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1958 - Pierre Pflimlin – 1 -

Publié le 28 février 2024 par Perceval

Fin 1957 : Lancelot se désole, rattaché au cabinet de la présidence du Conseil, il assiste à la chute du gouvernement et à la nomination d'un nouveau président, qui ne tiendra pas plus longtemps que les autres. Renversé le 15 avril 1958, le gouvernement reste vacant pendant un mois... !

1958 Pierre Pflimlin
France-Soir - 6_Janvier_1957 - Alger

Précédemment, ce sont les événements du 8 février 1958 qui vont entraîner la chute du ministère. Des avions français sont entrés dans le territoire tunisien, bombardent Sakhiet Sidi Youcef, un jour de marché et causent la mort de 75 civils. Cette action dirigée contre le FLN, est réprouvée internationalement.

Le monde politique semble se défausser en démissionnant l'un des siens, devant chaque décision prise. Les partis : Radical, SFIO, et MRP à vocation gouvernementale s'affaiblissent ; chacun semble choisir la politique du pire, jusqu'à la déstabilisation d'un système qui n'en peut plus....

En ce mois de mai 1958, Lancelot craint même, une exploitation de cette crise de la part des milieux poujadistes, et de l'extrême droite.

Georges Bidault, partisan de l'Algérie française, n'est plus soutenu par son parti, le MRP, pour former un gouvernement. A son tour, René Pleven, qui prône une réforme de la Constitution, tente l'Union nationale et bute sur la question de l'Algérie, avec le refus du parti Radical.

1958 Pierre Pflimlin

Début mai 58, de Gaulle est satisfait que le chef de l'Etat - en toute discrétion - ''s'informe de ses intentions''. Il répond qu'il ne demande qu'à être officiellement sollicité.

Aussi, c'est une surprise d'apprendre, le 12 mai 1958, que le président Coty fasse appel au MRP Pierre Pflimlin (1907-2000) pour former le gouvernement.

Dès le lendemain, cet appel à un politique qui ne cachait pas qu'il était prêt à dialoguer avec le FLN, met le feu aux poudres parmi les partisans de l'Algérie française, et parmi les militaires.

Mardi 13 mai, Alger est appelé à manifester au prétexte de la mémoire de trois militaires du contingent tués par les fellaghas. Les gaullistes, les partisans de l'Algérie française, et même l'extrême droite, comptent profiter de cette occasion.

1958 Pierre Pflimlin
Alger 13 mai 1958

A Alger, dès 13heures l'activité de la ville s'interrompt. Des émeutiers prennent d'assaut le Gouvernement général ( CG), avec la complicité de l'armée. Un Comité de Salut public, formé d'officiers et présidé par le général Massu, exige la constitution à Paris d'un gouvernement de Salut public . Au balcon du CG, le général Massu lit le communiqué suivant :

" Nous apprenons à la population d'Alger que le gouvernement d'abandon de Pflimlin vient d'être investi (.. ) par suite de la complicité des voix communistes... Le comité supplie le général de Gaulle de vouloir bien rompre le silence en s'adressant au pays, en vue de la formation d'un gouvernement de Salut Public qui, seul, peut sauver l'Algérie de l'abandon " .

Le gouvernement Pflimlin est investi vers deux heures du matin du 14 mai avec 274 voix ( les communistes s'abstiennent) , et 129 contre (de la droite).

Pierre Pflimlin, se sachant le dernier recours de Coty, ne songe pas à se dérober. Sa préoccupation première n'est pas de mettre fin à la guerre d'Algérie, mais de réformer la Constitution. Il a partagé les vicissitudes de la IVe République, et souffert de cette instabilité gouvernementale.

Le nouveau président du conseil a réussi à convaincre Guy Mollet (SFIO) de l'accompagner, mais a tenté en vain d'obtenir le concours de M. Antoine Pinay.

1958 Pierre Pflimlin
Pierre Pflimlin (1907-2000)

Lancelot, écœuré par la politique songeait à démissionner d'un poste qu'il juge de plus en plus sans objectif, et sans intérêt. Seulement, quelques jours après l'installation du nouveau Président du Conseil, Lancelot est convoqué; ils se connaissent ' de vue' depuis longtemps, Pflimlin ne lui cache pas l'avoir reconnu, en effet, ils étaient tous deux à Vichy, tous deux travaillant alors au Secrétariat Général de la Jeunesse. Pierre Pflimlin y était, en1940-41 et pendant neuf mois, le chef de bureau de la propagande.

Sur ces expériences passées, va s'établir entre eux une connivence, pendant ces quelques mois. Le président demande à Lancelot de ne jamais évoquer avec d'autres personnes cet épisode passé, et il s'empresse d'affirmer que l'antisémitisme est depuis toujours, " un sentiment qui m'est étranger ".

Pierre Pflimlin est républicain,'' démocrate chrétien'' (MRP), ancien partisan de la CED, européen convaincu. Avec '' ses yeux d'acier '' il semble bien rigide, il n'est pas homme à faire paraître ses émotions.

Pour beaucoup, le Comité de salut public de Massu ( couvert par Salan) est qualifié de ''factieux '' ; pourtant, Pfimlin, confirme les pleins pouvoirs de Salan.

Le nouveau président du conseil, n'ignore pas que les partisans du Général, tentent le coup de force. De Gaulle, reste ambigu et souffle le chaud et le froid.

Mauriac réagit : " Nous espérons toujours en de Gaulle, mais non en un de Gaulle qui répondrait à l'appel d'un Massu. Puisse-t-il ne pas dire un mot, ne pas faire un geste qui le lierait à des généraux de coup d'État. "


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