nombreux ouvrages et de tribunes dans la Presse.

*** Attention ce texte est une TRIBUNE LIBRE qui n’engage que son auteur ***

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