Au sortir d’une enfance massacrée,
célibataire, noire et alcoolique, Ami Kodjo aurait pu devenir une grande voix
du jazz, à l’instar de Dinah Washington ou Shirley Horn.
Hélas, elle était affligée d’une
inculture crasse et de la voix de crécelle zézayante de Lina Lamont, l’actrice
infecte du cinéma muet dans Chantons sous la pluie.
A vingt ans, elle choisit de passer
un BTS action commercial où elle fut comme de bien entendu recalée à l’oral.
Hors d’elle et passablement éméchée, elle claqua la porte de
la salle d’examen devant les candidats éberlués qui piétinaient dans le couloir
et hurla la réplique de son actrice fétiche : « ze les hais, ces zhommes ! »