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Fin d'un monde – samedi 1er août 1914 -1-

Publié le 10 septembre 2020 par Perceval

Ce samedi 1er août 1914, dans l'après-midi le monde d'Anne-Laure de Sallembier a basculé, en même temps de celui de beaucoup d'autres...

Fin d'un monde – samedi 1er août 1914 -1- 'Le populaire du centre' - le samedi 1er août 1914

Jusqu'à présent, nous retenions de l'actualité : - le retentissant procès d’Henriette Caillaux, qui avait tiré, sur le directeur du Figaro, Gaston Calmette (et l’avait tué), en mars de la même année. Elle est acquittée le 28 juillet, mais le scandale a empêché son époux d’être nommé président du Conseil qui aurait appelé Jaurès au gouvernement, - les guerres des Balkans, et même la veille, - l'assassinat de Jaurès... Mais, Anne-Laure croyait encore à l'intelligence, à la paix...

Comme écrit Colette – alors à Saint-Malo - après avoir appris la mobilisation : « La guerre ? Jusqu’à la fin du mois dernier, ce n’était qu’un mot, énorme barrant les journaux assoupis de l’été. La guerre ? Peut-être, oui, très loin, de l’autre côté de la terre, mais pas ici…

C’était la guerre ; dans Saint-Malo, où nous courions chercher des nouvelles, un coup de tonnerre entrait en même temps que nous : la Mobilisation Générale.

Comment oublierai-je cette heure-là ? Quatre heures, un beau jour voilé d’été marin, les remparts dorés de la vieille ville debout devant une mer verte sur la plage, bleue à l’horizon… Et du milieu de la cité tous les vacarmes jaillissent à la fois : le tocsin, le tambour, les cris de la foule, les pleurs des enfants… on se presse autour de l’appariteur au tambour, qui lit ; on n’écoute pas ce qu’il lit parce qu’on le sait. Des femmes quittent les groupes en courant, s’arrêtent comme frappées, puis courent de nouveau, avec un air d’avoir dépassé une limite invisible de l’autre côté de la vie. Certaines pleurent brusquement, et brusquement s’interrompent de pleurer pour réfléchir, la bouche stupide. Des adolescents pâlissent et regardent devant eux en somnambules. » Les Heures longues

Fin d'un monde – samedi 1er août 1914 -1-
1er août 1914, animation à 5 h 1-2 du soir

Jusqu'alors, l'actualité côtoyait de passionnants mouvements de fond du ''Progrès'', au rythme des changements industriels, scientifiques et culturels...

Paris en 1914, c'était à côté des policiers portant épée, et des soldats au pantalon rouge, des femmes élégantes aux robes moulantes et chapeaux arrondis, des messieurs la moustache finement taillée.

Sur le boulevard Haussmann, les Galeries Lafayette inaugurent leur nouveau magasin ( Oct 1912) : cinq étages, des balcons et une grande coupole, pour attirer les ''midinettes'', ces jeunes femmes qui se privent de déjeuner pour courir aux Galeries, se contentant d'un encas très rapide, une"dinette"...

Fin d'un monde – samedi 1er août 1914 -1-

Paris en 1913, ou14, c'est encore la performance flamboyante du ''Sacre du Printemps'' des Ballets Russes de Diaghilev et l'inauguration du Théâtre des Champs-Elysées de l'architecte Auguste Perret

L'aviateur Roland Garros réussit la première traversée de la mer Méditerranée, qu'il effectue le 23 septembre 1913 à bord d'un monoplan...

A Paris, banlieue nord et nord-ouest, se côtoie le monde des constructeurs automobiles ( 150 marques différentes), comme Delaunay-Belleville fabriqué des limousines pour le tsar Nicolas de Russie. 1000 films sont produits chaque année, réalisés par des noms encore connus aujourd'hui comme Gaumont et Pathé... etc...etc

Charles Péguy reconnaît : « Le monde a plus changé au cours des 30 dernières années que depuis toujours depuis Jésus-Christ. »

Après l'incident d'Agadir, le renforcement de l'armée avec la durée du service militaire de deux à trois ans... Quelqu'un comme Jaurès pressentait le pire, et tentait de mobiliser le prolétariat de toutes les nations à s'unir contre la guerre.

N'est-ce pas au nom de la Raison, que la France s'avance républicaine... ? Au nom toujours de la Raison, que le patriotisme valorise l'école, et l’expansion coloniale... Chacun peut s'améliorer...

Fin d'un monde – samedi 1er août 1914 -1-

L'Ordre de mobilisation générale est tombé comme un couperet... Vers cinq heures, la rue s'emplit d'hommes, ils s’accostent sans se connaître, s’interrogent.. L’anxiété augmente, on s’attend d’un moment à l’autre à de graves dépêches.

L'affiche du 1er août 1914 appelle 3,8 millions de réservistes à rejoindre les 800.000 soldats déjà en service actif.

On se dit qu'il ne s'agit que de la mobilisation … pas de la guerre …

Dès le lendemain, les affiches officialisent la mobilisation générale pour les hommes de 20 à 38 ans. Ils doivent se rendre dans les casernes indiquées sur leur livret militaire. Et le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France.

Très vite, on commence à retirer de l'argent des banques et à stocker de la nourriture. Spontanément, quelques manifestations patriotiques expriment le sentiment d'avoir à se défendre contre une agression...

Anne-Laure, les larmes aux yeux, avec Lancelot parcourent les boulevards. Le soleil est radieux, surgissent les fleurs aussi belles, et même le chant des oiseaux, comme s'il s'agissait d'une simple promenade...


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