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Balzac, et Catherine de Médicis...

Publié le 15 juin 2019 par Perceval

Au cours d'une soirée chez la duchesse d'A. Charles-Louis de Chateauneuf participait au souper, lors de la seconde partie de soirée qui ne regroupe que quelques intimes, et quelque visiteur qui honore l’hôtesse de sa visite …

Balzac, et Catherine de Médicis...

Ce soir là, il y a Balzac ( comme habitué) ; et comme visiteuse, une jeune femme, célébrée pour son intelligence, sa culture et sa beauté, - et qui va impressionner Charles-Louis -, la toute jeune épouse du comte de Medina Pomar bien plus âgé qu'elle et qu'elle vient d'épouser …

Maria de Mariategui, est la fille d'un noble espagnol marié à une anglaise petite fille du Comte de Northampton...

Balzac, et Catherine de Médicis...
Maria Mariategui, peint par Winterhalter

Maria de Medina Pomar se dit attirée par l'étude de l'occulte.

Ce soir là, elle questionne Balzac, sur son ouvrage à propos de Catherine de Médicis... Elle s'étonne qu'il ait pu s’intéresser à cette figure noircie par sa légende qui la tient responsable du massacre de la Saint Barthélémy.

Pour Balzac, au contraire : « Catherine de Médicis, a sauvé la couronne de France ; elle a maintenu l’autorité royale dans des circonstances au milieu desquelles plus d’un grand prince aurait succombé. »

La comtesse plaisante l'auteur, qu'il ait pu s’intéresser à cette femme qu'il dit n'avoir eu « aucune des faiblesses de son sexe, qui vécut chaste au milieu des amours de la cour la plus galante de l’Europe »... !

Balzac rit de bon cœur, et reconnaît que son intérêt, ici, n'était pas tant Catherine, que … l'alchimie … ! C'est un comte philosophique, ajoute t-il...

Balzac, et Catherine de Médicis...
Mary Stuart

Cette discussion devient alors passionnante pour Charles-Louis... Non pas du fait des positions légitimistes de Balzac, encore moins pour sa défense de la religion catholique … Mais, parce qu'après avoir reconnu les goûts de chacun pour le roman historique, et Walter Scott... Maria se dit passionnée par l'histoire de l'Ecosse, et fascinée par le personnage de Mary Stuart...

Maria de Medina Pomar se dit touchée par le portrait de Balzac, qu'il fait de la petite Mary toute jeune épouse et amoureuse de François II … Elle se demande comment il peut défendre une mère qui fait passer ce qu’elle estime être les intérêts de l’État avant la vie de son propre fils... Elle s’oppose à ce qu’Ambroise Paré soigne François II sur son lit de mort : elle laisse son fils mourir parce qu’elle sait que ce sera le seul moyen de le soustraire à l’influence de Marie Stuart et des Guise.

Balzac reconnaît que cette femme était manipulatrice, qu'elle a divisé pour régner... C'est pour cela que dans la dernière partie de son texte, Catherine apparaît en rêve à un personnage mystérieux plus de deux siècles plus tard... pour se justifier d'avoir autorisé le massacre de la Saint Barthélémy.

Ce personnage va s'avérer être … Robespierre.. ! Ses actes sous la Révolution donnent-ils raison à la morale politique appliquée par la reine mère... ?

Maria, toujours avec beaucoup d'humour ; constate que Catherine conseille une politique qui va aboutir à la mort de Louis XVI … et donc à la fin de la monarchie … ! Mais peut-être, aujourd'hui, en ce début de la deuxième moitié du siècle, choisirait-il une autre position... ?

Maria propose au grand écrivain, de mettre son talent à défendre la cause de Marie Stuart ; sacrifiée elle aussi à la raison d'état par la ''Reine vierge''

Balzac, et Catherine de Médicis...
Tombeau de Marie Stuart à Westminster

Maria semble bien connaître la double reine de France, et d’Écosse : Marie Stuart (1542-1587) qui connaît la poésie, Pierre de Ronsard, en particulier. En mai 1555, elle donne un discours en latin devant la Cour où elle affirme qu’une éducation dans les lettres et les sciences humaines est adéquate pour une femme. Ces années qu'elle vécut en France ( de 1548 à 1560) furent les plus heureuses de sa vie mouvementée...

A dix-huit ans, veuve, elle revient en Ecosse, qu’elle a quittée, rappelons-le, alors qu’elle n’avait que six ans...

Avant sa mort sur le sinistre échafaud de Fotheringay ; Marie Stuart, pendant sa captivité, avait adopté une devise énigmatique : « En ma fin est mon commencement ».

La conversation continue à propos de Swedenborg, que la plupart autour de la table considèrent comme le précurseur de temps nouveaux... Ce siècle, avec ses découvertes scientifiques et le libéralisme de la pensée devrait permettre l'éclosion d'une nouvelle société plus sociale, plus égalitaire, plus spirituelle … !

Balzac, et Catherine de Médicis...

Monsieur de Balzac revient à Catherine de Médicis, et par ses dons de conteur, retient l'attention de tous...

A l’époque de Catherine, - selon le Journal de P. de l’Estoille – on comptait pas moins de 30.000 alchimistes, astrologues et devins pour la seule agglomération de Paris.

Dès son plus jeune âge, elle avait été témoin des prédictions d'un certain astrologue : Gauric, en particulier celle de la date précise de la mort du pape Paul III le 20 novembre 1549. Prédire dès 1493, à Jean de Médicis, son grand-oncle, âgé alors de quatorze ans, qu’il serait un jour Souverain-Pontife. En effet, vingt ans plus tard, en 1513, Jean de Médicis coiffait la tiare sous le nom de Léon X.

Balzac, et Catherine de Médicis...
Catherine de Médicis et Diane de Poitiers

Le pape Clément VII, tenait à unir sa nièce au Dauphin de France. Il vint lui-même à Marseille, y resta trente-quatre jours, patientant jusqu'à que sa jeune parente lui offrit les preuves visibles de la consommation, car, à quatorze ans, elle était nubile... Il bénit cette union complétée dans un lit qui avait coûté quelques soixante-mille écus et achevée, dit la chronique, sous les yeux même de François 1er, « ledit Seigneur Roi se réjouissant très fort des esbattements du petit couple ».

Malgré les mots du pontife, qui assurait que « A figlia d’inganno, non manca mai la figliuolanza : A fille d’esprit, la postérité ne manque ». Il fallut attendre dix ans pour que la postérité vint...

C'est qu'à cette époque, son mari avait pour élue de coeur, depuis longtemps déjà, la duchesse de Valentinois, Diane de Poitiers....

Balzac, et Catherine de Médicis...

Catherine n'était pas belle, mais « elle est royne sur toute sa personne »... Elle attache à sa personne jolies femmes et jeunes seigneurs, tant et si bien que, nonobstant sa laideur, elle ne fut pas si chaste … on lui attribue plusieurs aventures. « La Cour de Catherine, écrit Brantôme, étoit un vray paradis du monde. On y voyoit reluire les dames comme étoiles en temps serein ».

Enfin, Balzac assure que Catherine – quand elle ne fait pas de politique - se livre à la pratique de la magie... Elle fait venir d'Italie, son astrologue et alchimiste Cosme de Ruggieri, dont la vie est un véritable roman d’aventures... Elle porte sur elle, bague et amulettes... D'ailleurs, une proche de Catherine, Léonora Galigaï, maréchale d’Ancre, comparaîtra en 1617, pour crime de sorcellerie.


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