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Éducation nationale : historique d’une débâcle

Publié le 12 février 2024 par Observatoiredumensonge

L’égalité absolue

Mais tout cela était trop simpliste, archaïque et pas assez idéologique. Alors vinrent les pédagogues novateurs. Porteurs d’un dogme d’inspiration maoïste, ils décrétèrent l’égalité, mais non pas l’égalité à partir des capacités de chacun, l’égalité absolue. C’est-à-dire que chaque élève pouvait apprendre n’importe quoi, pourvu qu’on lui ait appris à apprendre. Ainsi l’ancien cancre, devenu élève en difficulté, allait devenir le centre de toutes leurs préoccupations. Car ils ne comprenaient pas qu’en dépit de tous leurs efforts, et pendant que l’ancien bon élève s’ennuyait et n’apprenait plus grand-chose, cet élève n’arrivait jamais à rien, sinon à se faire suer sagement en classe ou, quelquefois, à chahuter et casser les pieds à tout le monde. Et même s’il suppliait qu’on le laissât devenir plombier, maçon, électricien, menuisier ou commerçant (métiers honnis et devenus tabous), on l’obligeait à subir le supplice du collège jusqu’à seize ans. Car en fait, ces maoïstes de la pédagogie avaient gardé les vieux préjugés bourgeois et, pour eux, il fallait que tout élève devînt ingénieur, professeur, médecin, chercheur ou avocat.

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Donc, la cause était entendue. À la fin des années 70, on créa le collège unique qui, au nom de l’égalité des chances, allait pénaliser les enfants des milieux populaires. On y fit entrer de force tous les élèves dans des classes dites hétérogènes où ils bénéficiaient d’une pédagogie différenciée et créaient eux-mêmes leurs parcours de savoirs. On se demande d’ailleurs comment, puisqu’un enfant ne peut vouloir apprendre ce dont on ne lui a jamais parlé. Mais nos apprentis sorciers de la pédagogie, sous la conduite du professeur Meirieu, théoricien, docteur en sciences de l’éducation, poursuivirent leur travail de refondation avec l’aide active de leurs amis socialistes et syndicalistes et l’aide passive et lâche de leurs ennemis républicains, qui de toute façon mettaient leurs enfants dans le privé.

Donc, on fit un collège de plus en plus unique, et inique, où l’on pouvait entrer sans même savoir lire et écrire, et un bac pour tous que 60, 70, 80 et jusqu’à 95 % des élèves finirent par obtenir. La notation devint une punition traumatisante et la punition une méthode rétrograde. Et comme cela ne fonctionnait pas, on abaissa le niveau d’exigence, on remonta les notes, on les étira à l’infini, on admit les fautes d’orthographe, les charabias informes, les copies pleines d’inepties, les insultes, devenues incivilités, mais l’on avait enfin 95 % de bacheliers.

La fabrique du crétin

Et comme les universités étaient saturées, on créa Parcoursup. On tirait d’un ordinateur l’endroit où chacun irait faire ses études, avant d’aller faire la mise en rayon au supermarché. Et lorsqu’une crise éclatait face à tant de dysfonctionnements, on appelait Meirieu sur France Inter et ce Trissotin de la pédagogie expliquait qu’il n’y avait pas encore assez de pédagogie et qu’il fallait faire un peu plus ce qu’on faisait et qui ne marchait pas et l’on continuait.

Et c’est ainsi qu’en moins d’un demi-siècle, l’enseignement public est devenu une sorte de zoo où l’on n’apprend plus rien et où à l’indiscipline des élèves répond l’absentéisme et la pénurie de professeurs, lassés de voir que le plus beau métier du monde est devenu un métier de con. Et en sortant de ce système qualifié de « fabrique du crétin », tout reste à faire.


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