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SDF « par choix »?

Publié le 15 février 2018 par Observatoiredumensonge

SDF « par choix »?

Un député macroniste a dit que " l'immense majorité des SDF dorment dans la rue par choix. " Ce sont des propos scandaleux!

SDF « par choix »?
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Par Maxime Tandonnet

SDF « par choix »?
Un député issu du " renouvellement " de 2017 déclare que " l'immense majorité des SDF dorment dans la rue par choix. " Il parle ainsi d'hommes et de femmes qui sont de grands naufragés de la vie, ont sombré à la suite d'un malheur personnel, perte de leur emploi, maladie, addiction, séparation, rupture familiale, ou deuil. Ces paroles sont le fidèle reflet d'une partie du monde politique, issue de la recomposition, des hommes et femmes qui s'ébattent dans un monde virtuel, celui où ils vivent, et ne cessent de s'enfoncer dans une logique de déni de la réalité. Ces mots ont un côté table rase. Ils ont pour effet d'évacuer des choses qu'ils ne veulent pas voir tant elles les terrifient, contrastent avec le petit cocon narcissique dont ils s'enrobent. Par choix, la solitude? Par choix, le froid et la faim? Par choix, les nuits glacées? Par choix, les matins sans espoir? Par choix, la violence de la nuit? De tels mots sont l'expression parfaite de la fuite d'une petite caste devant le monde des réalités. Ils m'ont fait penser à ce Monsieur de la soixantaine qui vivait sous une tente du bois de Vincennes, mort il y a quelques années par grand froid dans l'explosion de son réchaud à gaz. Ils illustrent à merveille la perte de sens de la politique, en principe au service des hommes et des femmes, du bien commun. Pour tout dire, ils ne sont pas dignes du Parlement français, ni de la démocratie. Ils sont le fruit d'un système à bout de souffle. La démocratie est censée faire émerger des hommes et des femmes de talent, de bon sens, dévoués à l'intérêt général. Détournée, dévoyée, elle produit tout le contraire, un mélange de nullité prétentieuse et de vanité stérile. La grande déflagration politique de 2017 aurait pu déboucher sur un progrès. Elle a engendré le pire. La démocratie française est à refonder, à repenser de fond en comble

Maxime Tandonnet

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Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...

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Les Républicains viennent de remporter les deux élections législatives partielles de Belfort, et du Val d'Oise, avec respectivement 59% ds voix et 51,5%, contre le candidat de LREM. " Une belle victoire pour notre famille politique " déclare l'un des nouveaux députés LR.
Le résultat de dimanche est en effet révélateur de plusieurs phénomènes. Il consacre l'effondrement du PS et la chute du FN, permettant ainsi à LR de se positionner en première force d'opposition. Il souligne également la situation précaire de l'équipe au pouvoir. Dans un contexte officiel et médiatique dominé par l'optimisme, le culte du renouveau, de la recomposition, ces résultats tombent comme un pavé dans la mare. Ils expriment, ni plus ni moins, une lassitude prématurée de l'opinion envers la fuite du politique dans le virtuel - culte de la personnalité, postures, images, annonces, fausses réformes tonitruantes dans tous les domaines - au détriment du monde des réalités, du quotidien et de la préoccupation - ou la souffrance - des Français. A ce rythme d'usure du pouvoir, la glissade des 4 années et demi à venir s'annonce vertigineuse et lourde de menaces d'explosion.
Pour autant, nul ne saurait jubiler. De longues séries de victoires aux législatives partielles, de 2012 à 2017, n'ont pas empêché les Républicains de se fracasser en 2017. Avec le système du présidentialisme à outrance, la vie démocratique est asservie au moindre scandale, manœuvre, manipulation et autre coup médiatique. Mais surtout, ces résultats, s'ils dénotent le rejet du pouvoir en place, ne manifestent guère d'enthousiasme pour une solution de recours. Le taux d'abstention est considérable: 74% à Belfort et 80% dans le Val d'Oise. Comment le nier et fermer les yeux sur la faiblesse de la participation? Ce taux d'abstention dénote que la défiance des Français envers la politique ne cesse de s'aggraver. Le vrai vainqueur, c'est l'indifférence: 80%!
Le sondage CEVIPOF sur la confiance des Français, vague 9, janvier 2018, en témoigne. A l'issue d'une année électorale à l'aune de la " transformation ", il souligne que rien n'a changé en profondeur: le matraquage généralisé autour de " l'optimisme " et de la " table rase " laisse les Français de marbre. 33% d'entre eux font confiance à " l'institution présidentielle " (-1); 29% à l'Assemblée nationale (-13); 32% à l'Union européenne (-6). L'image des partis politiques ne cesse de se dégrader. Ils sont l'institution la plus impopulaire: 9% de confiance (-2)! Moins de 10% des Français font aujourd'hui confiance aux partis! 83% des Français pensent que les responsables politiques " ne se préoccupent pas de ce que pensent les gens comme eux " (économie, social, autorité, immigration, sécurité...) La politique inspire aux Français : 39%, de la méfiance; 25% du dégoût; 11% de l'intérêt, 9% de l'ennui... Au total, 76% de perception négative et 22% de positive.
La fracture démocratique, le fossé entre la nation et ses milieux dirigeants, continue à s'aggraver par delà le " séisme " politicien de 2017. Le fond du sujet ne tient pas à telle ou telle performance électoraliste du jour. Il est tout entier dans la nature même de la politique et de la démocratie telle qu'elle est pratiquée. La personnalisation médiatique du pouvoir à outrance, la plongée de la vie politique dans l'ivresse de la communication, le carriérisme narcissique sous toutes ses formes, le mépris des gens, du peuple - de ce qu'il pense et de ce qu'il veut - l'hallucinante débauche du " faire-croire et laisser-penser ", la négation permanente du monde des réalités, l'obsession de la réélection et de l'image personnelle, au détriment de l'intérêt public, voilà tout ce que les Français, au-delà des hommes et des majorités, ne supportent plus.
La politique est à réinventer de A à Z, autour du Bien public, de la vérité, du rejet viscéral de tout excès de personnalisation du pouvoir, de la modestie, de la discrétion, de la mobilisation des énergies autour d'une ambition collective, de la volonté et de la fermeté dans la mise en oeuvre des décisions démocratiques, de la supériorité de la chose publique - res publica - sur toute forme d'intérêt personnel, matériel ou de vanité. La question n'est pas de " transformer " la France, formule excessive qui dénote une fuite du monde des réalités dans l'esbroufe, mais de substituer l'action en faveur de l'intérêt général à la provocation, aux calculs intéressés et à la manipulation. Et tant que cette prise de conscience du profond malaise politique de la France ne viendra pas, comme enfouie dans les sables de l'aveuglement, rien de solide ne se fera jamais, quels que soient les hommes et les majorités.

Maxime Tandonnet

SDF « par choix »?
Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...

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